La Saga Dorothée > Rencontre avec Ariane
Le Club Dorothée, c’était aussi son club ! Ariane a joué à la bonne copine pendant dix ans, aux côtés de Dorothée, entre sardiniers et arbres à poulets rôtis. Quand elle revient sur ses années TF1, Ariane sait être sincère en se confiant sans langue de bois à Toutelatele.com...
Joseph Agostini : Comment a commencé votre collaboration avec Dorothée ?
Ariane Carletti : Sept ans avant le Club, j’avais remplacé Dorothée au pied levé dans Récré A2, le temps d’un tournage. Jean-Luc Azoulay s’en est souvenu et m’a rappelée quand il a rejoint TF1, en 1987. Jusque-là, j’étais comédienne et n’intervenais que ponctuellement dans les comédies musicales de Dorothée. Loin de moi l’idée de devenir une animatrice !
Pourquoi vous a-t-il choisie à votre avis ?
Parce que j’étais brune et qu’elle était blonde ! (Rires) A mon avis, c’est aussi simple que ça ! A l’époque, on ne savait pas qu’on allait signer pour dix ans ! A partir de là, je n’ai plus pu faire autre chose... Même si je ne gagnais pas aussi bien ma vie qu’on pouvait le croire ! Au départ, Corbier et moi étions beaucoup moins payés que Jacky et Patrick, considérés plus importants que nous. Quant à Dorothée, elle était la seule à avoir un contrat avec TF1 ! J’ai progressivement abandonné la scène, dû refuser des festivals pour me consacrer à l’émission.
Dorothée était-elle une business woman avertie ?
Pas du tout ! Dorothée n’avait pas le sens des affaires. C’était une artiste, une vraie. Elle se laissait complètement diriger par Azoulay, notre producteur. Dorothée avait une confiance absolue en lui, même si elle connaissait le système. Son travail, c’était d’animer, de chanter, surtout pas de gérer !
Vous faisait-elle comprendre qu’elle était la star du groupe ?
Elle avait le rôle titre et nous le savions parfaitement. Dorothée était une star, avec un charisme incroyable ! Nous n’avions pas cette dimension. Mon rôle à moi était celui de la bonne copine. La production aimait bien me faire jouer les méchantes et les connes pour laisser à Dorothée la fonction de gentille, toujours adorable avec tout le monde. Mais c’était un jeu !
Parlez-nous des conditions de tournage du Club Dorothée vacances...
Quand nous partions en voyage, c’était une vraie expédition ! Nous avions une équipe très réduite, un assistant multifonctions, un preneur de son et basta ! Pat Le Guen (le réalisateur du Club Dorothée, ndlr) et Jean-Luc Azoulay cumulaient eux-même les postes et nous allions sauver le monde , envoyés en mission par Sahara, un dromadaire extraterrestre (dont Jean-Luc Azoulay faisait la voix) !
Azoulay avait des idées bizarres, non ?
(Rires) Disons que Jean-Luc avait des lubies. Ça lui prenait parfois... Par exemple, il aimait nous mettre dans un bateau quand le tournage avait pris du retard. C’était ma hantise absolue ! A tous les coups, je tombais malade ! Tous les sardiniers qu’on a pu se faire !
Le Club Dorothée a été la cible d’une certaine presse et de parents qui vous reprochaient la violence et l’imbécillité de l’émission. A l’époque, cela vous touchait-il ?
J’étais quand même l’une des seules à répondre moi-même au courrier des téléspectateurs ! A ceux qui nous critiquaient, je répondais que nous parlions comme à la maison, les gros mots en moins ! Et concernant la violence des dessins animés japonais, la production a vraiment fait beaucoup d’efforts pour s’adapter aux exigences du CSA ! Je crois que Dorothée a beaucoup plus souffert que nous, durant toutes ces années.
Cela la rendait-elle malheureuse ?
Je n’irai pas jusque-là. Mais Dorothée est une femme sensible et elle s’investissait entièrement dans son métier. Elle ne vivait que pour cela. Quand on l’insultait avec une grande cruauté dans Nulle part ailleurs (émission phare de Canal +, ndlr), je savais que ça la blessait.
Vous vous entendiez bien avec elle ?
Dorothée a toujours été là dans les moments difficiles. J’ai connu des coups durs pendant et après le Club Do. Elle m’a toujours soutenue. En fait, même si elle était moins déconneuse que le reste de la bande, Dorothée ne s’est jamais mal comportée avec nous. Et puis, j’étais vraiment admirative de son travail, de son énergie. Je pense que j’étais un peu fascinée par elle !
Quand TF1 a décidé d’arrêter l’émission, quelle a été votre réaction ?
J’ai soufflé ! En fait, je ne m’amusais plus depuis quelques temps. TF1 avait viré les mecs un an avant nous, sous prétexte qu’ils étaient trop vieux. Après, plus rien n’était comme avant. Ce que j’ai le plus regretté, ce sont les voyages ! Nous avons fait des voyages extraordinaires au milieu d’arbres à huîtres ou à poulets rôtis, que l’assistant multifonctions avait confectionnés. Le Club Dorothée avait un univers absurde, à la Ionesco !
Quels souvenirs gardez-vous du dernier enregistrement ?
C’était tragique car Dorothée savait que sa mère était en train de mourir à l’instant où elle rendait l’antenne. Elle l’a accompagnée tout au long des mois qui ont précédé l’arrêt de l’émission. C’est pendant notre dîner d’au revoir que Dorothée a appris le décès de sa maman. Je ne l’oublierai jamais.
Aujourd’hui, neuf ans après, êtes-vous toujours en contact avec toute l’équipe ?
On ne s’est jamais vraiment perdu de vue. Je suis devenue directrice littéraire chez JLA Productions. J’ai longtemps travaillé sur les Vacances de l’Amour dont le tournage s’est arrêté en 2004. Depuis, j’essaie de développer des projets de téléfilms. J’ai régulièrement des nouvelles de Corbier, redevenu chansonnier, de Jacky, journaliste et animateur, et de Patrick, parti vivre à Miami. Quant à Dorothée, il nous arrive de dîner ensemble de temps en temps, en bas de chez elle, avec Jean-Luc Azoulay et nous ne laissons jamais passer l’occasion d’un dîner d’anciens combattants !
Le retour de Dorothée à la télévision, cela vous semble possible ?
Dorothée a une personnalité vraiment intéressante. Si je pouvais, je lui offrirais un rôle à sa dimension ! Je la verrais bien dans un rôle à contre emploi, une SDF par exemple. Elle a été idolâtrée pendant tant d’années par des millions d’enfants ! Elle fait vraiment partie du patrimoine français. Je ne comprends pas pourquoi TF1 ne lui rend pas hommage.
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