La Saga Dorothée > de A2 à TF1, l’aventure commence (1/7)
Jamais dans l’histoire de la télévision une personnalité n’a connu un tel succès auprès des enfants, sur une durée si longue ! Dorothée a bâti un empire avec ses doigts de fée, malgré tous ceux qui la prirent pour une sorcière... Toutelatele.com vous propose tout au long de l’été de revivre les années Club Dorothée. De l’émission aux sitcoms AB en passant par les retrouvailles avec Ariane, Jacky et Corbier.
« En direct des studios de la Plaine Saint-Denis, voici celle que vous attendez tous : Do-Ro-Thée » Et c’est ainsi que pendant dix années, devant une horde d’enfants transis, Frédérique Hoschédé est apparue sur TF1. Le 2 septembre 1987, la Une, tout juste privatisée, parvient à ramener Dorothée, la star incontestée des enfants, dans ses filets. L’année précédente, celle-ci animait encore Récré A2 sur la chaîne concurrente. Depuis 1980, en plus de présenter l’émission, Dorothée pousse la chansonnette : Rox et Rouky, Hou ! La menteuse ! Allo, allo Monsieur l’ordinateur... Rien que des succès plébiscités par les enfants !
Mais devant l’offre de TF1, tout ceci parait bien dérisoire. En effet, Francis Bouygues propose à Dorothée et ses amis producteurs, Jean-Luc Azoulay et Claude Berda (AB), 21 heures de programmes par semaine sans compter des émissions de plateau en direct, des tournées en France et à l’étranger, une palette de séries et de dessins animés sans commune mesure avec celle de la petite Récré A2 du service public ! Le Club Dorothée est né. Pour l’occasion, l’animatrice fait équipe avec Jacky, déjà vedette sur TF1 l’année précédente, Ariane et Corbier, qu’on avait déjà pu apercevoir dans Récré A2. La mécanique AB est en marche et elle n’est pas prête de s’arrêter.
Si, au départ, le Club va puiser dans les dessins animés stars de l’époque (Jayce, Candy, Goldorak), de nouveaux héros ne tardent pas à faire une entrée fracassante. Les chevaliers du Zodiaque et Dragon Ball Z, pour ne citer qu’eux, créent un véritable phénomène de consommation auprès des jeunes téléspectateurs, avec une multitude de produits dérivés (magazines, jouets, jeux). La série japonaise Bioman, qui débarque sur l’antenne en 1988, permet de faire oublier X-Or, qui avait fait les jours étoilés d’Antenne 2, cinq ans durant. La 5 fait grise mine : Dorothée distance Youpi, l’école est finie ! de plusieurs longueurs. AB Productions a le nez pour trouver les tops en matière de mangas : Juliette, je t’aime, Le Collège fou, fou, fou et de très nombreux dessins animés balaient la concurrence en deux temps, trois mouvements !
En 1990, trois ans après avoir choisi de quitter son cocon d’A2, Dorothée peut très largement crier victoire en rassemblant jusqu’à 60% des enfants présents devant leur petit écran. Elle triomphe aussi à Bercy et dans la France entière avec des chansons toujours classées au Top 50, 100% synthé, amour et amitié, avec des paroles d’Azoulay lui-même, sous le pseudonyme de Jean-François Porry ! La chanteuse atteint alors les neiges de l’Himalaya cathodique. Du jamais vu !
En 1991, Dorothée montre son nez partout sur la grille de TF1. Club Mini, Club Dorothée, Dorothée samedi, Dorothée Dimanche, Des millions de copains... Pas un jour ne se passe sans que TF1 fasse appel à ses services. Tout le monde chante autour d’elle ! Bernard Minet fait Bioman, Ariane raconte Dragon Ball Z et Patrick Simpson Jones se frotte à Spielvan, le héros de l’univers ! Autour de la super star fleurissent maintenant des vedettes en herbe (Emmanuelle, Hélène Rolles, Christophe Rippert...), lancés par un groupe AB devenu multimilliardaire. Le mercredi, la production prend l’assaut de TF1 dès 7 heures du matin, la laisse de 12h00 à 14h30 puis revient à la charge jusqu’à 18 heures ! Jamais aucun groupe n’a eu un tel impact sur une grille quotidienne dans l’histoire de la télévision !
Face à cette omniprésence, le CSA, Télérama, un nombre incalculable d’intellectuels et de parents sont indignés : tout ce petit monde est maintenant prêt à « brûler » l’icône des émissions jeunesse et à faire voler en éclats son univers. La violence de certains dessins animés (Ken le survivant au premier chef), le dit « antisémitisme » d’un sketch (Rabbin Jackie), l’apparente « idiotie » des jeux du Club vont bientôt faire déborder le vase.