Le gendarme et les gendarmettes (M6) : Louis de Funès / Jean Girault, la mort de deux amis racontée par Michel Galabru
Le cycle Gendarme de Saint-Tropez s’achève ce 20 avril sur M6 avec le sixième et ultime opus de la célèbre saga mettant en scène Louis de Funès. Un film endeuillé sur lequel est revenu Michel Galabru...
Après le triomphe du Gendarme et les extraterrestres en 1978 (troisième opus le plus puissant de la saga au box-office), Louis de Funès et Jean Girault, le réalisateur, ne comptent pas d’en arrêter là. Le Gendarme de Saint-Tropez les suit à tout jamais et ils ont toujours grand plaisir à faire vivre les aventures de Cruchot et de sa brigade. Ce 20 avril, M6 rediffuse Le gendarme et les gendarmettes, dernier volet de la célèbre saga.
Louis de Funès sous surveillance
En avril 1982 débute le tournage de ce sixième opus dans lequel les irréductibles gendarmes vont se familiariser avec l’informatique et des jeunes gendarmettes qu’ils doivent former… pour leur plus grand bonheur. Cependant, Marianne Bonnet (Babeth Étienne), Christine Rocourt (Catherine Serre), Yo Macumba (Nicaise Jean-Louis) et Isabelle Leroy (Sophie Michaud) sont enlevées les uns après les autres. Gerber et Cruchot vont mener l’enquête jusqu’à ce que le personnage incarné par Louis de Funès se fasse également kidnapper.
Jean Girault décide de débuter le tournage avec les scènes extérieures à Saint-Tropez. Tous les acteurs prennent donc la direction du sud de la France avec une angoisse palpable. En effet, depuis son double infarctus en 1975, Louis de Funès est constamment suivi par une équipe médicale. À 68 ans, amaigri et affaibli, l’acteur contraint de se reposer et de ralentir son rythme de tournage laisse craindre le pire comme l’a avoué Michel Galabru dans un entretien accordé à Alexandre Raveleau pour le livre « Les rôles de ma vie » (Hors Collection) : « Au cours de la production du Gendarme et les gendarmettes, nous nous attendions déjà tous à sa mort. Une ambulance stationnait continuellement à proximité du studio, au cas où. Il a eu beaucoup de courage, car la menace de l’infarctus était toujours présente. Dès qu’il faisait un geste un peu trop brusque, un médecin lui demandait d’arrêter ».
L’éternel interprète de Gerber avait lui-même été prévenu en personne par Jean Girault : « Dès le début du tournage, il m’avait dit ‘Tu sais, on peut nous annoncer demain que Fufu est mort, à n’importe quel moment’. » Dans le milieu, la proche disparition de Louis de Funès ne semblait plus faire de doute. Le public allait devoir se préparer à un choc : perdre l’acteur préféré des Français.
Jean Girault au plus mal
En attendant, Louis de Funès enchaine les prises sous une chaleur harassante et sans réelle envie. La dynamique n’y est plus. Et elle sera broyée le jour où Jean Girault va s’éteindre des suites d’une tuberculose foudroyante. Au fil du tournage, le réalisateur se retrouve affaibli et a de plus en plus de mal à assurer sa fonction. Comme le rapporte Bertrand Dicale dans son ouvrage « Louis de Funès de A à Z », Michel Galabru s’est inquiété de la baisse de forme de Jean Girault et lui a proposé de l’accompagner chez un médecin à Saint-Tropez. Cependant, face à l’importance de la file d’attente, le réalisateur a souhaité rebrousser chemin. Une décision dramatique qui n’a pas permis de diagnostiquer le mal.
De retour à Boulogne-Billancourt pour la suite du tournage des scènes intérieures en studio, Jean Girault ne tient plus debout et doit être hospitalisé en urgence : « Il avait une tuberculose à un stade avancé dont je ne m’imaginais pas la gravité. Je me souviens que nous avons discuté tous les deux de football à l’hôpital. Quelques jours plus tard, il était mort. Alors que nous n’aurions pas pu finir le film sans De Funès, il l’a été sans son réalisateur. Voilà la cruauté de ce métier » a déclaré Michel Galabru dans les pages de « Les rôles de ma vie ».
La disparition des deux amis
Le 24 juillet 1982, alors que le tournage du Gendarme et des Gendarmettes se poursuit sous la houlette de Tony Aboyantz, la disparition de Jean Girault, à l’âge de 58 ans, va bouleverser Louis de Funès. L’acteur comique préféré des Français s’éteindra d’un nouvel infarctus le 27 janvier 1983, six mois après son fidèle ami.
« Si De Funès n’était pas mort, nul doute que nous aurions continué la série des Gendarmes » conclut Michel Galabru. Un espoir qui n’aurait pas été vain puisque plus de 4.2 millions de Français se sont déplacés dans les salles obscures pour voir Le Gendarme et les Gendarmettes, soit le quatrième film le plus puissant au box-office pour l’année 1982.