Julie Boulanger : « Je n’allais pas passer à côté de CUT ! pour des raisons financières »
À tout juste 30 ans, Julie Boulanger donne un nouveau virage à sa carrière en endossant le premier rôle de la série Cut !, proposée quotidiennement sur France Ô. Après des prestations remarquées dans Léa Parker, VDM, la série ou Pigalle, la nuit ainsi qu’une (rapide) apparition au cinéma dans Cloclo, la jeune actrice se confie sur ses diverses expériences de tournage pour Toutelatele. Entretien.
Robin Girard-Kromas : Pourquoi avez-vous accepté le premier rôle de Cut ! ?
Julie Boulanger : Je n’avais pas fait de séries depuis longtemps, privilégiant la musique ou de courtes apparitions, et j’avais envie de repartir sur une aventure plus longue. Ce qui est génial avec ces 70 épisodes, c’est que j’ai le temps de construire un personnage. Avec Laura, j’ai énormément de matière, j’ai beaucoup de choses à créer, je passe par un tas d’émotions.
Comment vous êtes-vous préparée pour ce nouveau rôle ?
J’ai eu la bible, l’arche narrative des 70 épisodes et les 25 premiers scénarios déjà écrits. Cela dit, j’ai su que je partais quinze jours avant le début du tournage, ça a été un branle-bas de combat ! C’était un vrai challenge de se préparer en si peu de temps. Il fallait assimiler beaucoup d’information et se plonger rapidement dans le personnage.
Stéphane Meunier et Bertrand Cohen (Terence Films) ont une façon particulière de travailler (Dans les coulisses de CUT !, la nouvelle série de France Ô). Comment l’avez-vous ressenti ?
C’est vrai qu’il a fallu s’adapter, car ils ont une façon de faire complètement différente de tous les tournages que j’avais pu faire jusqu’à présent. Par exemple, Stéphane est en osmose avec ses deux cadreurs et ils sont tous les trois dans une créativité de l’instant, équipés de leurs caméras épaules. Cela donne une image superbe, mais en tant que comédien, c’est assez déstabilisant ; il faut savoir faire complètement abstraction de la caméra et être tout le temps concentré.
Une autre caractéristique de ce tournage est la prise d’une silencieuse pour chaque scène, où vous ne pouvez pas parler. Avez-vous rencontré des difficultés à vous adapter à ce processus étonnant ?
Au départ, je ne pouvais pas m’empêcher de parler ! (rires) C’était très déstabilisant, mais j’ai vite compris à quoi cela servait. Grâce aux silencieuses, les réalisateurs peuvent, par exemple, retrouver des plans qu’ils n’ont pas eus, et les monteurs peuvent, quant à eux, rallonger une séquence. Après, en tant qu’acteur, la première difficulté est de ne pas surjouer même si on ne déclare pas son texte. L’autre difficulté, c’est de se repérer avec les autres acteurs, car on ne connait pas par cœur les répliques des autres. C’est une vraie gymnastique !
Le tournage en crossboarding (les épisodes ne sont pas enregistrés chronologiquement, mais en fonction des décors) ne vous a-t-il pas posé problème, vous obligeant à passer en quelques minutes d’une Laura tout juste débarquée de France à une Laura installée depuis 35 épisodes ?
C’est un vrai travail technique. Chaque week-end, il faut anticiper les séquences de la semaine à venir pour bien savoir à quel moment de la série on se trouvera et s’y préparer. Au début de chaque prise, il faut que je sache bien d’où je viens, où suis-je, quel est mon état émotionnel et où je vais.
Jusqu’ici, vous interprétiez souvent des rôles de vingtenaires. Comment s’est effectué le passage à un personnage plus mature ?
C’était génial ! Interpréter une maman me permet d’être considérée comme femme, tout en conservant mes 30 ans. Je peux rester ce que je suis dans la vie : quelqu’un qui est capable de déconner à tout moment. C’est aussi pour cette raison qu’on a rajouté de l’humour dans le personnage de Laura : elle reste une femme jeune.
« C’était un vrai challenge de se préparer en si peu de temps »
Comment êtes-vous parvenue à obtenir une alchimie avec votre fils à l’écran, Sébastien Capgras ?
J’ai fait de nombreux essais avec divers comédiens dans le rôle de Jules. C’était difficile de trouver des jeunes de 16 ans à l’aise avec le jeu et crédibles dans cette relation mère-fils. J’ai tout de suite su que Sébastien était le bon quand je l’ai vu. Avant même de passer les essais, j’ai eu le temps de discuter avec lui pendant trois quarts d’heure et j’ai eu un excellent feeling. J’ai même envoyé directement un sms au réalisateur pour lui dire « Je crois que j’ai trouvé mon fils ! »
Comment avez-vous vécu le dépaysement sur l’île de la Réunion ?
Pour tout dire, je n’ai pas encore eu le temps de faire du tourisme (rires). La difficulté dans ce genre de tournage est d’être séparée de ses proches pendant cinq mois. Mais cela permet aussi d’être en autarcie complète dans le travail et de se retrouver à 100% dans son personnage.
Partie 2 > Ses expériences dans Camping Paradis, Léa Parker et Pigalle la nuit
Travailler pour France Ô, est-ce vraiment différent de vos précédentes expériences sur TF1 et M6 ?
La difficulté, c’est que le budget est moins important, tout comme les cachets. Mais on le sait dès le départ, et j’ai accepté, car le projet me plaisait vraiment et que c’était sur la longueur avec 90 jours de tournage. Sinon, que ce soit France Ô, TF1 ou M6, je m’en fiche, c’est la série qui compte. Je n’allais pas passer à côté d’elle pour des raisons financières !
Vous êtes apparue le temps d’un épisode de Camping Paradis. Comment vous êtes-vous retrouvée dans cette aventure ?
C’était une opportunité à l’époque et je ne regrette pas de l’avoir saisie. Obtenir le rôle d’un guest principal dans un épisode de fiction est toujours quelque chose d’agréable. Et puis c’est faire ce que j’aime, à savoir jouer, que ce soit pour du théâtre, du court-métrage ou de la télé.
Pendant deux années, vous avez été l’une des têtes d’affiche de Léa Parker sur M6. Au cours de la série, votre personnage a gagné en importance…
C’est vrai que j’avais commencé en tant que demi-sœur du personnage de Sonia Rolland, donc je n’apparaissais que dans la partie vie privée du personnage. Puis, lors de la seconde saison, ils ont décidé de me faire passer dans l’équipe, du coup, je suis apparue plus longtemps à l’antenne.
Une telle évolution doit être gratifiante pour une actrice…
C’était surtout très agréable, car j’ai eu l’occasion de faire évoluer mon personnage. Selon moi, c’est la difficulté dans les séries ; il faut parvenir à avoir de la matière sinon on s’ennuie un peu. On tombe dans une routine que l’on aime assez peu dans ce métier. Globalement, je garde d’excellents souvenirs de Léa Parker, et je pense que j’ai grandi avec la série. J’y ai aussi appris plein de choses, comme réaliser des cascades. J’ai également pu faire des formations très excitantes, notamment celle d’apprendre à tirer !
Avez-vous été surprise que cette série ne connaisse pas de troisième saison ?
Pas vraiment. Léa Parker était la première série de Jean-Benoît Gillig et il avait envie de passer à autre chose. Du côté des comédiens, c’était un peu la même chose : tout le monde était content de se lancer de nouveaux défis ailleurs.
Plusieurs fois, un éventuel retour de Léa Parker a été évoqué dans la presse. Que pouvez-vous dire à ce sujet ?
Je n’ai pas été contactée à ce sujet et a priori je ne pense pas que la série revienne un jour.
« Je me voyais mal reprendre Sous le soleil »
Outre Léa Parker, vous êtes également apparue dans Sous le soleil, à l’époque de TF1. Pourquoi n’avez-vous pas souhaité intégrer la suite sur TMC ?
Ça m’intéressait moins de repartir sur une aventure que j’avais déjà connue. Je me voyais mal reprendre quelque chose que j’avais arrêté, surtout après avoir connu un peu l’âge d’or de Sous le soleil à l’époque TF1.
Plus récemment, vous avez aussi été vue dans Pigalle, la nuit sur Canal +. Comment avez-vous vécu l’annulation brutale de la série ?
C’est vrai qu’il devait y avoir une saison 2. Mais comme je n’étais pas dans un rôle récurrent, j’étais un peu moins concernée. Et puis, ça fait partie du métier : tant qu’on n’entend pas « Moteur, action ! », rien n’est certain. Des projets, il y en a beaucoup qui se cassent la figure et qui ne se font pas au final. Donc il faut apprendre à ne pas tomber des nues et à passer à autre chose.
Enfin, vous êtes également au casting de VDM sur NT1. Quelle expérience avez-vous tiré du tournage de ce type de format court ?
C’était la première fois que je faisais une shortcom et c’était vraiment fou rire sur fou rire. Il faut dire que j’étais très bien entourée. Après, le fait que ce soit sur un format court, on est plus sur de la saynète que sur de la création de personnage. On mise sur l’instantané, car c’est aussi ça qui apporte plus facilement le rire !