Déprogrammations, rediffusions... Pourquoi les chaînes TV changent les programmes pendant le confinement ?
Dans un souci de conserver leurs stocks, les chaînes ne cessent de multiplier les offres en rediffusion. Un acte permis par un allègement des règles du Conseil supérieur de l’audiovisuel. Explications.
Depuis la mi-mars, la France est entrée dans une période inédite. À l’image de la Chine, l’Italie et l’Espagne, Emmanuel Macron a installé un confinement dans l’objectif de limiter les conséquences dramatiques de l’épidémie de Coronavirus.
Des déprogrammations sans précédent
Cet acte a poussé les chaînes de télévision à revoir sensiblement leurs grilles des programmes. Entre les arrêts de tournages et la volonté de conserver un stock de diffusion inédite, les déprogrammations se sont enchaînées. Habituellement, elles peuvent y avoir recours sous certaines conditions. L’arrêt d’un programme peut survenir en cas d’événement important lié à l’actualité immédiate, d’une décision de justice ou d’une contre-performance d’audience. Il faut dire que les groupes audiovisuels privés publics comme privés doivent se tenir à leurs grilles des programmes, annoncées au préalable trois semaines en avance et déposées au SEPM (Syndicat National de Editeurs de la Presse Magazine). Alors pourquoi assiste-t-on à une vague de déprogrammations depuis trois semaines ? La réponse est liée à la crise du Coronavirus.
Des règles allégées
L’épidémie de Covid-19 engendre une préoccupante perte financière pour les métiers liés à la télévision. Alors qu’un grand nombre d’intermittents se retrouve à un chômage forcé, les chaînes assistent impuissantes à une désertion des annonceurs qui représentent une grande partie de leurs recettes. Dès lors, il leur a été permis d’assouplir les règles. L’autorité leur donne la liberté de procéder aux aménagements de grilles dès que cela s’impose sans couvert de l’argument « en raison de l’actualité ». Dans un souci de conserver son stock, France 2, TF1 et M6 ont reporté les diffusions d’émissions et films inédits.
Des rediffusions en série
Après avoir procédé au retrait de ses magazines Ca commence aujourd’hui et Je t’aime etc, la propriété de France Télévisions a installé une offre cinéma. Sans les contraintes du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA), elle a pu user de rediffusions de comédies cultes. M6 a également opté pour cette option. La chaîne de Nicolas de Tavernost, qui a fait le choix d’annuler les diffusions de Patron Incognito, a librement installé avec succès une énième programmation du Gendarme de Saint-Tropez le lundi soir. TF1 a suivi le même chemin en multipliant les rediffusions le dimanche et le jeudi soir.
Le public massivement au rendez-vous
Bien que le public ne cache pas sa colère sur les réseaux sociaux, la stratégie de multiplier les rediffusions n’a pas impacté les audiences. Au contraire, elle les a sensiblement dynamisées. En misant sur Louis de Funès en début d’après-midi, France 2 a été jusqu’à rassembler 5 millions de téléspectateurs. Ce jeudi 9 avril, TF1 a déchaîné 6.7 millions de Français en misant sur le premier volet de la devenue culte trilogie de la 7ème compagnie. Quoi qu’il en soit, les déprogrammations au profit d’offres en rediffusions ne sont pas prêtes de s’interrompre pendant le confinement. Mais dès la fin de cette période, toutes les chaines devront reprendre leurs habitudes en ne changeant pas leurs programmes sur les trois semaines annoncées en avance, hors revers d’audience et hors actualité...