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Petits Meurtres en Famille > Grégori Derangère

Ariane Grassi
Publié le 21/11/2006 à 01:06 Mis à jour le 13/04/2011 à 18:26

Avec 7,85 millions de téléspectateurs pour son premier épisode, Petits Meurtres en famille a réussi son entrée dans le clan des feuilletons d’automne. Au sein de la complexe famille Le Tescou, Grégori Derangère joue Victor, le fils prodigue qui revient régler ses comptes. Le jeune comédien, actuellement à l’affiche des Fragments d’Antonin, n’a pas boudé son plaisir du jeu dans ce Cluedo vivant.

Ariane Grassi : Qui est Victor, le personnage que vous interprétez dans Petits meurtres en famille ?

Grégori Derangère : Victor est l’un des fils de Simon Le Tescou (Robert Hossein, ndlr). Il est parti avec la caisse en claquant la porte il y a des années, et il revient en portant un regard un peu narquois et moqueur sur cette famille de dégénérés. Mais petit à petit, on va comprendre qu’il y a quand même une blessure chez lui, et les événements allant, il va se retrouver plongé lui aussi dans le drame de ces secrets de famille. Le piège Le Tescou va se refermer sur lui (rires) !

Ariane Grassi : La presse définit ce personnage comme un « beau gosse », en êtes-vous surpris ?

Grégori Derangère : J’espère que mes collègues masculins ne le prendront pas trop mal (rires) ! Nous avions tous une couleur un peu « caricaturale » à tenir, Bruno (Todeschini) est le frère meurtri et ténébreux, Matthias joue le déluré un peu maladroit et à côté de la plaque et Victor, c’est le sportif, peut-être un peu beau gosse au début, mais qui ne s’en sortira pas mieux que les autres !

Ariane Grassi : Quels éléments vous ont séduit dans cette saga policière ?

Grégori Derangère : La distance apparente que mon personnage a avec tous ces événements m’a amusé. On vient d’égorger son père et quelques heures après, Victor a le sourire et n’hésite pas à dire quelque chose comme « On a égorgé ce vieux porc » ! Et par rapport au jeu du « qui est le coupable ? », avec tous les acteurs de la série, on aimait en rajouter parfois un petit peu, histoire de lancer des fausses pistes.

Ariane Grassi : La dimension de huit-clos de l’histoire a-t-elle joué sur l’ambiance du tournage ?

Grégori Derangère : Notre grand plaisir, c’était de nous retrouver ensemble dans les scènes de groupe. La présence de nombreux secrets dans l’histoire amène beaucoup de scènes « cachées », par exemple quand je fricotte avec la femme de mon frère dans les couloirs. Donc nous étions ravis de tous nous retrouver pour les scènes collectives, où on lançait des petites phrases par-ci par-là. On jouait tous de cette ambiance où je te souris, mais je te plante un couteau dans le dos dès que tu regardes ailleurs ! Mais nous n’étions pas comme ça dans la vie !


Ariane Grassi : La diversité des générations au sein de la troupe d’acteurs n’a pas nui à l’unité du groupe ?

Grégori Derangère : Il n’y avait pas d’histoire de classe d’âge, on se mélangeait tous, même entre maîtres et serviteurs (rires) ! Tout s’est bien passé. On était quand même dans un château, aussi froid et lugubre qu’il en a l’air, tous seuls dans un coin perdu de Bretagne. Dans ces conditions-là, si vous faîtes la gueule à votre voisin, vous risquez de passer un hiver délicat !

Ariane Grassi : Accréditez-vous la comparaison entre Petits Meurtres en famille et le jeu de société Cluedo ?

Grégori Derangère : On sentait déjà dans le scénario la dimension « Cluedo » de l’histoire, et Edwin l’a accentuée. Nous avons fait en sorte d’apporter émotion et véracité aux personnages. Mais au départ, Petits meurtres en famille a les aspects d’un jeu avec ce que cela implique de traits un peu forcés. Les personnages ont notamment tous une couleur qui raconte quelque chose, Bruno est en vert, Matthias (Mekluz) en noir, Elsa (Zylberstein) en mauve, moi en marron etc... Aucun personnage ne ressemble à l’autre.

Ariane Grassi : Ce feuilleton est loin d’être votre premier film d’époque, avez-vous une prédilection pour ce genre ?

Grégori Derangère : Ce qui m’intéresse, c’est le parcours du personnage, pas de savoir s’il porte une peau de bête ou un casque avec des lumières ! Néanmoins, l’esprit d’Agatha Christie plane sur cette fiction, et j’aime la description de cette vieille aristocratie clinquante qui se donne des grands airs dans son château, mais qui est en fait pourrie par le vice, la rancœur et les mesquineries.

Ariane Grassi : Vous êtes également à l’affiche Des Fragments d’Antonin, un film qui revient sur l’après-guerre de 1918...

Grégori Derangère : Antonin est un jeune instituteur qui au quotidien, construit des jeunes hommes et des jeunes femmes, mais qui pendant la guerre, se retrouve impuissant face à ce massacre d’innocents. Ces événements sont inconcevables pour lui, et comme des centaines d’autres, il revient sans blessure apparente mais victime de crises de folies. Antonin répète inlassablement cinq prénoms, et le film opère une immersion fragmentée dans sa mémoire à travers des flash-back afin de comprendre cette lubie.

Ariane Grassi : Comment aborde-t-on un rôle aussi difficile ?

Grégori Derangère : Quand le personnage est en état de crise, il revit les moments forts de son expérience de soldat avec un mélange de tension, de peur et de culpabilité. Rester dans sa bulle, ne pas pouvoir jouer avec les autres était épuisant. C’était difficile mais excitant. Je dois beaucoup au réalisateur Gabriel Le Bomin, dont c’est le premier long métrage. Au début, j’étais trop timide, ensuite j’en faisais trop, il a vraiment « sculpté » mon interprétation.


Ariane Grassi : Vos rôles se partagent entre cinéma et télévision, avez-vous une préférence pour l’un de ces supports ?

Grégori Derangère : Pour l’instant, je préfère encore le cinéma, mais peut-être plus pour longtemps ! Les films que j’aime au cinéma ont de moins en moins de place, et je trouve plus de mérite à la télévision. Elle a le souci de plaire au plus grand nombre, mais elle a toujours un fond d’Histoire qui peut m’intéresser, par exemple j’ai joué un petit rôle dans Le Grand Charles, et cela m’a permis de me pencher sur la vie de Charles de Gaulle.

Ariane Grassi : On vous compare souvent à Cary Grant et James Stewart, en êtes-vous flatté ?

Grégori Derangère : C’étaient de grands tiges à l’air sympathique, ça doit venir de là ! Ils ont aussi souvent joué les amoureux, comme moi. J’adore les histoires d’amour, tous les grands films le sont. De toutes façons, on ne me proposera jamais des rôles à la Vin Diesel, je n’ai pas la tête pour ça, donc autant prendre du plaisir à jouer dans mon créneau !

Ariane Grassi : Quels types de programmes appréciez-vous à la télévision ?

Grégori Derangère : J’apprécie beaucoup Kaamelott que je trouve bien écrit et bien joué. J’aime bien Des Racines et des Ailes, je suis un fidèle des émissions de Nicolas Hulot, et récemment j’ai adoré le documentaire de Yann Arthus-Bertrand, Vu du Ciel. Je suis sûr que des fictions qui mêleraient des intrigues policières à ces grands espaces seraient intéressantes. Je serais ravi d’incarner une sorte d’éco-policier, un héros pas trop urbain, un aventurier qui s’intéresserait aux problèmes d’écologie.

Ariane Grassi : Vous semblez vraiment investi auprès de la cause écologique...

Grégori Derangère : J’ai beaucoup voyagé au début de ma carrière. J’ai rencontré Claire Keim qui est ambassadrice de la Fondation Hulot, et qui m’a permis d’y rentrer à mon tour pour devenir ambassadeur de l’opération « Défi pour la terre ». L’enjeu de cet engagement est une question de bon sens, je ne suis pas un hippie militant, je suis juste un type normal qui écoute la radio et qui se rend compte que l’on va vers une catastrophe certaine et proche. Il faut essayer de faire entendre ces craintes pour que les politiques se décident à agir.

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