Hervé (plus grand Maestro de N’oubliez pas les paroles) : « Un challenger représente toujours un danger à mes yeux »
Jamais une émission de télévision n’aura permis à un candidat de gagner une telle somme d’argent sur le service public. Ce mardi 21 juin, après 31 victoires cumulées dans N’oubliez pas les paroles, Hervé est devenu le plus grand Maestro de l’histoire du jeu présenté par Nagui, en cumulant 262 000 euros. À l’occasion de cet événement sans précédent dans l’histoire du programme, rencontre avec celui qui continue d’impressionner par sa mémoire.
Léopold Audebert : De l’émission du 7 juin (première partie), marquant votre entrée dans le Top 10 des plus grands Maestros, à celle du 21 juin (première partie), où vous êtes devenu « le meilleur des meilleurs », quel a été votre état d’esprit ?
Hervé : Je ne pense pas avoir réalisé ce qu’il se passait. On se rend compte qu’on gagne, évidemment, mais on est dans le jeu, les tournages d’émissions s’enchainent... Personnellement, j’avais besoin de rester concentré. Après, quand on voit la somme qui s’affiche sur les bandeaux, c’est quelque chose de complètement fou ! Arriver dans le top 10, ça veut aussi automatiquement dire qu’on va disputer les Masters, donc rencontrer les autres grands Maestros, revenir et revivre cette expérience formidable, humainement ou encore musicalement. C’est complètement dingue !
À quoi avez-vous pensé lorsque vous êtes devenu le plus grand des Maestros de l’histoire de N’oubliez pas les paroles, et, parallèlement, le plus grand vainqueur de France Télévisions, grâce à la chanson « Un homme extraordinaire » des Innocents ?
Pour être complètement honnête, c’est une chanson que j’avais interprétée sur scène il y a six ans, avec la troupe dont je fais partie. À chaque spectacle, une chanson est choisie pour être enregistrée en studio et faire le single promotionnel : c’était celle-ci cette année-là ! (rires) Du coup, quand je suis tombé là-dessus, que j’ai gagné les 20 000 euros et que je suis passé premier, j’ai beaucoup pensé à mes amis, avec qui je partage la scène. Entre ces moments gravés à jamais, et le fait qu’on l’a enregistrée à la période de la naissance de ma première fille, toute l’émotion est remontée en même temps.
L’expérience de la scène et le riche répertoire qui en découle sont-ils la « recette magique » de votre impressionnante mémoire musicale ?
En terme de mémoire, je pense que ça date d’avant. Je me suis construit musicalement, toute ma personnalité tourne autour de ça. Chez moi, on écoutait beaucoup Goldman, Brassens... Après, j’ai aussi découvert de nouvelles choses par moi-même, que mes parents n’écoutaient pas forcément. Je pense que, en fait, ma mémoire est toujours assez liée à la musique et aux mots, assez phonétique et verbale. Après, l’expérience de spectacle qui, évidemment, brasse pas mal de chansons, a encore élargi mon répertoire. J’ai été confronté à plein de chansons qui étaient tombées dans les spectacles qu’on avait faits. C’est sûr que c’est un confort ! (rires)
« Quand on voit la somme qui s’affiche sur les bandeaux, c’est quelque chose de complètement fou ! »
Jusqu’à maintenant, vous avez régulièrement enchaîné les gains à 20 000 euros en finale : le joker des initiales est-il réellement une aide précieuse pour vous ?
Je suis quelqu’un de plutôt prudent, peu importe la somme. Après, ça m’est arrivé de prendre quelques risques, qui ont payé, ou non. Mais sur « Un homme extraordinaire », par exemple, comme sur peut-être la majorité des chansons où je suis allé jusqu’aux 20 000 euros, je n’aurais probablement pas eu besoin du joker des initiales. Après, je ne sais pas si j’y serais allé sans, je ne peux pas le dire. Sur le plateau, il faut se décider vite, et quand il y a un peu de pression et d’émotion, les conditions ne sont pas les mêmes qu’à la maison.
Vous choisissez souvent de débuter vos duels en privilégiant la chanson à cinquante points : est-ce votre stratégie-clef pour prendre de l’avance sur vos concurrents et les distancer ?
C’est vrai que, la plupart du temps, on se dit qu’il faut marquer le plus de points possible. Ça m’est arrivé de laisser les cinquante points, parce qu’à quarante, je savais ce qu’il y avait derrière, et à cinquante non. Ou parce que qu’à quarante points je savais qu’il y avait un thème que l’autre allait aimer. Je peux aussi ne pas prendre la chanson à cinquante points quand il y a des noms d’artistes que je ne maîtrise pas assez, Black M ou Kendji Girac par exemple. Je connais un peu, mais de là à retrouver neuf ou dix mots, plutôt dans le deuxième ou troisième couplet de la chanson...
Au fur et à mesure des émissions, redoutez-vous toujours autant vos nouveaux concurrents ?
Un challenger représente toujours un danger à mes yeux ; ils sont tous potentiellement le vainqueur du duel. Il y a plein de fois où j’ai cru que, sur « La même chanson », ils allaient remonter de cent ou même cent-vingt points, parce que je les pensais capables de la faire. Pour l’heure, j’ai eu « la chance qu’ils aient moins de chance que moi » (rires).