Cyprien Cini (Zemmour et Naulleau) : « Sandrine Sarroche et moi ne faisons pas la même chose »
Tout en défaisant le Monde chaque vendredi sur RTL, Cyprien Cini le lit à travers un regard décalé et oxygénant le mercredi soir dans Zemmour et Naulleau. Le journaliste a tiré le bilan de sa première saison télévisuelle.
Joshua Daguenet : Que retenez-vous de votre première saison au sein de Zemmour et Naulleau ?
Cyprien Cini : C’est une première saison de télévision pour ma part, et j’ai compris que la télé était beaucoup plus lourde que la radio. Il m’a fallu un temps d’adaptation. Le travail est plus collectif par rapport à la radio et cet esprit d’équipe est plutôt sympa. Cela m’a plu, je me suis vraiment éclaté. J’ignorais dans quoi je m’engageais et j’ai bénéficié, en plus, d’une grande liberté dans le choix des sujets.
Votre liberté d’expression sur RTL est-elle comparable à celle qui vous est octroyée dans Zemmour et Naulleau ?
Oui, elle est identique. Sur RTL comme chez Zemmour et Naulleau, personne n’est au courant de ce que je vais faire. La découverte s’effectue en plateau. Anaïs Bouton, Eric Naulleau et Eric Zemmour réagissent naturellement à ma chronique.
Votre arrivée a amené une deuxième chronique humoristique dans l’émission Zemmour et Naulleau. Votre premier objectif était-il ainsi de vous démarquer du travail de Sandrine Sarroche ?
En fait, Sandrine est une humoriste pure et dure. Elle est drôle, moi, dans ma tête je reste journaliste. Je n’invente rien, je ne fais pas d’imitation. C’est plus l’œil et le regard qui vont être drôles. Pour moi, nous ne faisons pas la même chose. Je ne pourrais jamais faire ce que fait Sandrine qui possède un talent que je n’ai pas.
« Personne ne m’a dit de ne pas rejoindre Zemmour et Naulleau »
Vous avez rejoint l’émission d’un Eric Zemmour qui venait d’être renvoyé de la station qui vous emploie. Quelles réactions au sein de la station à votre arrivée dans l’émission a-t-elle suscitées ?
Pour le coup personne ne m’a dit « faut pas y aller ». On m’a laissé libre. RTL et Paris Première font partie du même groupe M6 donc ça ne posait pas le moindre souci. Traverser la route est devenu une mode depuis un conseil présidentiel. J’avais connaissance de la polémique d’avant le début de saison, mais je n’ai pas eu le temps d’avoir des retours. Les discussions quant à mon arrivée se sont déroulées vers juin / juillet.
Cette saison, vous avez également pris les rênes d’On défait le monde sur RTL, tout en conservant vos chroniques quotidiennes. N’avez-vous pas craint, au départ, d’être débordé ?
Paradoxalement, je pensais que ça allait le faire. Au fur et à mesure, je me suis dit que ça faisait beaucoup. Lundi matin, je devais préparer ma chronique de 11 heures. Avec la télé, il est impératif d’anticiper un peu plus, car il faut trouver, illustrer et monter les images. Ma chronique radio, elle, peut s’écrire au dernier moment tout en arrivant comme une fleur en plateau (rires).
« Ma chronique est devenue une aération »
A la bonne heure s’arrête à la fin de la saison. Serez-vous de la nouvelle aventure menée par Bruno Guillon la saison prochaine ?
À priori non. Le contenu sera très différent mais il ne faut jamais être définitif. Cela me faisait des années chargées sur RTL tous les matins. On ne m’a pas sollicité pour cette case mais je ne l’ai pas demandée non plus.
Dans une actualité particulièrement sombre ces derniers mois, est-il plus difficile de la commenter avec le ton décalé qui vous est propre ?
Bizarrement... pas forcément. Au contraire, les gens ont besoin de s’aérer l’esprit. La difficulté est de trouver le ton juste, car nous sommes sur un fil. Il ne faut pas en faire trop, ni nier l’existence des sujets. J’ai été aidé par les réseaux sociaux. Pendant le confinement, la créativité de tout le monde est sortie. Dans Zemmour et Naulleau, ma chronique est devenue une aération. Il était nécessaire de ne pas enfoncer le couteau. Quand nous étions à près de 1 000 morts par jours, je n’avais pas envie de critiquer le gouvernement. J’essaie toujours de prendre du recul.
Ancien journaliste sportif, auprès notamment de Bixente Lizarazu, comprenez-vous l’arrêt polémique de la Ligue 1 alors que l’ensemble des grands championnats vont terminer leur saison ?
D’un point de vue strictement personnel, pour moi, le foot c’est avec du public. Je suis un Ayatollah là-dessus et je suis prêt à faire une concession pendant deux, trois ou quatre mois. En plus, je supporte l’Olympique de Marseille alors cet arrêt... Il est vrai, on s’est peut-être un peu précipités et c’est embêtant pour le football français. Néanmoins, nous étions dans une situation tellement hallucinante, ça ne m’a pas choqué. Cet aspect populaire du sport m’a toujours plu. Il a aussi été question du Tour de France à huis clos, c’est grotesque...