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Claudia Tagbo (RIP, TF1) : « Je trouve osé que la production ait pensé à moi »

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Rédactrice - Experte TV & Divertissements
Publié le 16/07/2024 à 19:44

Ce mardi 16 juillet 2024, Claudia Tagbo incarne l’héroïne de la nouvelle fiction de TF1 diffusée en prime time RIP, aimons-nous vivants. La comédienne s’est confiée à Toutelatélé à propos de ce nouveau projet, de sa relation avec Pascal Légitimus, mais aussi de la suite de la série.

Tiffany Pintado : Pourquoi avez-vous accepté de jouer dans RIP, aimons-nous vivants qui dénote autant de ce que vous avez proposé ces dernières années ?

Claudia Tagbo : Vous avez répondu à la question ! (Rires) Le sujet est décalé et son traitement est positif. Je voulais surtout qu’il y ait de la bienveillance. Au-delà de ça, ce sont les deux auteurs qui me l’ont proposée, Varante Soudjian et Thomas Pone, qui viennent du cinéma et j’ai vu leur film La traversée. Mais c’est aussi pour le sujet central : traiter de l’histoire de ceux qui restent. Puis, on ne m’a pas vu dans ce genre de registre encore.

Était-ce nécessaire pour vous de briser le tabou autour des métiers du funéraire en prime time sur TF1 ?

Je ne sais pas si c’était nécessaire, mais en tout cas lorsque le sujet est arrivé sur ma table, j’ai dit « oui » parce qu’effectivement, j’avais en souvenir la série Six Feet Under. Je l’avais beaucoup aimé, et même si ce n’est pas du tout la même chose, ne serait-ce que le traitement de la mort, c’est déjà un sujet qui est un peu frileux... Et je trouve osé que la production ait pensé à moi, que TF1 aussi accepte de le diffuser en prime time, c’est un défi pour tout le monde ! C’est un challenge. On espère que le public sera là.

« La société lui a mis le tampon de looseuse sur la tête »

Vous avez dit dans une précédente interview que votre personnage est une looseuse. Est-ce que pour vous sa réussite passe davantage par l’argent que par son épanouissement au travail ?

Non, ce n’est pas par l’argent ! Quand je dis que c’est une looseuse, elle l’est au regard de ceux qui sont autour d’elle, son ex-mari et la société globalement. Mais elle ne se sent pas du tout comme une looseuse, elle se bagarre pour subvenir aux besoins de sa fille, sinon elle ne se tournerait pas au ridicule comme ça, à faire des animations à son âge. La société lui a mis le tampon de looseuse sur la tête, après, elle se lance un défi en se disant qu’il est hors de question d’enterrer le travail de son père. Mais elle ne se définit pas du tout par l’argent, elle brille notamment par ses vêtements et je pense qu’elle serait prête à faire un crédit pour s’acheter ses pièces bling-bling.

Anne-Lise a un look très coloré, cela peut dénoter avec le stéréotype des croque-morts qui sont en costume et habillés intégralement en noir.

Elle ne case pas les codes. Elle débarque dans le métier en étant elle-même. Elle s’habille comme ça dans sa vie, elle ne veut pas tricher. Elle demande même à un moment si ses vêtements sont de trop, elle doute, mais elle est elle-même. Anne-Lise ne veut pas se travestir. Pour elle, elle va simplement au travail. On n’a pas l’habitude. Quand j’ai su que j’allais jouer ce personnage, je me suis rapprochée des gens qui travaillent dans ce métier et ceux que j’ai rencontrés, ils ne sont pas du tout dans ce que l’on croit ! Ils ne sont pas habillés en noir, ils sont très festifs. Un d’entre eux ne voulait pas m’avouer qu’il travaillait dans le secteur et il portait des lunettes flashy. Il m’a dit qu’il était là pour accompagner les gens. C’est un métier de service.

Est-ce que la notion d’héritage familial vous a poussé également à accepter ce rôle ?

Le sujet, c’est qu’est-ce qu’on laisse aux enfants ? Qu’est-ce qu’on a envie de leur laisser ? Le père de mon personnage lui laisse les pompes funèbres, même si plus jeune elle ne comprenait pas le principe de ce métier, et elle ne veut pas refaire ça avec sa fille. Elle lui dit que c’est un métier comme un autre. Et de par mon histoire aussi, mon père était gardien d’immeuble, c’est lui qui faisait le ménage, qui sortait les poubelles et je l’ai déjà entendu à l’école : « eh la poubelleuse » parce que mon père me disait de rentrer les poubelles quand j’allais à l’école. Ce sont les valeurs que l’on a envie d’inculquer à nos enfants qui comptent.

« On n’est pas dans le côté glauquissime de la chose »

Quelle scène vous a le plus marqué dans ce pilote ?

Je veux faire un clin d’œil au monsieur qui joue mon père dans le cercueil. Il faut savoir que nous ne tournons pas les scènes dans l’ordre dans la journée et que celle-ci a été la dernière de la journée. Le monsieur est arrivé très tôt le matin, et il a attendu jusqu’à 17h que l’on tourne. Il était tellement content d’être là parce qu’il trouve que c’est un sujet que l’on ne voit pas souvent. On a parlé ensemble et il m’a dit qu’il apprécie mon travail, donc, je me suis dit « wouah c’est ça notre métier en fait », de donner des moments d’émotion. Ça nous ramène à la réalité.

Cette scène-là est particulière parce qu’il fallait rentrer dans le cercueil, ce n’est pas une poupée, c’est une vraie personne et il a attendu 7h. Cette séquence est marquante.

Dans les deux épisodes, nous ne voyons qu’un seul défunt, le père de votre personnage, est-ce que cela relève d’une volonté de garder une certaine pudeur ?

Oui ! C’est surtout de la bienveillance au-delà de la pudeur. On n’est pas dans le côté glauquissime de la chose. L’idée même du traitement de la mort, c’est très infime. Mes vraies convictions, c’est de dire que la mort est la fin de quelque chose, d’un cycle. Mais je me dis toujours que ceux que j’ai aimés sont là, qu’ils me touchent encore par ce qu’ils m’ont inculqué, notamment ma grand-mère qui me disait les choses, qui m’a laissé des traces de nos discussions, ou des copains qui sont partis, un monsieur que j’appelais « Tonton » me touche encore quand je prends un objet qu’il m’a offert. Je veux que l’on retienne qu’on parle de la fin de vie, mais qu’il y a l’amour.

Pendant ce tournage, vous avez retrouvé Pascal Légitimus, qui joue l’ex-mari de votre personnage, comment ça s’est passé ?

C’était cool ! Je me souviens j’avais fait un plateau d’humoristes au tout début de ma carrière et on parle souvent de parrain/marraine dans le milieu, lui c’était mon parrain. C’était marrant parce qu’on s’était dit qu’un jour on travaillerait ensemble et c’est arrivé. Ça s’est super bien passé ! C’est quelqu’un qui a toujours la petite phrase sur le plateau, le petit mot donc c’était assez drôle. Puis, en même temps, je me disais que c’était quand même Pascal Légitimus quoi ! (Rires)

« Je souhaite à tout le monde d’être content en allant au travail »

Le tournage a dû être sympa avec Philippe Lellouche, Ornella Fleury, Janis Abrikh et Samuel Bambi, l’équipe des porteurs.

C’était très sympa ! Il faut savoir que souvent dans la comédie les gens se disent qu’on doit beaucoup rigoler pendant le tournage, mais ce n’est pas le cas. Il faut avoir un rythme et le garder parce qu’autrement ça devient des vannes entre nous et quand on voit le résultat, ce n’est pas top. Il faut faire attention à ça, être précis et respectueux envers les gens qui sont derrière les caméras. Je souhaite à tout le monde d’être content en allant au travail.

J’imagine qu’avec le tournage des scènes avec Arnaud Binard torse nu, ça devait être un plaisir de se lever le matin...

(Rires) J’ai envie de dire que j’attends de découvrir les avis des téléspectateurs et téléspectatrices pour savoir s’ils auraient aimé être à ma place. Mais il faut savoir que tous les personnages ont bien été incarnés par mes camarades de jeu et l’équipe a été au service du sujet. C’était super !

Est-ce qu’une suite est déjà dans les tuyaux ?

Je peux vous dire qu’il y a deux épisodes qui sont là et on attend de voir s’il y a la rencontre avec le public. Pour le reste, je peux juste lâcher que ce n’est pas lorsqu’on a fait un album et qu’on est en concert qu’il faut oublier d’écrire le deuxième album... (Rires) C’est là !