Toutelatele

Bruno Solo (Ouija, un été meurtrier) : « Je ne me sens pas obligé de faire des choses qui ne m’enthousiasment pas ! »

Par
Rédactrice - Experte TV & Divertissements
Publié le 15/08/2024 à 20:03

Bruno Solo est à l’affiche de la nouvelle série de France 3 Ouija, un été meurtrier dont les premiers épisodes sont diffusés ce jeudi 15 août 2024. Le comédien s’est confié à Toutelatele sur les raisons qui l’ont poussé à accepter ce projet et il nous a également révélé son meilleur souvenir de tournage.

Tiffany Pintado : Pour quelles raisons avez-vous accepté ce projet poignant ? - Découvrez notre critique de Ouija, un été meurtrier

Bruno Solo : J’ai trouvé le scénario formidable et il me touche d’une manière particulière parce qu’en 1982, j’avais 18 ans, et un des axes de la série est le fameux match qui réveille des antagonismes enfouis par rapport à la guerre qui s’est terminée il y a moins de 40 ans.

Mon personnage l’a vécu dans sa chair, lorsqu’il avait 20 ans et lorsqu’il a 60 ans, l’âge que j’ai aujourd’hui, il voit arriver des enfants allemands, accompagnés par leurs éducateurs, dans son village de résistants. Cela réveille des blessures du passé et des inquiétudes. On le perçoit d’ailleurs dès la première scène avec mon personnage qui dit : « Les boches reviennent ».

J’ai également accepté ce projet, car j’avais envie de travailler avec Thomas Bourguignon [scénariste et réalisateur de la série, NDLR], Anne Le Ny, que j’admire, et Ophélie Kolb, qui est une amie très chère que j’avais un peu lancée dans Caméra Café : nouvelle génération.

Vous souvenez-vous du match France / Allemagne en 1982 qui va tout faire basculer dans la série ?

Je me souviens de ce match France / Allemagne à Séville [la demi-finale de la coupe du monde de football en Espagne] lorsqu’on a perdu. Il y a quelque chose qui a réveillé des accès de colère, des choses scandaleuses... Je trouvais que c’était malin de ramener cette histoire autour d’un match qui a été symboliquement extrêmement fort avec une réalité beaucoup plus fantastique autour de la planche du Ouija.

Avez-vous également accepté cette série de par votre grande passion pour l’histoire ?

Non, car j’ai déjà joué dans pas mal de films d’époque. Je fais partie de ces comédiens et comédiennes qui sont surtout attirés par le scénario. À l’âge que j’ai maintenant, je ne me sens pas obligé de faire des choses qui ne m’enthousiasment pas, qui ne me remuent pas un peu. J’ai le choix, le jour où je ne l’aurais plus, je ferais des films qui m’intéresseront moins parce qu’il faudra remplir le frigo. Mais tant qu’on me donne la possibilité d’avoir le choix, je suis ce qui me motive avant tout !

Quel est votre plus beau souvenir de ce tournage ?

Les lieux de tournage étaient beaux [la série a été tournée en Provence-Alpes-Côte d’Azur, NDLR] ! C’est super important pour la construction d’un personnage. Quand vous tournez un film et que votre regard se perd dans une nature belle et puissante, ça permet de rester concentré et de se rendre compte de la chance que l’on a de faire ce métier. Des fois, on tourne aussi à Porte de la Chapelle, près du périphérique, et c’est tout de suite beaucoup moins sexy... Quand on tourne dans des endroits comme ça, on se dit : « J’ai mis du temps pour y arriver, mais wouah ! » Ça, je me le dis souvent !

Même si fondamentalement, j’ai une appétence pour le théâtre - mon média absolu -, la télé et le cinéma offrent la possibilité de tourner dans des lieux merveilleux. L’endroit où les jeunes personnages font de kayak, c’était tellement beau... Pendant mes jours de congés, j’ai pris un vélo et je me suis baladé dans les gorges, ce sont des souvenirs forts.

La série traite de thématiques fortes comme le racisme, le destin des femmes pendant l’épuration et l’homophobie, peut-on parler d’une fiction engagée ?

À partir du moment où vous évoquez ces sujets avec dignité, ce qui est le cas ici, sans condescendance ou regard méprisant sur le sujet, oui, c’est engagé. C’est vu à travers le prisme des enfants qui n’ont pas la même culture. Ce sont des enfants d’un village relativement isolé en 1982 donc il n’y a pas le même accès aux informations qu’aujourd’hui. Ce sont des enfants conditionnés par la vision du monde de leurs parents et qui voient arriver des jeunes Allemands citadins, qui sont bien plus urbains et dans le progrès.

Donc, cette confrontation, avec les enfants qui ont des attirances différentes, des cultures différentes, est très intéressante puisqu’un enfant n’a pas d’a priori fondamentalement. Il est prêt à tout recevoir, mais s’il reçoit moins, c’est qu’il a été conditionné par l’éducation qu’on lui a donnée. On sent en tout cas qu’il y a une découverte au travers de ces enfants, celle d’une autre vision.

Comment résumeriez-vous la série en quelques mots ?

La vérité sort de la bouche des enfants ! En l’occurrence ici de l’esprit des enfants, ce sont eux qui réveillent des vérités enfouies, par le biais d’une fable fantastique, mais quand même ! Ce sont eux qui révèlent les douleurs et qui font en sorte que ce village connaisse un apaisement qu’il n’avait pas.