[20 ans Toutelatele, 1999] C’est mon choix, les secrets de l’émission culte d’Evelyne Thomas
A l’occasion de ses 20 ans, Toutelatele s’arrête sur l’année 1999 pour revenir sur le lancement de l’émission quotidienne de France 3, C’est mon choix. Evelyne Thomas, animatrice emblématique du format, raconte les dessous de ce show à succès.
C’est mon choix a marqué à tout jamais l’histoire de la télévision. Le talk-show de France 3 a introduit un souffle nouveau à la télévision française, mais a également soulevé de nombreuses polémiques. La naissance même de C’est mon choix a suivi plusieurs rebondissements.
Evelyne, précurseur sur TF1
Evelyne Thomas débute sa carrière de journaliste dans les années 80. Elle fait notamment ses armes aux JT régionaux de France 3 avant d’arriver en 1996 sur TF1 avec ce qui sera le précurseur de C’est mon choix : « Un jour, les Américains ont débarqué en France pour monter le premier talk-show à l’américaine. Il s’est appelé Évelyne et était sur TF1 à 11 heures du matin. Ça a fait un carton, mais ça n’a pas duré longtemps » raconte Évelyne Thomas.
Pourtant, à cette époque, le directeur de l’antenne de TF1, Étienne Mougeotte, ne voit pas d’un bon œil ce nouveau rendez-vous et prend une décision radicale. « L’émission était fabriquée par la régie publicitaire. Etienne Mougeotte n’avait pas la main dessus donc il y avait des bisbilles internes. Ça gênait un peu aux entournures. On a pris la tranche à 12% et on l’a emmené à 36% - 40% fin juin. À l’image de Jean-Marc Morandini et Jacques Pradel, on a été sacrifié dans l’histoire de la quête de sens. »
Si l’émission s’arrête au bout de quelques mois seulement, un producteur à succès a repéré Evelyne Thomas sur TF1 : « Deux ans après, j’étais au chômage. Jean-Luc Delarue m’a appelée. J’ai cru que c’était un ami avocat qui me faisait un blague. Je ne savais plus quoi dire. Jean-Luc me dit ’Est-ce que vous êtes libre pour venir me voir cette semaine ?’. C’est parti comme ça. »
Les débuts de C’est mon choix
À la même époque, France 3 est dans la tourmente. Son talk-show Parole d’Expert est supprimé en début d’après-midi par suite d’une procédure de sanction du CSA qui accuse le programme de publicité clandestine. Pour autant, Jean-Luc Delarue ne parvient pas d’emblée à convaincre le diffuseur : « Avec ses équipes, Jean-Luc Delarue a eu le talent de franciser le concept et de trouver un titre culte « C’est mon choix ». Il a eu du mal à le vendre, aucune chaîne n’en voulait. France 3 a mis du temps à l’accepter. »
France 3 lance finalement C’est mon choix le lundi 22 novembre 1999 à 13h50. La première de C’est mon choix réunit 736 000 téléspectateurs, soit 7.9% de part d’audience dans une case endommagée, face aux Feux de l’amour de TF1 qui réunissent encore plus de 40% du public. Le soap américain rassemble même encore plus de 50% des fameuses ménagères de moins de 50 ans. « La première a fait de bonnes audiences. La chaîne était contente. Mais le lendemain on a passé « J’ai un bébé à 45 ans » et cela a été un bide monstrueux. Comme on avait monté une quinzaine d’émissions, on a changé toute la grille de programmation » se souvient Évelyne Thomas.
Audiences en hausse
Les changements payent. Très rapidement les audiences progressent et ne cessent de grimper. L’émission dépasse les 20% de part de marché à la fin de la saison. Face au succès grandissant, Evelyne Thomas veut injecter l’une des séquences à succès de son précédent talk-show, non sans mal : « Quand je travaille avec les américains sur Évelyne, ils ont l’habitude de faire du relooking en plateau. On a monté dans Évelyne les premiers relookings de la télévision française. Quand j’arrive chez Jean-Luc Delarue, je lui dis qu’on se devait d’en faire. J’ai mis un an à batailler pour qu’on fasse le thème. »
France 3 décide de miser encore un peu plus sur C’est mon choix alors que les audiences sont au beau fixe et que la concurrence guette. À l’été 2000, des best of de C’est mon choix sont propulsés à 20h20 alors que le jeu Fa Si La Chanter vit ses dernières heures avec tout juste 11% de part de marché. « On est aussi passé en best of à 20 heures où on a talonné de près PPDA. Du coup, la chaîne mettait C’est mon choix un peu partout et ça marchait. »
À la rentrée 2000, C’est mon choix affiche 25% de part de marché auprès de l’ensemble du public, et plus de 33% auprès des femmes responsables des achats de moins de 50 ans. Evelyne Thomas fait alors de l’ombre aux Feux de l’amour de TF1, mais aussi à la sacro-sainte messe de 20 heures.
Un succès qui irrite
TF1 est plus qu’irritée du succès d’Evelyne Thomas qui dépasse désormais 20% de part d’audience à 20 heures. Dans le même temps, le CSA envoie un avertissement à France 3 qui ne respecterait pas la sensibilité des enfants et des adolescents. « Dérapages et dérives » sont alors pointés du doigt. « Cela a commencé quand on a fait de l’ombre aux autres. Ceci explique cela. À l’époque, peu d’émissions ont fait parler le public. C’est mon choix était très populaire, mais choquait une certaine intelligentsia. J’étais extrêmement protégée par les équipes de Reservoir Prod. C’est la rançon, du succès d’une émission populaire. Strip-Tease qui faisait les grandes heures des journaux intellectuels de l’époque était beaucoup plus voyeuriste que l’ambiance bon enfant de C’est mon choix. »
Alors que C’est mon choix concentre 70% des recettes publicitaires de France 3, la chaîne décide de propulser l’émission en prime time le dimanche 12 novembre 2000. « On n’était pas pressée, moi la première ! Je n’ai jamais été à cheval sur les primes. Je suis une fille de daytime. Les primes, ça m’a toujours fait un peu peur. C’est très casse-gueule. On nous l’a proposé. » Pour sa première en prime time, C’est mon choix se classe sur la deuxième marche du podium des audiences de la soirée avec 6,2 millions de téléspectateurs et 25.7% de part de marché.
France 3 calme les tensions et supprime le best of à 20 heures durant six mois avant de faire revenir Evelyne Thomas en frontal avec les JT, à la suite de l’échec de Tous égaux. La quotidienne réunit toujours plus de 24% du public âgé de 4 ans et plus, et 28.3% des femme de moins de 50 ans. Le lundi 23 avril 2001, C’est mon choix revient en prime avec un nouveau succès à la clé. Évelyne parvient à réunir plus de 5,2 millions de téléspectateurs. La saison suivante, les spéciales en prime réuniront 6 millions de téléspectateurs, soit 24.9% du public.
Une fin délicate
À la fin de la saison 2002, C’est mon choix parvient à réunir encore 2 millions de téléspectateurs, soit 21.9% du public. Dans un souci d’apaisement, France 3 évince Evelyne Thomas à 20 heures pour Le fabuleux destin qui peinera à dépasser les 11% de part d’audience dans cette case.
En 2004, un séisme secoue le PAF alors qu’Évelyne Thomas décide de rejoindre TF1, mettant un terme à C’est mon choix. « On était en plein renouvellement du Président Tessier. Je sentais qu’il fallait qu’on s’adoucisse un peu. J’avais dit à Jean Luc : Tu sais il faudrait qu’on fasse quelque chose d’un peu plus posé avec des thèmes sérieux. Ce n’était pas le choix a priori de la chaîne. Jean-Luc ne voulait pas trop et il s’est passé plein de choses. »
L’émission a connu alors une seconde vie dès 2015 sur Chérie 25.