Xavier de Moulins, l’oiseau de nuit de Paris Dernière
Après des études brillantes et des piges dans divers magazines, Xavier de Moulins investit la petite lucarne pour la première fois en 1999 dans Nulle part ailleurs. En 2002, il présente les indiscrétions dans + Clair aux côtés de Daphné Roulier. Trois ans plus tard, il rejoint Maïtena Biraben pour dresser des portraits décalés dans Nous ne sommes pas des anges. Depuis septembre 2006, il succède à Frédéric Taddéï pour les virées nocturnes de Paris Dernière et officie régulièrement sur France Inter.
Toutelatele.com est parti à la rencontre de ce véritable touche-à-tout.
Thibaut Lescuyer : Avant d’en prendre les rênes en septembre 2006, quelle image aviez-vous de Paris Dernière ?
Xavier de Moulins : Celle d’une émission libre qui repose essentiellement sur le ton et la personnalité de celui qui la fait. Je regardais cette émission presque depuis son lancement en 1995 avec Thierry Ardisson et j’ai assisté au passage de témoin lorsque Frédéric Taddeï l’a reprise. Aujourd’hui, je trouve que le concept ne s’est pas dénaturé.
Succéder à Thierry Ardisson et Frédéric Taddeï, exercice-t-il une pression supplémentaire ?
La pression existe, l’important c’est d’y résister. J’ai un principe de vie : quand on va au bal, c’est pour aller danser. Si je m’étais posé trop de questions, je ne serais peut-être pas là aujourd’hui. Cela étant, c’est vrai que pour succéder à Thierry et Frédéric qui sont loin d’être des abrutis, il faut se mettre une pile. C’est ce que j’ai essayé de faire.
Vous a-t-on laissé la liberté pour imposer votre patte à ce concept parfaitement huilé ?
Complètement, je n’ai eu aucune contrainte. On m’a dit : « fais comme chez toi ! » Du choix des invités en passant par le contenu des interviews, au montage, c’est moi. Pour les musiques, Thierry Ardisson fait une pré-sélection et il met à ma disposition un certain nombre de titres toutes les semaines. Je détermine ensuite le morceau adéquat en fonction de la séquence.
Avez-vous éprouvé certaines difficultés au départ ?
Filmer avec la caméra-main tout en interviewant simultanément, il a fallu un peu temps d’adaptation. Mais à raison de 30 émissions de 52 minutes comprenant en moyenne chacune 15 interviews, je me suis rapidement rôdé.
Comment choisissez-vous l’endroit dans lequel vous rencontrez les people ?
Idéalement, je préfère aller chez les gens. Quand ce n’est pas possible, j’essaie de trouver un endroit où la personnalité de la personne va bien ressortir. Pour Valérie Damidot par exemple, je la retrouve dans un restaurant avec sa bande d’amis : c’est un endroit convivial qui lui correspond bien. L’intérêt étant d’avoir des gens naturels dans la conversation tout en parvenant à tirer des éléments intéressants des interviews.
Préférez-vous discuter avec les stars ou les anonymes ?
Le people, c’est le gage d’une émission qui plaira au plus grand nombre. Mais il se passe aussi des choses très fortes avec les anonymes sans qui Paris Dernière ne serait pas la même. J’essaie de trouver le bon équilibre.
Comme dans la Spéciale Femmes de télé, inviter régulièrement des célébrités, est-ce un moyen de rassasier la fascination des gens pour les people ?
C’est vrai qu’il y a pas mal de célébrités qui sont passées dans mon émission, je ne le renie pas, c’est un peu ma patte. Je trouve que c’est bien d’avoir des gens fédérateurs à condition de les montrer sous un angle nouveau. Dans Paris Dernière, je le fais plus à la façon d’un explorateur que d’un voyeur.
Y’a t-il des personnes que vous rêveriez d’interviewer ?
Il y a deux personnalités fortes que j’aimerais bien rencontrer. Kate Moss et Claire Chazal. C’est le grand écart type que permet de réaliser cette émission.
Paris Dernière laisse également une place importante à l’improvisation...
Il le faut ! Mais c’est avant tout de l’adaptabilité. Il arrive que le rendez-vous initialement prévu en tête à tête chez la personne, se termine finalement avec une bande de potes dans un hall d’hôtel ! C’est aussi ce qui fait l’essence du programme. L’important est d’être à l’écoute de l’environnement. A chaque seconde il peut se passer un événement avec lequel je suis obligé de composer, parfois même de jouer.
Cette capacité à s’adapter, l’avez-vous travaillée ?
Non je l’avais déjà. C’est aussi ma vision de la vie. Si j’ai l’habitude de ne rien laisser au hasard, j’aime bien qu’il me surprenne aussi. Les éléments qui viennent perturber l’interview peuvent donner du relief. Il faut les recevoir de manière zen.
Êtes-vous un oiseau de nuit ?
J’ai toujours aimé ce moment où on est « à la cool » même si avant, je ne le concevais pas de la même manière qu’aujourd’hui. Désormais, grâce à l’émission, je vis des nuits beaucoup plus hétéroclites. Du salon de l’auto avec Vincent Perrot, en passant par l’ambassade du Portugal en compagnie de Fanny Ardant ou encore en moto avec un gang, je ne connais pas une émission qui propose un menu aussi varié. En l’espace d’une soirée, j’ai l’impression d’avoir vécu une semaine.
N’est-ce pas difficile de conserver une bonne hygiène de vie avec autant d’escapades nocturnes ?
Est-ce que je suis devenu complètement alcolo, c’est ça que vous voulez dire ? (rires). J’ai toujours été un couche-tard et un lève-tôt, mais à un moment donné, il faut savoir mesurer ses limites et tempérer ses ardeurs. Il y a une émission à fabriquer, cela reste un bon garde-fou.
De votre collaboration au guide du routard, en passant par le Monde, les Inrock ainsi que la télé et la radio, vous êtes un véritable touche à tout. N’avez-vous jamais eu peur de vous égarer ?
C’est bien d’avoir acquis une certaine maturité, vécu les choses et appris à les fabriquer. C’est ce parcours qui me permet aujourd’hui de faire Paris Dernière. Je trouve que c’est une émission qu’il ne faut pas faire trop tôt. Il est essentiel d’avoir vu du pays avant !