Stéphane Thebaut (La Maison France 5) : « L’allongement de l’émission de 30 minutes donne la possibilité de lutter à armes égales avec les autres programmes en prime »
Depuis 2003, Stéphane Thebaut sillonne la France afin de faire découvrir des lieux de vie originaux. Alors que l’émission durera trente minutes de plus à partir du 8 septembre 2017, son animateur s’est confié à Toutelatele sur les coulisses du programme et sur les nouveautés à venir.
Paul Gratian : Comment choisissez-vous les lieux et les régions mises en avant dans un numéro ?
Stéphane Thebaut : On essaie de faire un tour de piste c’est-à-dire qu’on ne va pas privilégier une région plus qu’une autre. On va partout en France, car il y a toujours des spécificités architecturales. On veut avoir l’offre la plus large possible donc on fait le tour de toutes les régions.
Chaque semaine vous présentez des maisons et des lieux toujours très originaux. Comment les trouvez-vous ?
Parce qu’on est très fort (rires). D’une part, la longévité de l’émission rend la recherche plus facile, car les personnes sont en confiance et savent comment le tournage va se passer. En plus, on est conseillé par un réseau d’architectes, de designers et de décorateurs avec qui on a déjà fait des émissions. Le bouche à oreille fonctionne très bien aussi. Par exemple, quand on tourne dans une maison dans le sud de la France, des personnes peuvent nous dire qu’ils connaissent des propriétaires de maisons exceptionnelles en Normandie. On garde cette information dans un coin de nos têtes et on les réutilise plus tard. En plus de cela, on utilise tout ce qui se fait en presse magazine et sur Internet. Le programme existe depuis 17 ans, mais il y a des maisons partout à travers le monde et il y en aura toujours à visiter. On est sur une source inépuisable de matière.
Chaque été, vous partez dans des pays étrangers, mais le reste de l’année, le programme se déroule en France. Aimeriez-vous aller plus souvent hors de nos frontières ?
C’est difficile, car il y a de nombreuses minutes de plateau à faire pour chaque numéro et, dans une destination où tous les intervenants ne sont pas francophones, cela met plus de temps à l’enregistrement et au montage. Bien sûr, on aimerait bien y aller plus souvent, mais notre budget ne nous permet pas de partir très loin. À chaque fois, on est allé dans des villes où les offices de tourisme prennent en charge une partie des frais de production (billets d’avion, hébergement…). Pour ces raisons pratiques, nous privilégierons toujours l’Europe.
« On travaille avec la même équipe depuis 17 ans. C’est une bande d’amis qui part en tournage plus que des collaborateurs et chacun sait ce qu’il doit faire »
Comment se déroule le tournage ?
Pour une heure d’émission, cela nécessite deux jours de tournage. C’est un rythme assez soutenu puisqu’on a entre quatre et cinq rencontres par jour. À chaque fois, on discute un peu avec les gens pour les mettre en confiance avant de tourner des images donc cela prend du temps. Mais cela fonctionne bien puisqu’on travaille avec la même équipe depuis 17 ans. Nous sommes huit et on se connait parfaitement bien. C’est une bande d’amis qui partent en tournage plus que des collaborateurs et chacun sait ce qu’il doit faire.
Les rencontres sont-elles toutes prévues en amont ?
La plupart du temps, les entretiens sont déjà prévus. Les plateaux de liaison peuvent parfois être plus spontanés. Cela peut m’arriver de tomber sur un artisan dans la rue en train de travailler et de parler avec lui pendant quelques minutes. Mais on ne peut pas partir au tournage la fleur au fusil.
« Avec trente minutes de plus, on va multiplier les rencontres pour proposer quelque chose de plus étoffé aux téléspectateurs »
À partir du vendredi 8 septembre, l’émission durera 30 minutes de plus. Qui est à l’origine de ce changement ?
C’était la volonté de la chaîne qui nous avait demandé depuis un an et demi de réfléchir à un concept pour booster leurs prime time. On avait fait un premier numéro de 90 minutes sur Bordeaux en juin 2016 qui avait très bien fonctionné en termes d’audience. France 5 a décidé, malgré un contexte d’économies budgétaires, d’attribuer un budget supplémentaire pour cette émission. On est ravi, car cela fait longtemps que l’on demandait cette possibilité de lutter à armes égales avec les autres programmes en prime du vendredi soir qui durent 90 voire 120 minutes. J’espère qu’on sera régulièrement devant les autres chaînes avec ce nouveau format.
Quelles seront les nouveautés en plus ?
Avec 60 minutes, on essayait déjà de toucher à des terrains différents pour que chaque téléspectateur trouve son compte à un moment ou à un autre. Désormais, la palette sera encore plus importante. Il y aura plus de visites de maisons (au moins deux), de nouvelles rencontres avec des personnes en lien avec l’habitat et l’architecture (des antiquaires, des artisans…). On va multiplier les rencontres pour proposer quelque chose de plus étoffé aux téléspectateurs.
La rubrique « Changer » reviendra-t-elle ?
Bien sûr, Stéphane [Millet], Karine [Martin] et Gaëlle [Cuisy] proposent des offres assez différentes. On reçoit beaucoup de demandes. Certaines personnes ne comprennent pas que nous ne sommes pas là pour refaire l’intégralité d’une maison. Le projet doit rentrer dans l’enveloppe budgétaire que nous nous sommes fixée puisqu’on ne paie qu’une partie des travaux. On sélectionne en essayant de varier les plaisirs d’une semaine sur l’autre. Il faut aussi que ces travaux soient concernant et accessibles pour les téléspectateurs, car on développe des idées que les gens peuvent appliquer.
« On aimerait bien refaire une émission spéciale avec Silence ça pousse, mais il faut que les calendriers des uns et des autres soient favorables et que France 5 puisse y attribuer une case et un budget »
Le premier numéro de ce genre, le vendredi 8 septembre, sera consacré à Toulouse. Qui allez-vous rencontrer ?
On s’est concentré sur deux quartiers : les Carmes et Saint Cyprien. On a vu un architecte du patrimoine qui nous parle des spécificités architecturales de la ville notamment de la brique rose. Dans la nouvelle formule, il y a une carte blanche donnée à une personne qui nous fait découvrir son quartier à travers ses coups de cœur. Un homme nous a donc fait visiter une fabrique de zelliges, des carreaux marocains en faïence, ainsi qu’un ferronnier d’art. Nous sommes aussi partis aux États-Unis avec un homme qui tient une boutique de décoration sur ce pays concernant les années 1950-60. Enfin, nous nous sommes intéressés à La Toulousaine, une maison typique de la ville, et à une société assez avant-gardiste qui étudie de nouveaux matériaux pour la construction ou l’isolation.
Où se dérouleront les prochains numéros ?
On se rendra à Carcassonne, Saint-Rémy-de-Provence et Nîmes. Les prochains tournages seront effectués sur la côte d’Émeraude (en Bretagne), à Rennes, ainsi qu’à Pau et Bayonne.
En 2014, La Maison France 5 et Silence ça pousse s’étaient alliés lors d’un numéro spécial. Aimeriez-vous renouveler cette expérience ?
On aimerait bien, mais il faut que les calendriers des uns et des autres soient favorables et que France 5 puisse y attribuer une case. Un programme comme celui-là coûte forcément plus cher qu’une émission classique donc cela demande des moyens et de l’argent. Ce crossover avait été un réel succès, mais c’est à France 5 de décider. En tout cas, cette expérience avait été très intéressante à la fois pour nous et pour eux et les téléspectateurs avaient vraiment appréciés. On a déjà des idées de projets sur lesquels on pourrait faire des choses similaires avec Silence ça pousse, mais reste à savoir si c’est envisageable.