Sophie Lebarbier et Fanny Robert, créatrices de Profilage : « Chloé n’est pas une enquêtrice comme les autres »
A l’occasion de la diffusion de la saison 5 de Profilage sur TF1, Toutelatele a rencontré les deux créatrices de la série pour commenter chacun des 12 épisodes. Ici, les deux jeunes femmes parlent de l’épisode 2, intitulé « Poupée russe ».
Claire Varin : « Poupée russe » s’ouvre une séquence d’interrogatoire assez drôle où Chloé fait passer des entretiens à des nourrices. Elle choisit finalement un motard, joué par Michaël Vander-Meiren. Pouvez-vous parler de ce personnage de baby-sitter ?
Sophie Lebarbier : Il incarne la spécificité du rapport de Chloé aux gens, à la maternité, etc. On a un petit peu pensé à une scène d’Erin Brockovich quand on a créé ce personnage. Chloé n’est pas une enquêtrice comme les autres, elle ne peut pas être une maman comme les autres. Elle voit ce qu’il y a à l’intérieur des gens et elle ne peut pas avoir les mêmes critères de sélection qu’une maman lambda.
Chloé est mère et les figures de mères sont présentes sur chaque épisode. La maternité est-elle votre thématique principale de la saison ?
Sophie Lebarbier : Très honnêtement, on n’a pas pensé cette saison comme étant la saison de la maternité. Simplement l’ADN de Profilage, c’est la famille. Il se trouve que cette saison Chloé est maman. Et nous sommes aussi traversées par notre inconscient alors ça s’est répandu sur notre écriture. Mais certains épisodes nous sont apportés par des scénaristes indépendants, donc non conçus par nous au départ, et pour autant ils nous ont rejoints là-dessus. Parfois, les choses se font de façon un peu magique, on ne sait pas trop comment.
Fanny Robert : Il est évident que l’évolution de Chloé, a posteriori, reflète les évolutions de nos vies aussi. Il lui est arrivé beaucoup de choses qui nous sont arrivées dans la vie. Elles sont retranscrites de façon fictionnelle et disproportionnée. Mais c’est vrai qu’elle est devenue maman quand nous sommes devenues mamans. On a voulu faire un contre-pied total avec ce que les gens ont vu la saison d’avant. On a fini dans des noirceurs très profondes et là, on a ouvert sur un truc hyper gai, hyper pop et on va expérimenter. Chloé va apprendre à être maman. Elle a tout l’amour qu’il faut pour être maman, mais elle n’a pas trop les codes.
L’épisode se termine sur un cliffhanger introduisant un nouveau personnage, incarné par Éric Berger. Que pouvez-vous dire sur Roze ?
Sophie Lebarbier : On avait écrit une figure de grand méchant sociopathe. Et on avait envie d’un personnage qui ne porte pas forcément ça immédiatement ni dans son image de comédien, ni dans son physique. C’est une proposition de notre directrice de casting, Adèle Esposito, qui nous a enthousiasmés tout de suite.
Aviez-vous vu Éric Berger dans Caïn ?
Fanny Robert : On nous l’a dit après. Il faut avouer que nous étions très contentes de notre coup, ça nous a un peu attristées. Mais je n’ai pas vu cet épisode de Caïn.
« Petit à petit, Profilage devient du drama, qui se déguise un peu en polar »
Au fur et à mesure, la série embrasse plus en plus le feuilletonnant. Et cette saison, vous semblez multiplier les fils rouges...
Sophie Lebarbier : De plus en plus, Profilage devient un univers. Un monde en soi. Il y a des personnages que l’on a quitté il y a un, deux, trois ans et que l’on a envie de voir revenir. Il y a toute une mythologie autour de la série et de cette famille. Et c’est le luxe que nous donne le temps. On a 55 épisodes derrière nous et c’est une matière d’une très grande richesse pour épaissir, étoffer et enrichir ce monde Profilage. Ca reste très important d’être pointu sur des intrigues policières originales, déroutantes, parfois dérangeantes, mais petit à petit, Profilage devient du drama, qui se déguise un peu en polar. C’est une évolution qui est naturelle dans notre écriture et on espère qu’elle va continuer à rencontrer le public.
Fanny Robert : Au fur et à mesure, on a enrichi nos personnages. On essaie de toujours traiter les choses comme s’il n’y avait pas de personnages secondaires dans Profilage. Une arche Hyppolite/Fred, par exemple, doit avoir la richesse, la complexité et la densité d’une arche Chloé. On les traite avec le même cœur. C’est une arche très importante cette saison, comme l’arche Chloé et l’arche de Rocher, qui va rejoindre l’arche de Chloé in-fine. On essaie de faire que tous les fils rouges se rejoignent à la fin. On a quatre fils rouges cette saison. C’est du travail de précision de les faire évoluer au fur et à mesure, pas tous au même moment et dans l’idée d’un feu d’artifice final.
Vous évoquez des intrigues dérangeantes. Quelles sont vos limites ?
Sophie Lebarbier : Il y a des limites légales qui viennent du CSA. Pas d’enfant tueur ou pas de gros plan sur des enfants victimes. Après on s’amuse à jouer avec ça. Ce qui nous intéresse c’est d’aller toujours le plus loin possible dans nos histoires.
Était-ce compliqué de faire jouer une femme qui n’a pas grandi, et meurtrière, à une enfant ?
Sophie Lebarbier : La jeune Carla Besnainou est une jeune comédienne qui avait déjà tourné, qui était solide. On ne serait pas lancé dans ce rôle avec une jeune fille inexpérimentée. Mais malgré son expérience des plateaux et la pleine conscience de ce qu’elle jouait, on l’a beaucoup protégé pendant le tournage. Il y a des scènes qui sont trichées, où on pense que c’est elle qui les jouent alors que ce n’est pas le cas.