Sami El Gueddari (Danse avec les stars 2019) : « Je ne cesse de découvrir les limites de mon handicap... »
Ce samedi 19 octobre, TF1 diffusera le cinquième prime de la saison 10 de Danse avec les stars. Sami El Gueddari se confie sur sa participation au show de TF1. Contraint de danser avec une prothèse, le champion de natation paralympique explique comment Fauve Hautot a imaginé leur binôme.
Benoît Mandin : Pourquoi avoir accepté de participer à Danse avec les stars ?
Sami El Gueddari : Mon objectif est de démocratiser le handisport. Je veux faire connaître le champ des possibles pour les personnes valides ou en situation de handicap. TF1 m’offre une formidable opportunité pour y parvenir. Mon intention est d’apporter un coup de projecteur sur le paralympisme.
Avez-vous eu des appréhensions ?
Quand TF1 m’a approché, je n’ai pas eu d’appréhension par rapport à mon handicap. Je le connais bien et je sais le gérer. Je savais qu’il y aurait des contraintes pour mener à bien ce défi. En même temps, c’est mon parcours de vie. J’ai été habitué à ça et finalement on trouve toujours des solutions pour y remédier. Je redoutais plus de tomber dans un écueil de montrer mon handicap alors que tout le monde n’est pas dans ma situation. Je ne souhaitais pas être un représentant ou un porte-parole, mais simplement apporter une autre grille de lecture. Tout cela dans le but d’ouvrir les esprits sur le handicap et le handisport.
À travers votre prothèse, redoutiez-vous des contraintes liées à l’apprentissage d’une discipline telle que la danse ?
Objectivement, pas du tout. Je n’avais pas conscience à quel point c’était intense. Danse avec les stars représente un investissement sportif de haut niveau. On s’entraîne sur un rythme qui me rappelle fortement celui de ma carrière sportive. À travers l’émission, j’ai l’impression de revivre la dynamique d’entraînement, de performance et de dépassement de soi.
« Avec Fauve Hautot, il y a une vraie connexion »
Diriez-vous que votre carrière de sportif de haut niveau a été une force pour affronter Danse avec les stars ?
Le fait d’avoir une culture de sportif de haut niveau est un avantage. On a l’habitude de s’entraîner et d’être exigeant sur les points de détail. Sur le plan physique, c’est aussi le cas. Bien qu’on le connaisse, Danse avec les stars permet de découvrir son corps dans des champs inexplorés. À travers mon parcours, j’ai des réflexes de construction, de répétition d’effort et d’ancrage. Je suis admiratif des autres candidats qui ne viennent pas du sport. D’un coup, ils se retrouvent immergés dans des entraînements intenses et de la grosse production physique.
Ne craigniez-vous pas une mise à nu devant des millions de téléspectateurs ?
On n’y est pas forcément habitué, mais ça fait partie de l’aventure. Les sportifs communiquent par rapport à des performances et des choses pragmatiques. Danse avec les stars est plus dans un côté personnel à travers des parcours de vies relatées. Cela permet aux téléspectateurs de mieux appréhender tout ce qui gravite autour de chaque candidat. En fonction des sujets, la mise à nu est plus ou moins facile. Quand on parle de l’enfance, on a chacun notre grille de lecture. C’est un vrai exercice de style. Vu que je veux apporter un éclairage sur le handicap, cette étape était nécessaire.
Comment s’est passée votre rencontre avec Fauve Hautot ?
Mon souhait de danser avec Fauve Hautot a été exaucé. Notre rencontre s’est encore mieux passée que j’aurais pu l’imaginer. On a une approche similaire du sport et de la vie. Entre Fauve Hautot et moi, il y a une vraie connexion. Même si c’est une partenaire de danse, je la perçois comme un coach. Elle me pousse chaque jour à faire mieux comme l’ont fait tous les entraîneurs qui ont jalonné ma carrière. C’est une vraie chance de pouvoir partager cette aventure avec Fauve Hautot.
« L’objectif est que l’on soit les meilleures possibles pour produire un show de grande qualité »
Concernant les chorégraphies, quelles limites vous êtes-vous fixées ?
J’ai bien aimé dès le début son approche sur le handicap. Elle m’a demandé ce que je pouvais ou non faire. J’ai très vite senti qu’elle ne fixerait pas de limites et ça m’allait très bien. Je voulais vivre Danse avec les stars avec une personne qui n’allait pas faire une montagne du handicap. Je ne souhaitais pas avoir une partenaire qui avait peur de me confronter à une incapacité. Fauve Hautot construit chaque semaine un projet ambitieux et on l’adapte en fonction de ce que je peux faire. Je ne cesse de découvrir les limites de mon handicap.
Ce samedi 19 octobre, TF1 diffusera le cinquième prime de la saison 10 de Danse avec les stars. Dans quel état d’esprit vous situez-vous à ce stade de la compétition ?
Je me situe bien puisque j’ai la chance pour l’instant d’être dans le haut du classement (rires). Au fur et à mesure, on comprend la mécanique de l’apprentissage des chorégraphies. On sait à quelle sauce on va être mangé chaque semaine. J’ai plus l’impression de retrouver ce que j’avais en compétition : je sais davantage ce qui m’attend ou comment me mettre dans une configuration pour aborder chaque nouvelle semaine avec ambition.
À l’occasion d’une soirée anniversaire de « DALS », vous formerez un trio avec Fauve Hautot et un candidat emblématique de l’émission. Comment abordez-vous ce challenge ?
C’est bien, car ça arrive à un bon moment de l’aventure. Ça apporte une autre couleur et un autre regard avec une personne qui a déjà vécu l’expérience. Chaque semaine, on a la chance d’avoir des danses différentes. Cela amène une autre énergie, musique… Chacun vit une aventure singulière. À travers Danse avec les stars, c’est intéressant de voir comment certains construisent leur motricité et trouvent des solutions. Je me repose beaucoup sur l’analyse. Entre candidats, on échange sur les difficultés que l’on a pu rencontrer. On doit apprendre énormément de choses en très peu de temps donc on se distille nos petites astuces.
« Yoann Riou a sa place dans DALS »
À ce stade de la compétition, certains profils se détachent en haut du classement. À votre image, Clara Morgane a confirmé cette tendance à l’issue du prime 4…
Je viens d’un sport, la natation, où on a la chance de se battre avant tout contre soi-même. On est chacun dans notre ligne d’eau et c’est sa production qui permet d’être premier ou deuxième. Je vis Danse avec les stars de la même manière. L’objectif est que l’on soit les meilleurs possibles pour produire un show de grande qualité. Je connaissais Ladji Doucouré avant l’aventure. Et chaque semaine, on est plus là pour s’aider. En soi, « DALS » n’est pas une compétition les uns contre les autres.
L’élimination d’Hugo Philip le samedi 12 octobre a suscité l’indignation sur les réseaux sociaux. Beaucoup de téléspectateurs pointent du doigt le niveau de danse de Yoann Riou. Qu’en pensez-vous ?
C’est forcément difficile chaque semaine de perdre un camarade. Tout le monde est très investi dans cette aventure. Après, on connaît les règles du jeu. Il y a la notation des juges et le public dit ce qu’il a envie de voir. Yoann Riou est souvent sur les mêmes créneaux d’entraînement que moi. C’est quelqu’un d’énormément investi donc il n’est pas moins méritant. On ne peut pas uniquement juger la performance sans regarder la progression et l’investissement. Personne ne mérite d’être éliminé en soi, car tout le monde fait de son mieux. À ce moment-là, j’étais sportif de haut niveau donc je pars d’un avantage… L’aventure est belle, il ne faut pas avoir ce type d’a priori. Peut-être que Yoann Riou ira en finale et gagnera la saison 10 ! Ce ne sera peut-être pas le meilleur danseur, mais la meilleure progression. Cela montrera que le public s’est reconnu en lui et a souhaité le voir évoluer chaque semaine sur le parquet de Danse avec les stars. Yoann Riou a toute sa place dans DALS !