Robert Knepper > De Prison Break à Heroes
Robert Knepper a incarné l’odieux T-Bag pendant quatre ans dans Prison Break. Les rôles de méchant semblent le poursuivre puisque pendant la 4e et ultime saison de Heroes, il s’est glissé dans la peau de Samuel Sullivan, un directeur de cirque qui a comme pouvoir la géokinésie. Pour Toutelatele.com, Robert Knepper revient sur ces deux rôles marquants de sa carrière.
Adeline Stachowiak : De quelle manière avez-vous été approché pour camper le rôle de Samuel Sullivan dans Heroes ?
Robert Knepper : A la fin de Prison Break, j’ai reçu un appel de mon agent pour me dire que les producteurs de Heroes souhaitaient me rencontrer. Nous avons donc eu un rendez-vous et ils m’ont parlé du rôle de Samuel. Ils me l’ont présenté comme une personnalité assez complexe à la tête d’une troupe de cirque, physiquement proche d’une rockstar façon Keith Richards. La description était intéressante.
Vous avez intégré le casting à partir de la quatrième saison. Arriver au sein d’une équipe déjà formée a-t-il été difficile ?
Quand on participe à une série télévisée, on forme rapidement une famille. D’un point de vue extérieur, on se rend compte plus facilement de la situation en arrivant en cours de route sur une production, comme ce fut mon cas avec Heroes. J’ai ainsi rejoint une famille, que ce soit entre les acteurs, auteurs ou producteurs. Ils connaissaient tous Prison Break et avaient bien aimé mon personnage de T-Bag. Ça m’a aidé à m’intégrer.
Vous êtes également apparu dans la websérie Heroes : Slow Burn. Considérez-vous l’interaction via différents supports comme importante aujourd’hui ?
La télévision vit depuis quelque temps son pire scénario : elle devient obsolète, et ce, au profit d’internet. À titre personnel, je n’ai pas le temps de la regarder, et c’est la même chose pour tout le monde autour de moi. Alors, pour suivre des programmes, les gens se tournent vers le téléchargement ou les sorties en DVD. Les networks américains doivent malgré tout survivre dans cet environnement. NBC a donc beaucoup misé sur l’interactivité autour de Heroes, d’où la création de Slow Burn.
De quelle façon consommez-vous les séries télévisées ?
J’ai grandi sans télévision. Quand j’étais petit, mon père était contre. À cette époque, nous favorisions les moments en famille, notamment en chantant tous autour du piano. De ce fait, la télé ne me manque pas aujourd’hui, même si j’adore travaillé pour elle. En revanche, il m’arrive de penser à de super séries que je n’ai pas pu suivre et dont j’essaye de regarder les DVD, comme les Soprano, Lost, Dr House ou encore Rome. Quand j’y pense : je n’ai même jamais vu 24 !
Pour beaucoup, le téléchargement illégal a « tué » Heroes. Quel est votre avis sur la question ?
Pour les besoins du film Hitman, je me suis rendu en Bulgarie. Mon agent m’avait dit que Prison Break n’était pas diffusée là-bas. Mais en arrivant sur place, j’ai rencontré beaucoup de fans. Tous ont connu la série par le biais du téléchargement. C’est un peu la théorie de Darwin sur la sélection naturelle pour les networks, mais je sais que les dirigeants trouveront une solution pour changer à nouveau les habitudes des téléspectateurs. La websérie Heroes : Slow Burn était justement un premier pas...
Les fans de Heroes espèrent toujours le retour de la série sous forme de téléfilm ou autre. Si tel est le cas accepteriez-vous d’interpréter à nouveau Samuel ?
Je n’ai pas vraiment le choix (rires). J’ai signé un contrat de sept ans. Si dans ce laps de temps la série est amenée à revenir, et ce, quelle que soit sa forme, je suis dans l’obligation d’y participer. Mais je le ferai avec plaisir, je ne garde que des bons souvenirs du tournage et travailler pour Tim Kring (créateur, ndlr) est un honneur. Cet homme a une imagination débordante.
Tony Cotte : Vos personnages sont souvent sombres. Avez-vous conscience d’avoir naturellement beaucoup de charisme pour interpréter ce genre de rôles ?
Robert Knepper : Je ne l’ai jamais vu de cette façon. J’aime l’idée que les gens ont une vision de moi assez complexe et j’aime interpréter des personnages intéressants. S’ils sont tous considérés comme « méchants », tant pis, au moins je suis crédible dans ce registre et j’offre autre chose qu’un héros unidimensionnel.
En interprétant ce genre de personnages, le risque n’est-il pas d’avoir des réactions étranges de la part du public ?
En ce qui concerne Heroes, je pense que la série est regardée avant tout comme un divertissement. Elle a beaucoup de fans et dans la rue, les gens me font encore des compliments pour mon travail. C’est très flatteur. En revanche, pour Prison Break, c’était différent. On avait peur de moi (rires). J’ai croisé certaines personnes qui, en l’espace d’une seconde, se liquéfiaient en pensant croiser T-Bag sur leur chemin. Heureusement, la confusion était de courte durée, ils comprenaient très vite que je n’étais qu’un acteur.
Les téléspectateurs américains vous verront prochainement à nouveau sous les traits de T-Bag dans Breakout Kings. Peut-on considérer la série comme étant un spin-off de Prison Break ?
Breakout Kings est créée par Matt Olmstead et Nick Santora, respectivement showrunner et l’un des meilleurs auteurs de Prison Break. Mais il ne s’agit pas d’un spin-off pour autant. La série est centrée sur trois anciens détenus qui deviennent des Marshalls, désormais engagés pour mettre la main sur des fugitifs. Je reprends donc simplement du service comme un évadé. J’adore le personnage de T-Bag et je n’ai pas hésité avant d’accepter cette proposition. Du moins, ma seule condition était de ne pas le tuer. Avec le recul, je ne sais pas pourquoi j’ai imposé ça. J’aime sans doute l’idée qu’il reste toujours vivant...
Pouvez-vous en dire plus sur l’évolution du personnage, deux ans après la fin de Prison Break ?
Disons que c’est toujours ce bon vieux T-Bag. Il pense qu’il a changé, mais il reste le même. Je ne peux rien dévoiler, mais je peux simplement vous dire qu’avant de commencer le tournage, j’ai reçu un mail de Nick Santora m’indiquant qu’il n’avait jamais écrit une aussi bonne intrigue pour ce personnage. Je peux dire aujourd’hui qu’il a raison. Je vais même aller plus loin : la dernière scène de l’épisode a été la plus difficile sur le plan émotionnel à tourner de toute ma carrière.
Depuis la fin de Heroes, on a pu vous voir dans Stargate Universe, Chase et Esprits criminels. Peut-on dire que vous n’arrêtez jamais de tourner ?
J’aime cette idée. J’adore mon métier et incarner des personnages très différents. Après tout, c’est ce que j’ai toujours souhaité.