Que du bonheur !
Animateurs de La Ferme célébrités sur TF1, présentateurs radio cette saison sur Europe 1, Christophe Dechavanne et Patrice Carmouze forment un duo inséparable depuis de nombreuses années. Pourtant, lorsqu’il s’agit de prendre la plume, Patrice Carmouze est bel et bien seul. Et il n’en n’est pas à son coup d’essai. Le journaliste aux multiples casquettes avait déjà publié un premier roman, L’homme décalé, en 1993. Pour son deuxième livre, l’auteur a choisi de traiter le sujet qu’il connaît le mieux : les coulisses de la télévision.
Que du bonheur ! relate le quotidien de BZF, une grande chaîne de télévision à travers les yeux de Raymond, l’un des employés. Personnage principal du roman, cet huissier a pour principale fonction d’apporter les chaises et le café lors des réunions. Mais voilà, la chaîne ne tient plus le rythme dans la course effrénée de l’Audimat. Que veulent les téléspectateurs, qu’attendent-ils des programmes ? Ces questions trouveront une réponse en la personne de Raymond. Originaire de la France profonde, il est l’individu idéal pour représenter les attentes du français moyen (à traduire par téléspectateur). Lui qu’on ne remarque jamais va se retrouver propulser au rang d’icône de la chaîne avant d’accéder au poste de directeur des programmes.
Que du bonheur ! se résume à une série de quiproquos menant à des situations aussi délirantes les unes que les autres. Ou comment un homme naïf et limite niais prend soudainement de l’importance, voire même le contrôle malgré lui d’une chaîne de télévision désespérément à court d’idées. Patrice Carmouze se livre ici à une critique exacerbée de l’envers du décor de la télévision. La chaîne est dirigée par des personnages caricaturés, loufoques et excessifs, les animateurs sont « vieillissants, bouffis de certitudes et de prétention » et les producteurs ont pour seule préoccupation « d’essayer de faire la marge la plus conséquente possible ». Cette satire du PAF révèle les mécanismes d’une usine télévisuelle où manigances, hypocrisies et médisances sont les règles pour survivre dans cette jungle où l’audimat est roi.
Tout au long de ces 281 pages, on tente de décrypter un nom, une chaîne, une émission en se demandant à qui pense Patrice Carmouze en écrivant ce livre. Est-ce là la plainte d’un animateur fatigué de devoir séduire à tout prix une ménagère de moins de cinquante ans devenue exigeante ? Ou peut-être n’y a-t-il simplement aucun message à décoder ? Que du bonheur ! ne serait alors qu’un roman de plus dépeignant le monde de la télévision...