Pierre-Yves Duchesne (Together, M6) : « Le niveau des candidats est très déséquilibré »
Pierre-Yves Duchesne est l’un des cents jurés de Together sur M6. Tandis que le second numéro est à suivre ce mardi 7 mai, le fondateur de l’AICOM, coach de Lara Fabian, Amir ou encore Agustín Galiana est revenu sur son expérience au sein du mur. Il a aussi commenté la première audience décevante du programme tout en estimant les chances de Bilal Hassani à l’Eurovision.
Joshua Daguenet : Après Popstars et La France a un incroyable talent, vous êtes de retour à la télévision avec Together. Par quoi a été motivée votre participation ?
Pierre-Yves Duchesne : Le concept, que je trouvais très amusant. C’est-à-dire qu’il y’ait autant de spectacle devant que derrière. J’étais excité à l’idée que l’on mette autant en avant le métier.
Avez-vous saisi l’opportunité de repérer quelques talents ?
Oui. Dans cette émission, les gens pensent avoir une voix et ils ne se seraient pas forcément présentés à l’AICOM. Dans le premier numéro, j’ai repéré une gamine avec une voix qui va forcément faire parler d’elle dans les prochaines semaines.
Un jury inédit de cent personnes a été sélectionné. Avez-vous eu le temps de côtoyer chacun d’eux ?
Pendant les tournages et les répétitions, j’ai essayé de prendre le temps de causer avec tout le monde. Je connaissais déjà plus d’une trentaine de personnes. Dans mon univers, je ne côtoie pas le transformisme, les youtubers, les imitateurs, et je me suis trouvé des intérêts communs avec des gens de ce milieu.
Globalement, comment avez-vous trouvé l’ensemble des prestations des candidats ?
Le niveau est très déséquilibré. À côté de très belles voix, d’autres personnes n’avaient pas ce qu’il fallait ou ont perdu leurs moyens au moment H. Il y avait des personnes très expérimentées, et d’autres pas. Je suis beaucoup sollicité dans des concours de chant, et même si je n’y vais pas très souvent, j’imagine que ce constat est toujours le même.
« Together ferait un programme formidable en access »
Quel a été le rythme de tournage ?
Terrible ! On arrivait le matin et on quittait à 22 ou 23 heures le soir. Cela a été très éprouvant malgré les bonnes conditions et la bienveillance des producteurs : Caroline Gavignet et Nicolas Missoffe. Le pauvre Eric-Antoine, il a enchaîné les kilomètres pendant sept jours d’affilée.
Les réactions des jurés sont théâtrales. M6 a-t-elle donné des consignes dans ce sens ?
Non, pas du tout. Le mot d’ordre était d’être nous-même. Si des gens ont fait le show, c’est parce qu’ils le font dans la vie de tous les jours. À l’écran, ça se voit quand une personne n’est pas naturelle. Aucune prise n’a été recommencée.
Comment ont été rémunérés les cent jurés ?
Je ne peux pas me mettre à la place des autres, mais chaque juré a disposé d’une certaine rémunération selon ses exigences. De mon côté, j’ai obtenu ce que je désirais dans le cadre d’une semaine complète de travail. Je pense que les sommes ont été équilibrées.
Pour l’heure, l’émission n’a pas trouvé son public avec seulement 1.3 million de Français au rendez-vous. Comment l’expliquez-vous ?
Il y’avait le phénomène Capitaine Marleau en face qui attire à chaque fois 6 ou 7 millions de téléspectateurs. Par rapport au concept que je trouve excellent, cela n’a peut-être pas été suffisamment communiqué en amont, mais je ne jette pas la pierre à Pierre ou à quiconque. Selon moi, Togther ferait un formidable programme en access prime time.
Quels artistes ont le plus marqué votre carrière de coach ?
Je suis Lara [Fabian, ndlr] depuis de nombreuses années. Elle est sûrement la voix la plus impressionnante que je connaisse dans le milieu du chant. On ne connait pas suffisamment ses talents d’actrice, ni comment elle bouge. C’est quelqu’un de très intelligent. Elle m’impressionne toujours car elle a envie de faire plein de choses. Amir, que je coache depuis quatre ou cinq ans, je l’adore. Il s’est parfaitement canalisé. C’est un bosseur et un mec gentil, intelligent. Actuellement, je collabore avec Agustín Galiana depuis un an. J’ai de belles surprises avec lui. Mais avec moi, il y a intérêt à bosser sinon je me lasse très vite. Moi-même, j’ai été formé par la chanteuse d’opéra André Guiot. Elle m’a impressionné.
« Lara Fabian est la voix la plus impressionnante que je connaisse »
Amir, sixième à l’Eurovision, a offert à la France sa meilleure place depuis 2002. En tirez-vous une fierté ?
Bien sûr. Si les artistes que je coache obtiennent des résultats, je les obtiens aussi. À une toute petite échelle, car c’est lui qui était sur scène, mais j’étais derrière lui dans la green room et jusqu’à cinq minutes avant qu’il ne se produise. Le succès de quelqu’un qui est à l’honneur est aussi le succès de toute une équipe.
Bilal Hassani, que vous avez croisé dans Together, va représenter la France lors de la prochaine édition. Quelles chances lui octroyez-vous ?
J’aimerais qu’il ait un super résultat. Je ne suis pas devin mais j’ai regardé la sélection et il y a des grosses pointures. J’aime Madame Monsieur que j’ai rencontré dans Together, ils ont écrit un texte qui tient la route. Bilal est très jeune, je ne sais s’il va tenir vocalement jusque-là. Il faut qu’il soit bien entouré, bien coaché, et alors tout ira bien.
Vous avez privilégié la comédie sur les planches au début de votre carrière avec des pièces de Molière. Le jeu vous manque-t-il ?
On me pose souvent cette question. Toute ma carrière a été faite avec le jeu intégré. Je n’oublie jamais l’acteur que j’ai été. Cela me manque de temps en temps, et c’est pour ça que je retourne sur scène de temps à autre. Cela m’apporte du piment par rapport à l’enseignement, sinon je m’assécherais.