Patrice Laffont
Non, Patrice Laffont n’a pas une pyramide pour lieu de résidence. C’est dans son appartement du 16è arrondissement qu’il m’a reçu, fraîchement revenu de ses vacances à la montagne. Son chien fait mumuse dans le salon, sa fille Mathilde pousse la chansonnette, le téléphone sonne en permanence, mais Patrice, heureux comme un pape, m’offre un café avec le flegme qu’on lui connaît. La télévision ? Ah, oui ! Il voit vaguement ce que c’est... Entretien.
Joseph Agostini : Code de la route : le grand examen est une émission spéciale, que vous animerez avec Gaël Leforestier, mercredi 26 février. En quoi consistera-t-elle ?
Patrice Laffont : Réalisée en partenariat avec la Sécurité Routière et le Ministère des Transports, cette émission réunira deux cent personnes, cent hommes et cent femmes, parmi lesquelles des personnalités du spectacle, des professionnels de la route, des « vingt cinq ans de permis » et de jeunes conducteurs. Quarante questions réparties en six thématiques seront posées à ce panel et aux téléspectateurs. Après chaque série, des spécialistes analyseront les erreurs. L’émission sera émaillée de reportages, d’interviews et de sketches, pour traiter la prévention routière sur un angle à la fois ludique et informatif. Certains candidats passeront même le véritable code de la route, en direct !
Dix-sept ans dans Des chiffres et des lettres, dix ans de Fort Boyard, douze ans de Pyramide... C’est « J’y suis j’y reste » ?
J’ai eu la chance d’animer des jeux qui ont très bien fonctionné. Ceux que vous citez sont rentrés dans la légende de la télévision. J’ai, par exemple, pris beaucoup de plaisir à présenter Fort Boyard tout au long de ces années. Cela dit, je suis paresseux de nature... Si le public répond présent, si tout le monde est content, je peux rester des années à la même place.
Après le flop du Juste Euro, début 2002, vous avez choisi de revenir dans Pyramide. Prêt à rempiler dix-sept ans ?
N’allons pas jusque là ! J’ai repris ce jeu à la demande de la chaîne, qui n’était pas satisfaite de la formule animée par Marie-Ange Nardi. Je n’avais rien d’autre alors, et j’ai accepté la proposition. Sincèrement, je suis joueur et ne me lasse pas d’animer Pyramide. Dix-sept ans ? L’avenir du jeu semble compromis. Je ne sais pas encore s’il passera l’été.
L’audience de Pyramide a visiblement baissé depuis l’an dernier, mais sa suppression créerait un tollé, au regard des lettres de protestation reçues par France 2, lors du changement d’horaire de l’émission (Pyramide a été diffusée à 17h30, l’espace de quelques semaines, début 2002). Quel est votre avis sur la question ?
J’adore Pyramide, mais, après douze ans d’antenne, il est vrai que le concept n’est plus tout neuf. L’émission a un public très fidèle depuis des années. Imaginez cependant un téléspectateur éberlué qui débarquerait pendant un numéro de Pyramide sans en connaître la règle du jeu ! L’audience ne peut plus vraiment progresser, et il appartient à France 2 de décider du sort de l’émission... et de négocier avec les fans, qui assaillissent la production de lettres et de coups de téléphone !
Êtes-vous définitivement fâché avec Marie-Ange Nardi ?
Nous n’avons plus aucun contact. Marie-Ange a mal pris le fait que je revienne aux commandes de l’émission. Elle m’a reproché, en public, de ne pas l’avoir prévenue. Ce n’était pas à moi de le faire ! Les producteurs ont mal fait leur boulot et l’ont avertie de son éviction, vingt-quatre heures avant un tournage. Je n’y suis pour rien.
Si Pyramide s’arrêtait demain, ne serait-ce pas enfin l’occasion pour vous de quitter l’univers des jeux télévisés ?
En France, les étiquettes sévissent. Je suis enfermé dans mon image d’animateur de jeux ! Pourtant, avec 1 sur 5 ou Mi-fugue mi-raison dans les années 70, j’ai débuté avec des programmes novateurs dans le domaine de la variété et du magazine. Aujourd’hui, j’aimerais revenir à ce genre de concepts, mais la vague de jeunisme est contre moi. Il faut dire que je ne suis pas très insistant auprès des directeurs de chaîne. Encore mon côté fainéant !
Vos projets ne se situeraient-ils pas plutôt dans le théâtre et l’écriture ?
Absolument. Sur le plan financier, la télévision est formidable, mais je viens de signer pour une pièce de boulevard hilarante, avec Patrick Adler et Chantal Ladesou, dans laquelle je jouerai le rôle d’un curé ! Je prépare aussi une pièce de Jean-Claude Massoulier pour janvier 2004... Le théâtre me passionne de plus en plus. J’aimerais terminer ma vie sur les planches.
Pouvez-vous nous dévoiler le thème du roman que vous préparez ?
J’y travaille depuis un an et demi. Il raconte l’histoire d’une mère, qui décide de faire une fugue, et d’abandonner sa fille, une adolescente de quinze ans. Rentrer dans le personnage d’une femme est un exercice très difficile mais si excitant...
A propos de fille, la vôtre vous a t-elle bluffé avec son « One meuf show » (Axelle Laffont, ndlr) ?
Je la trouve renversante. J’ai vu son spectacle trois fois. Je n’ai jamais été aussi ému de ma vie. Son énergie et son talent de comédienne m’ont enthousiasmé. Je suis très fier de ma fille, moi qui avais été déstabilisé par ses prestations dans Nulle part ailleurs, quand elle gambadait à poil dans les studios de Canal +...