Nathalie Renoux (Enquêtes criminelles) : « Les affaires peuvent être parfois obsédantes, mais j’essaye quand même de garder mes distances »
Ce mercredi 20 septembre à 20h55, Enquêtes criminelles fera sa rentrée sur W9. Nathalie Renoux se confie sur la nouvelle saison du magazine de fait divers et sur les journaux de M6 qu’elle présente chaque week-end.
Benoît Mandin : Ce mercredi 20 septembre à 20h55, W9 débutera une nouvelle saison d’Enquêtes criminelles. Pourquoi s’être intéressée à l’affaire Yolande Moustrou, l’ensorceleuse de Narbonne ?
Nathalie Renoux : Cette affaire est particulière parce que l’idée est d’accuser une femme et d’avoir poussé des hommes au suicide. C’est extrêmement particulier d’aller sur ce terrain parce que de quelle manière peut-on déterminer qu’elle a exercé une pression psychologique de telle sorte que ces hommes-là sont allés jusqu’à se donner la mort. Le dossier est à part de tout ceux que j’ai pu avoir à traiter dans Enquêtes criminelles.
Étiez-vous plus intriguée par le crime déguisé ou le fait divers ?
Le profil de cette femme et l’affaire ont fait beaucoup de bruit, ce qui les rend intéressants. La particularité judiciaire nous a aussi relativement passionnés avec l’ensemble des équipes.
Comment se passent les relations avec les enquêteurs et les proches des victimes ?
Devant son poste de télévision, on a l’impression que ce n’est pas très simple de faire parler des gens qui ont vécu l’horreur. Finalement, on se rend compte que c’est une histoire d’approche humaine entre le journaliste et les familles des victimes à travers un dialogue de confiance. On s’aperçoit que les gens qui ont vécu un drame éprouvent un réconfort à pouvoir témoigner de la personne qu’ils ont perdue. Je pense que cela est bénéfique pour eux et leur permettre de raconter leur histoire dans son intégralité, c’est quelque chose de soulageant.
Comment choisissez-vous les enquêtes traitées dans l’émission ?
Nous allons traiter les affaires Nicolas Charbonnier et Mathieu Buelens les mercredis 27 septembre et 4 octobre. Ces deux enquêtes sortent de l’ordinaire. Nicolas Charbonnier, l’étrangleur de Strasbourg, est quelqu’un dont on a retrouvé la trace vingt-sept ans après. Quand on est averti comme Enquêtes criminelles, on est à l’affût de dossiers comme cela. L’affaire nous a tapés dans l’œil, car il y a un véritable travail d’enquête, avec une longévité exceptionnelle dans le suivi du dossier. On a obtenu le témoignage exceptionnel d’une petite-fille qui a été violée par cet homme en 1986 et laissée pour morte. Trente ans après, elle raconte ce dont elle se souvient et comment elle a vécu après ce traumatisme. Elle se confie sur sa reconstruction et les conséquences de l’arrestation de son agresseur sur sa vie.
« Je pense que les téléspectateurs nous font confiance dans la façon dont on traite le fait divers »
Enquêtes criminelles ne cesse d’enchaîner les succès d’audience. Comment l’expliquez-vous ?
Tout d’abord, c’est le plus ancien magazine de faits divers de la TNT. Il a fait ses preuves en matière de rigueur, de construction et de cohérence. Je pense que les téléspectateurs nous font confiance dans la façon dont on traite le fait divers. Il y a une partie du public qui a une appétence pour les faits divers et pour ces histoires qui racontent la nature humaine et ses travers. Ils regardent l’émission comme s’ils étaient devant une série policière sauf qu’ils savent que c’est la réalité. Sur les réseaux sociaux, on me demande régulièrement quand reviennent les inédits d’Enquêtes criminelles.
En juin, C8 a essuyé un échec d’audience en lançant Tout l’accuse, un nouveau magazine de faits divers….
Je pense que la légitimité s’acquiert avec le temps, ce qui est le privilège d’Enquêtes criminelles. Nous ne sommes pas pris à défaut de proposer au public de mauvais documents puisqu’on a une exigence de qualité dans le travail. J’adore travailler avec les équipes de l’émission et j’espère que les téléspectateurs apprécient ça chez nous aussi. Concernant mon duo avec Paul Lefèvre, on a beaucoup de complicité et le public y est attaché. Cette année, on va renouveler les experts qui seront présents autour de la table. Des personnes issues du monde judiciaire viendront de temps en temps remplacer Paul pour apporter encore plus de vie à ce plateau.
Avez-vous été perturbée face à l’horreur de certaines affaires ?
Quand on est journaliste, on dit que l’on se blinde et on regarde les choses avec beaucoup de froideur. J’avoue que quand les Enquêtes criminelles se succèdent, il m’est arrivé de me dire que je ferais mieux de déserter pour regarder une comédie. Les affaires peuvent être parfois obsédantes, mais j’essaye quand même de garder mes distances. Celle de Nicolas Charbonnier, l’étrangleur de Strasbourg, m’a coupé le souffle parce que c’est un homme qui s’introduit chez ses victimes lorsqu’elles dorment. On peut s’identifier à cela et le dossier prend un peu plus de place que les autres dans mon sommeil.
Outre Enquêtes criminelles, vous avez présenté des soirées spéciales sur le naufrage du Costa Concordia et le crash de la Germanwings. Y’en aura-t-il de nouvelles cette saison ?
Je vais présenter Que s’est-il vraiment passé ?. Les enquêtes sont en cours, mais pour l’instant je préfère rester prudente sur les thèmes que l’on va aborder tant que toutes les investigations ne sont pas terminées. Ces soirées-là relèvent d’un gros fait d’actualité que l’on décrypte en essayant de donner la parole à tous les acteurs qui ont y contribué. J’ai traité ces faits avec le JT de M6 et aujourd’hui, on prend un peu plus de recul pour en faire des documentaires. Il y en aura plusieurs dans l’année.
« L’une des grandes qualités de nos journaux est son rythme »
Chaque week-end, vous officiez dans le 12.45 et le 19.45 sur M6. Alors que certains évoquaient un échec, les journaux de la chaîne privée atteignent des hauts niveaux d’audience. Comment l’expliquez-vous ?
Ce sont des journaux complets et de qualité. La rédaction a beaucoup grandi et mûri à travers un journal sans cesse innovant. Nous cherchons en permanence quelle sera la meilleure forme pour informer et je crois que l’une des grandes qualités de notre journal est son rythme. On arrive à en faire parfois des assez longs et les gens pensent qu’ils sont très courts. On a trouvé le bon rythme, le bon ton, on est debout et ce n’est pas anodin. Notre corps est engagé vers le téléspectateur et il y a aussi de la pédagogie à travers notre chronique Expliquez-nous, où il y a un journaliste en plateau qui vient répondre aux questions des téléspectateurs. En présentant les journaux le week-end, je me retrouve avec des téléspectateurs qui ont un peu plus mal de temps pour regarder la télévision. Je m’efforce à donner un ton convivial à ce journal, notamment à la fin, où on propose des sujets tendance et culturels. On veut montrer que dans l’actualité, il n’y a pas que des drames.
A la rentrée, M6 a lancé un nouveau plateau à la pointe de la technologie. Diriez-vous qu’elle est précurseur dans ce domaine ?
C’est une volonté de notre part de coller à tout ce qui se fait en matière de technologie. La réalité augmentée, dont on parle beaucoup avec la sortie des nouveaux iPhone, est expérimentée depuis deux ans sur M6 et elle est présente en plateau tous les jours. Nos infographies sont en réalité augmentées à l’antenne et c’était une véritable innovation. Cette année, notre plateau offre des illustrations, présentes derrière nous à l’écran, d’une finesse et précision remarquables. Elles ont toutes pour but de permettre aux téléspectateurs d’avoir un meilleur degré de lecture de l’information.
M6 a été la première à mettre le présentateur du JT debout et à faire intervenir des chroniqueurs/experts en plateau. TF1 et France 2 l’ont rapidement repris…
J’ai toujours tendance à dire qu’il faut avancer et regarder dans sa ligne d’eau. Notre idée a été de présenter debout depuis la création du 19.45 en 2009 pour être au contact du téléspectateur, de donner un rythme et d’avoir de la mobilité sur le plateau. Pour le chroniqueur qui vient expliquer des choses à base de schémas et de graphiques, la rubrique Expliquez-nous est là aussi présente depuis la création. Je me dis que si les autres nous reprennent de manière épisodique, c’est qu’ils regardent ce qu’on fait et ils en tirent les conclusions. Il faut toujours être le pionner à réaliser quelque chose que d’être le suiveur (rires).
« J’aimerais bien animer un talk-show qui mélangerait l’actualité et les loisirs. Ce serait tellement parfait ! »
Après Téléfoot dans les années 2000, vous avez animé un magazine lors de l’Euro 2016 sur M6. Aimeriez-vous continuer à présenter un rendez-vous autour de l’actualité du football ?
En 2016, M6 était co-diffuseur de la compétition avec TF1. Cela a permis de mettre en place une émission d’envergure avec des moyens technologiques exceptionnels puisque l’on a été récompensé pour nos interviews en 3D sur le plateau. Je ne pense pas que ce principe puisse être remis en place pour la prochaine Coupe du monde. On a David Ginola, un bon spécialiste, Carine Galli, qui officie parfaitement sur W9, j’ai saisi l’occasion pour l’Euro 2016 puisque c’est une passion pour moi de suivre l’actualité du football.
Diriez-vous que vous êtes aujourd’hui en accord avec ce que vous cherchiez en tant que journaliste et animatrice ?
Bien évidemment qu’il y a d’autres domaines que je souhaiterais exploiter, car je suis curieuse de tout. J’ai envie de vivre encore des expériences, mais je suis très heureuse là où je suis. Le journal est un éternel recommencement et une ouverture sur le monde au quotidien, le tout complété par le magazine. On y prend les choses avec plus de recul et ce sont deux exercices complémentaires qui me satisfont pleinement.
Le public pourrait-il retrouver Nathalie Renoux à la tête d’un divertissement ou talk-show ?
Un divertissement pur, je ne crois pas. J’aimerais bien animer un talk-show qui mélangerait l’actualité et les loisirs. Ce serait tellement parfait !