Nathalie Iannetta
C’est au service des sports de Canal + que Nathalie Iannetta avait choisi d’enfoncer les portes initialement. Son but était de prouver à ces messieurs qu’ils n’ont pas le monopole du talent pour parler football : « Ce n’est pas parce que je suis haute comme trois pommes et que je suis une fille que je vais me faire écraser par un grand bonhomme d’une autre chaîne ! » Nathalie Iannetta ne se laisse pas faire. Ni dans les zones mixtes après un match, ni au supermarché quand un acharné du caddy veut doubler à la caisse. Derrière ses grands yeux noisette et son sourire angélique, elle a su se rendre indispensable au service des sports de Canal, et ce depuis 1997.
Après une prépa littéraire, une licence d’histoire et une maîtrise de Sciences-Po, elle roule sa bosse dans les locaux de Canal + dès 1995. Deux ans plus tard, elle prend les rênes du Journal du foot aux côtés de Vincent Radureau et de Soir d’Europe pour revenir sur les matchs de l’UEFA avec son mentor Thierry Gilardi. Mais Nathalie n’a pas que le foot à son arc. Ainsi elle présente la rubrique sport pour NPA matin pendant la saison 2000/2001 et fait montre de son humour : en s’improvisant comédienne le temps d’une sitcom intitulée Boulevard du foot, elle retrace la saison footballistique française et européenne.
Les défis ne lui font pas peur et refusant d’être cloîtrée dans le carcan « sport », la petite brune officie lors des JT de la mi-journée pendant les Jeux Olympiques de Sydney en 2000. Puis, elle revient à ses premières amours et anime Samedi sport de 2001 à 2003 avant de se lancer dans une toute autre aventure avec Emmanuel Chain : elle prend les commandes de la chronique média de l’émission Merci pour l’info. Cette expérience s’est avérée être éphémère et Nathalie Iannetta s’en est retournée à son cher Jour de foot. Ses apparitions n’étaient certes pas exclusivement réservées aux acharnés des crampons puisqu’elle a fait également fait partie de l’équipe des « anges » de Maïtena Biraben.
Mais d’origine italienne, elle s’explique : « aimer le foot et les films de Fellini, ça va ensemble », le ballon rond lui procure des émotions au moins aussi intenses qu’Une journée particulière d’Ettore Scola. Passionnée de foot depuis son plus jeune âge, elle a passé toute son enfance sur les terrains à encourager son papa gardien de but. Ainsi, Nathalie ne vit que pour la Juventus de Turin, son club fétiche et ne peut plus se passer de l’adrénaline que lui provoque le « côté news immédiat » de Jour de Foot. « À Canal on a les produits phares : Jour de Foot c’est dix extérieurs en direct, un vrai truc de fous ! » Pas peu fière...
Loin de vouloir devenir le porte drapeau de la cause des femmes journalistes sportifs, Nathalie Iannetta a fait savoir d’entrée de jeu à ses employeurs qu’elle n’était ni un produit marketing arborant le label « fille du service des sports », ni un alibi. Pas question de n’avoir pour seule mission d’insuffler un peu d’air frais dans une atmosphère trop pleine de testostérone.
Conditionnée au travail de plateau, elle s’est mise à douter lorsque Michel Denisot, directeur des sports de Canal+, lui confie la couverture des matchs, en direct des stades. Comme elle connaissait les limites à ne pas franchir, les sportifs ne l’ont « jamais regardée comme une femme mais comme une journaliste en tant que telle. » Combat gagné : elle a prouvé qu’elle n’occupait pas son siège à titre de « potiche décorative » Travail, passion et intégrité professionnelle restent les maîtres mots de sa réussite. Pour elle, le fait d’appartenir à la gente masculine ou féminine ne peut être un paramètre significatif en soi pour juger de la qualité d’un journaliste sportif. A chacun de bien faire son travail, à chacun son style : « hommes et femmes ne sont pas formatés pareil. Nous ne sommes pas concurrents mais complémentaires. »
I>télé, la chaîne d’informations de Canal+, semble partager son point de vue : la jeune femme de 33 ans a répondu à son appel pour présenter en lieu et place de La matinale, Le 7/9 qu’elle co-présente avec Laurent Bazin. Un binôme qui respecte ses aspirations à la parité.