Melissa Theuriau
Au cours du grand mercato TV du printemps dernier, elle est celle qui s’est permis de refuser la grand messe du 20 heures de TF1, le poste tant convoité par les journalistes. Mais à 28 ans, Mélissa Theuriau a d’autres choses à vivre et rejoint M6 pour animer Zone interdite. Son crédo : le terrain. Du magazine dominical à 66 minutes en passant par ses projets sur Paris Première, la jeune femme nous explique pourquoi elle est aujourd’hui comblée.
Thibaut Le Breton : Sur M6, vous présentez Zone Interdite et vous réalisez des sujets « sur le terrain » pour 66 minutes. Vous semblez une femme comblée depuis la rentrée...
Mélissa Theuriau : Oui, j’ai été entendue sur plusieurs envies que je souhaitais regrouper. Déjà, présenter une émission dont je suis rédactrice en chef, et ainsi avoir un rôle dans le choix et le traitement des sujets. Et puis, même si cela semble un peu plus difficile à concilier, je voulais pouvoir partir davantage sur le terrain. J’arrive à faire ces trois choses sur M6, et je suis ravie que les promesses aient été tenues. Je m’épanouis vraiment, c’est une facette du métier qui me correspond bien.
La présentation d’un journal en direct ne vous manque donc pas ?
C’est vrai que la notion de direct peut manquer, c’est indéniable. Mais elle est comblée par d’autres approfondissements. J’ai maintenant plus de temps pour préparer mes dossiers, je peux aller rencontrer les témoins d’un événement sur place, pour qu’ils m’expliquent leur situation. Il y a un vrai travail d’investigation que je ne pourrais pas faire sur une chaîne d’info en continu où l’on reste en studio. Et puis se déplacer avec toute une équipe, c’est formidable.
Zone interdite a gagné de nombreux téléspectateurs par rapport à la saison dernière. Quelle est la recette de ce succès ?
On réalise une émission sur deux en extérieur, c’est un risque mais surtout une véritable nouveauté. Depuis le début de saison, nous avons fait plus d’émissions en extérieur qu’en studio. Je suis très contente de cela, car je pense que les sujets s’y prêtent. Après s’être déplacés à Calvi auprès des légionnaires, nous irons dimanche prochain dans une usine qui a récemment été délocalisée en Roumanie. Ce sera une émission très forte où nous nous intéresserons aux 169 personnes qui se retrouvent dépourvues de leur emploi. Dans tous les cas, c’est très important d’aller sur place car les gens n’ont pas le même discours quand vous allez chez eux : ils se confient davantage que sur un plateau de télévision. C’est un plus pour moi, et une force essentielle pour Zone Interdite.
De LCI à M6, vous avez adopté un nouveau rythme de travail. L’adaptation n’a pas été trop difficile ?
Non car j’ai enfin la chance de profiter de nuits normales ! Cela faisait trois ans que je ne dormais plus vraiment puisque je me levais tous les jours à 2h30 du matin... C’est maintenant un luxe de se lever comme tout le monde vers 7 ou 8 heures. Mais mes semaines sont bien remplies !
Avec le recul, vous n’avez aucun regret d’avoir refusé la proposition de TF1 : le 20 heures ?
Non, absolument pas. Ce n’était pas pour moi, je me sens à ma place aujourd’hui. Je suis comblée ! Je suis dans une équipe où je me sens bien.
Beaucoup de journalistes commencent par la présentation d’un magazine puis arrivent au journal. Vous avez fait le chemin inverse, quel regard portez-vous sur votre parcours ?
Je suis contente de mon parcours, j’ai fait des choix qui me correspondent, et j’ai réussi à rester fidèle à mes convictions. Mais je n’en suis qu’à mes débuts. J’ai encore des tas de choses à apprendre, et j’ai envie de suivre mon rythme. Je reste consciencieuse, c’est un travail de longue haleine. Tout doit aller très vite dans notre société où l’on fabrique des stars dans la chanson, le cinéma, le journalisme... Les gens doivent rapidement tout savoir faire, et parfois dégringolent très vite ensuite !
A partir du 13 novembre, vous animez Un jour, une photo sur Paris Première, de quoi s’agit il ?
C’est un programme d’une minute mettant en avant une photo. Paris Match, qui va célébrer son 3000eme numéro, a publié depuis 1949 des photos incroyables sur les événements qui ont fait le monde. Que ce soient les premiers pas d’Armstrong sur la lune ou les guerres au Vietnam et en Irak, je vais les commenter et nous allons surtout révéler des anecdotes. Des photographes reviendront sur leur état d’esprit, le contexte, et ce qui se passe réellement sur leur photo. Pour moi, c’est un joli travail d’écriture, assez difficile puisque l’on n’a qu’une minute pour dire l’essentiel.
Toujours sur Paris Première, vous animerez en janvier 2, 3 jours avec moi. Quel est le concept de cette émission ?
Chaque semaine, je recevrai un invité - issu de divers milieux comme la littérature, le cinéma, le journalisme, le sport, la politique... - qui racontera l’un de ses voyages coup de cœur. Il nous conseillera sur les lieux et les rencontres à ne pas manquer si l’on se rend dans ce pays. C’est une sorte de guide insolite, différent de ceux que l’on trouve dans les livres ou Internet, qui nous laisse également découvrir l’intimité d’un invité. Car c’est aussi quelqu’un qui vient nous parler de ses sensations et de ses souvenirs, sans faire de promo pour un livre ou un film.
D’après le magazine américain Esquire, si une femme aussi belle que vous présentait les infos aux USA, la chaîne gagnerait forcement de l’audience. Qu’est ce que cela vous inspire ?
Ca me fait rire ! Il y a beaucoup de choses que je lis... Il faut avoir beaucoup d’humour, et de distance, c’est tout. D’ailleurs, le clin d’œil est plutôt sympa !