Toutelatele

Marie-Ange Nardi

Alexandre Raveleau
Publié le 12/02/2007 à 00:03 Mis à jour le 15/03/2010 à 15:06

Un sourire méditerranéen est au quotidien sur France 2. Depuis vingt ans, la fidèle Marie-Ange Nardi est une femme d’antenne. Sa voix aux syllabes sucrées a trouvé un écho sur toutes les cases du service public. Une des plus fidèles de la deuxième chaîne. Elle joue désormais les furtives aux commandes du Millionnaire et la questionneuse dans la Cible.

Sous le soleil de la Provence, Marie-Ange Nardi voit le jour le 2 avril 1961 près de Draguignan. Elle rêve d’un destin de danseuse étoile. La ballerine Nardi est petit rat à l’Opéra de Marseille. La disparition tragique de son père pousse la jeune femme à choisir des études de psychologie. Marie-Ange Nardi ne quitte pas pour autant les planches. Au conservatoire d’Art dramatique de région d’Aix-en-Provence, l’artiste en herbe se voit cantonner aux rôles tragiques, loin, très loin de Feydeau et de l’opérette aux jeunes filles nues... Au carrefour de sa vie, la jeune femme déniche alors un moyen efficace de payer ses études : un concours pour FR3 Marseille. Le jury voit défiler 200 candidates. Trois seront retenues. La speakerine apparaît dans la lucarne. La psychiatrie peut-être, mais désormais à la télé !

De Marseille, Marie-Ange Nardi est appelée vers Paris pour un remplacement sur Antenne 2. Dans les rangs, elle rejoint Nadia Samir, Carole Serrat, Isabelle Lesieur, Valérie Maurice et Carole Varenne. Un seul tour d’échauffement suffira. Les dirigeants de la chaîne ne voient pas du tout leur oiseau rare repartir vers le sud. En 1988, le 7 d’or de la « Meilleure speakerine » lui est remis.

Mais les plantes vertes sur guéridon disparaissent bien vite du petit écran, emportant avec elle la majorité des hommes et femmes « troncs ». Les derniers êtres du genre seront plantés à jamais dans les cases du 13 heures et du 20 heures. Marie-Ange Nardi rebondit. C’est d’abord Entrez sans frapper avec Christian Barbier. En janvier 1988, Nabou vient chanter sur le plateau son Bamboula, et Didier Gustin présente son sketch Electronic Machine.

Et c’est l’autre machine, celle à gagner, des jeux télévisés, qui l’emporte. Avec Fabrice, elle présente Trivial Pursuit. Georges Beller la rejoint derrière le camembert multicolore et l’aventure Jeux sans Frontières ne tarde pas. Le bleu ciel est la couleur de la France sur toutes les pistes de l’Europe. Le duo d’animateurs commente les baignades malheureuses des candidats, en direct, entre cameramen et câbles électriques. Jeux sans frontières, avec Marie-Ange Nardi, revient à l’antenne en 1989 et 1990.

A l’orée de la décennie de tous ses succès, l’animatrice s’essaie même à la voix off. Le temps d’un été, elle accompagne Lionel Cassan sur la Planète des animaux, tous les dimanches après-midi. Les jeux oui, mais « c’est aussi passionnant de parler des animaux à travers des merveilleuses images ! », déclare-t-elle à l’époque.
La beauté de la faune universelle ne suffira pas à la retenir sur le service public. Marie-Ange Nardi rejoint l’escadron infernal de La Cinq en 1991. C’est l’appel de la paillette. Elle présente Grain de folie. A 20h50, elle rejoint ainsi André Lamy. Puis, elle co-anime, avec Jacques Perrotte, Dimanche et la belle, en septembre. Un autre échec.

Mais le vent tourne et la ramène sur les berges de la télévision publique. Elle devient maître mot pour Pyramide, en 1992. Avec Laurent Broomhead, elle aligne synonymes et crée la mode de la brique. En deux, trois ou quatre indices, les définitions s’enchevêtrent au cours de duels arbitrés par Patrice Laffont. La petite voix de Nefertiti envoûte à jamais les salons des téléspectateurs fidèles. Avec elle résonne les annonces de fers à repasser, micro-ondes et cafetière expresso... Marie-Ange Nardi excelle dans l’art de la grande Pyramide. On susurre alors que « Maîtresse Capello » aurait appris tous les mots composés du dictionnaire pour faire gagner ses candidats ! La magicienne joue les intellos. Sa baguette magique c’est sa mèche, plutôt rebelle. Les aficionados s’en souviennent.


L’appel du grand large est trop fort. Les astres guident la naïade sur le sable chaud de Saint-Cyr-sur-Mer... Collioure... Bénodet... 40° à l’ombre est la caravane itinérante de France 3. 1993, 1994, 1995, 1997, 1998, 2001 : les embruns emportent avec eux Marie-Ange Nardi et toute sa troupe. Sa première rubrique : le Maxi-mini ou le défilé de mode jamais inégalé par Mademoiselle Agnès, sous les commentaires d’un Vincent Perrot plutôt éclairé. Le 9 juillet 1993, l’animatrice reçoit Pierrette Guillou, restauratrice, qui présente la recette des huîtres aux girolles. Sans prompteur ni fiche, elle commet l’un de ses plus légendaires lapsus en lui annonçant qu’elle fait bien l’amour avec son mari ! Surprise de l’invité Christian Morin. Fou rire général.

Eroscope, Eauroscope : tout ce que le PAF a connu d’astrologie sur son mode décalé est passé entre les mains de Marie-Ange Nardi. Née sous le signe du Bélier, elle croit dur comme fer en sa bonne étoile. Elle donne la température sexuelle des téléspectateurs, et ose même, quelques saisons plus tard, se grimer en sirène pour un tour des astres, commenté par son poisson rouge !

Le 8 août 1997, Pascal Coulan présente le dompteur Frankie et son lion Titi. Depuis Saint-Cyr-sur- Mer, le chroniqueur animalier ne se doute pas encore du drame qui va faire trembler les foyers français. Deux minutes après le début de la rubrique, le lion attaque Marie-Ange Nardi. Hors champ, les techniciens s’affairent. Pascal Coulan continue tant bien que mal son exercice. Stupeur et tremblement dans le PAF. Successivement, Thierry Beccaro et Patrice Laffont termineront la saison. Une écharpe au bras, Marie-Ange rassurera ses téléspectateurs plusieurs jours après l’évènement.

Les pépit’boys entrent en scène en janvier 1996. L’ère de Nagui et de Que le meilleur gagne est révolu. Marie-Ange Nardi présente son propre jeu de télévision. Pour elle qui rêvait d’une émission teintée d’humour, Qui est qui ? répond largement à ses attentes. Guy Lecluyse, à la voix off, ouvre le jeu chaque soir. Et les éloges pleuvent. « La belle, l’unique, Marie-Ange Nardi !! ». Pendant six ans, défis et paris amuseront le public. Pépita et Monsieur Guy prendront, quant à eux, un malin plaisir à jouer les cobayes. A tour de rôles, ils seront tantôt dentiste, secrétaire, agriculteur, champion de surf ou amateur de jouets en bois...

Les beaux matins éclaireront, dans un même temps, les matinées des ménagères. Dans son décor d’appartement, Marie-Ange Nardi lance les rubriques santé, cuisine, vie quotidienne pendant 1h15. Deux invités la rejoignent en plateau. C’est au programme, remplacera Les beaux matins, la rentrée suivante.

Qui est qui ? se voit même offrir les honneurs du 20h50. Le 17 mai 1997, la première spéciale est dédiée au monde de la télévision. Avec Jean-Luc Reichmann, elle reçoit Jacques Martin, Sophie Davant, Olivier Minne, Pierrette Brès, Patrick Sébastien et Sonia Dubois. Tous les ans, Qui est qui ? revient ainsi en prime time. Le samedi 31 octobre 1998 encore, la spéciale Halloween rassemble 5 millions de téléspectateurs. Le 30 janvier, André Santini immortalise son Boogie-woogie. Qui est qui ? entre dans le bêtisier par la grande porte.

Sous une quiétude apparente, Qui est qui ? est menacé. La 1000e captive près de 3 millions de téléspectateurs le 4 avril 2000. 17h30 puis 19h15, l’émission se ballade sur la grille de France 2. En 2002, la confusion s’installe. Marie-Ange Nardi abandonne son jeu et prend les commandes de Pyramide. Patrice Laffont est devenu le nouveau Philippe Risoli avec le Juste Euro. La nouvelle formule de Pyramide a bien du mal à faire ses preuves. Maître Galibert et Olivier Minne sont les nouveaux maîtres mots. Le ton a changé. Les clubs de joueurs montrent leur mécontentement. Démarrée en janvier 2002 à 17h30, la formule change le 18 mars et voit même le retour de Claire Gautraud et Jérôme Tichit aux définitions. Les pressions des fans sont trop fortes. Patrice Laffont revient le 8 juillet à l’antenne. Marie-Ange Nardi n’a plus d’émission. Elle ne l’apprendra seulement que deux jours avant la nouvelle session d’enregistrement.


Déboussolée, l’animatrice tourne un pilote intitulé Le grand huit, pour la rentrée 2002, et imagine une nouveau programme autour de la psychologie. Sans suite. Plus tard, son essai dans la Cible, avec Guy Lecluyse, connaîtra le même avenir. Jusqu’à l’animation du jeu, à la rentrée 2006, en remplacement d’Olivier Minne.

La rentrée de septembre se fera finalement sans elle. France 2 n’a pas trouvé la bonne recette. Depuis le Téléthon de 1988, où elle commentait les animations depuis Nîmes, Marie-Ange Nardi est de toutes les aventures. Cluedo, Yacapa, Fort Boyard : pas un évènement à l’antenne sans elle. 2002, le tournant ?

A nouvelle coupe de cheveux, nouvelle vie (elle était enceinte pendant son absence). C’est sur TV5 qu’elle fera finalement son retour. Avec Frédéric Mitterrand, le 25 octobre 2003, elle co-anime 24 heures à... successivement en Tunisie puis en Thaïlande.

Au bord de la roue du Millionnaire, elle reçoit (et parfois déçoit) toujours les candidats venus prendre le chèque d’un millions d’euros. En moins de cinq minutes, les dés sont jetés. Marie-Ange n’a plus qu’une petite fenêtre pour s’exprimer. Sans honte, l’éclectisme est selon elle l’une des ses qualités, la roue compte bien encore tourner. C’est avec le Fil à la Patte, arborée d’une toison blonde, que Marie-Ange Nardi revient aux avants-poste depuis le théâtre des Variétés. Ont suivi depuis Tout vu tout lu et maintenant la Cible. L’animatrice a retrouvé ses couleurs et son rythme de croisière...