Marc Chavet / Pierre-Yves Gaudillat (Drone Racing League 2018) : « Le talent de pilotage et la confiance en soi sont les seuls aspects qui peuvent faire la différence »
Dès le 8 septembre à 22h15, AB1 diffuse en exclusivité la saison 2018 de la Drone Racing League. À cette occasion Marc Chavet et Pierre-Yves Gaudillat, ancienne gloire des sports mécaniques français, nous livrent leurs impressions sur cette discipline sportive montante.
Corentin Bresson : Comment définiriez-vous la Drone Racing League (DRL) ?
Marc Chavet : La DRL une fédération organisant des compétitions de drones. C’est un jeu vidéo futuriste se déroulant dans notre monde physique bien réel. Elle crée des parcours assez atypiques avec des agrès à franchir, des obstacles à négocier et des virages à appréhender. En réalité, c’est une sorte de jeu d’échecs se déroulant à 90 km/h.
L’épreuve de Londres est la plus prestigieuse de toutes. Comment les athlètes arrivent-ils à se qualifier pour cet événement ?
Marc Chavet : On distingue plusieurs étapes de qualifications pour arriver à la finale de Londres. La DRL organise un championnat du monde s’agençant sur toute la saison régulière avec six épreuves qualificatives. En 2018, le vainqueur de chacune de ses épreuves obtiendra son ticket pour le Championnat du monde. Quatre autres participants les rejoindront lors d’un dernier événement précédant la compétition finale.
De quelles disciplines proviennent les athlètes ?
Pierre-Yves Gaudillat : Nous distinguons plusieurs typologies de pilotes. Principalement, les pilotes viennent de la radio commande, mais ils sont tous venus dans la DRL car c’est la discipline du genre la plus populaire. En effet, en France, il y a environ 6000 pratiquants chaque week-end. La DRL regroupe les meilleurs spécialistes mondiaux piochés dans différents pays.
Comment les pilotes arrivent-ils à contrôler à distance le drone ?
Marc Chavet : La radio commande sert d’ustensile et connecte le pilote au drone, afin de le contrôler. Ensuite, les caméras insérées dans le drone permettent aux pilotes de voir les déplacements en temps réel.
Pierre-Yves Gaudillat : Les pilotes contrôlent leur véhicule grâce à des caméras analogiques et non en numérique. Même si les graphiques sont moins beaux, cela correspond plus avec leur recherche de rapidité.
« La Drone Racing League est une sorte de jeu d’échecs se déroulant à 90 km/h »
Pierre-Yves Gaudillat, vous détenez de multiples records en tant que pilote. Quelle est la particularité de cette discipline par rapport à d’autres sports de vitesses ?
Pierre-Yves Gaudillat : Nous sommes basés sur les mêmes principes que la moto ou la voiture d’un point de vue de la sensation visuelle. Ainsi, les contraintes pour le pilote en termes de trajectoires sont équivalentes. Cependant, dans la DRL, on se balade sur un fluide alors que dans ses sports mécaniques on est sur terre.
Lors de l’épreuve, il est très difficile d’identifier à qui appartiennent les drones, cela rend-il votre commentaire plus difficile ?
Marc Chavet : Même si cela va très vite, il y a un système de codes couleurs très efficace, d’autant que la DRL a tout pensé pour la télé. Ils ont fait en sorte de créer une chromatique pour que les drones soient identifiables. Cependant, certaines attaques dans le feu de l’action peuvent prêter à confusion.
Pierre-Yves Gaudillat : D’ailleurs, nous avons réellement souhaité commenter dans les conditions du direct pour la partie compétition. Cela permet d’avoir une meilleure spontanéité.
Mis à part les États-Unis et la France, dans quels autres pays ce sport est-il pratiqué ?
Pierre-Yves Gaudillat : Contrairement aux apparences, ce genre de compétition est né en France, dans les Alpes. Après, aujourd’hui, les pilotes en Allemands, Espagnols et Anglais sont redoutables. Dans les pays asiatiques, ils se développent et se professionnalisent comme aux États-Unis. Ils risquent donc naturellement d’intégrer très rapidement la DRL.
En 2016 et 2017, Jet s’est imposé pour la deuxième fois consécutive, pensez-vous qu’il puisse faire la passe de 3 ?
Marc Chavet : Dans la DRL, les saisons se suivent, mais ne se ressemblent pas. Même s’il y a des vétérans chaque année, des petits nouveaux rendent la compétition encore plus passionnante.
Pierre-Yves Gaudillat : Cet aspect imprévisible vient du format, les pilotes ne sont dédiés qu’à cette discipline et possèdent les mêmes machines. C’est très difficile de distinguer des favoris, car le talent du pilotage et la confiance en soi sont les seuls aspects qui peuvent faire la différence.