Le Tombeau de Jésus : le documentaire explosif sur TF1
Un archéologue à lunettes qui nettoie un bloc de pierre avec un pinceau, sur TF1 ? On se pince pour y croire... Mais la chaîne ne pouvait pas passer à côté du documentaire très polémique de Simcha Jacobovici, produit par James Cameron : diffusé aux Etats-Unis sur Discovery Channel, il a signé sa meilleure audience de l’année.
1980, banlieue de Jérusalem. Lors d’un chantier, on découvre une tombe creusée dans la roche. Les archéologues y découvrent dix petits ossuaires, dont six portent des inscriptions en hébreu. Entre autres : « Jésus, fils de Joseph ». 25 ans après, le journaliste Simcha Jacobovici, primé pour ses documentaires sur le virus Ebola ou le tourisme sexuel en Inde, tente de démontrer qu’il s’agit de Jésus de Nazareth.
Il revendique pour cela une démarche scientifique : archéologie, épigraphie, statistiques, et même tests ADN... Selon lui, tout concorde : « Rien n’est venu contredire la théorie. » Les ossuaires correspondent exactement à ceux du Ier siècle après J-C, et leur patine semble l’attester. Tous les noms inscrits sur les cercueils de pierre pourraient désigner l’entourage très proche de Jésus : Marie, Mariamne alias Marie-Madeleine... Certes, ces noms sont très communs à l’époque, mais leur association l’est beaucoup moins, selon les statisticiens convoqués dans le film. Ensuite, des tests ADN montrent que Jésus et Mariamne ne sont pas de la même famille : s’ils sont ensemble dans ce tombeau, c’est donc qu’ils sont mari et femme ! Et le clou de l’histoire - si l’on peut dire : l’ossuaire le plus petit porte l’inscription « Juda, fils de Jésus ». Non seulement, Jésus et Marie-Madeleine étaient mariés, mais en plus, ils ont eu un fils !
On pense tout de suite au Da Vinci Code : il ne manque plus que la pyramide du Louvre et Audrey Tautou... Simcha Jacobovici n’apprécie guère la comparaison, bien sûr : « Le Da Vinci Code est un travail de fiction. Je ne prétends pas que le tombeau de Marie-Madeleine est à Paris, mais à Jérusalem. Les ossuaires, c’est un fait. » Mais comme Dan Brown, il évoque un complot pour étouffer l’affaire, même s’il n’incrimine aucun moine albinos assassin : « Depuis sa découverte en 1980, on n’a presque jamais parlé de ce tombeau. Pourquoi, s’il est tout à fait banal, comme le prétendent certains archéologues ? »
Quant à l’Eglise, elle ne peut évidemment accepter que Jésus soit enterré à Jérusalem (ni qu’il soit marié d’ailleurs) : la théorie entre en contradiction avec le Nouveau Testament, et en particulier avec le dogme de l’Ascension. Elle s’exprimera par la voix de Mgr Di Falco dans un débat avec le réalisateur diffusé juste après le documentaire, et animé par Jacques Legros, journaliste sur la chaîne Histoire.
Des archéologues à lunettes donc, mais aussi un sujet à sensation, une mise en scène appuyée et des reconstitutions en costume : pas d’erreur possible pour le téléspectateur, il n’est pas sur Arte.