Le destin de Lisa : l’embellie des après-midi de TF1
Une série allemande qui séduit les jeunes et les ménagères, qui l’eût cru ? Surtout avec un personnage principal si peu télégénique. Et pourtant... Il est vrai que Le destin de Lisa s’inspire de deux séries cultes : c’est la rencontre improbable entre Amour, gloire et beauté et Derrick. D’un côté, deux familles fortunées, composées de playboys brushingués et de bimbos autobronzées, se déchirent dans le milieu de la mode. De l’autre, une héroïne au physique « différent », qui porte des grosses lunettes triple foyer et mange des saucisses au chou. Mélangez le tout, et vous obtiendrez Verliebt in Berlin, ou comment survivre dans le monde cruel de la mode quand on porte des sous-pulls en polyamide et des jupes plissées marrons.
Lisa Plenske vient d’obtenir son diplôme, elle est douée pour la compta, et bien élevée. Seulement voilà, elle est aussi hirsute, mal fagotée, myope, coincée, naïve, et a les dents baguées. Et ses parents sont de surcroît des ploucs de l’ex-RDA. Pas facile de décrocher un emploi dans ces conditions. Le générique retrace l’arrivée de notre héroïne chez Kerima, la maison de haute couture où elle espère devenir assistante. Mines effarées et cris d’horreur de ses interlocuteurs devant l’ingrate créature : « On vous rappellera ! ». Mais coup de théâtre ! Elle sauve par hasard de la noyade le jeune directeur David Seidel, qui, bouleversé, en fait son assistante personnelle. Bien vite, Lisa tombe amoureuse de son riche et beau patron, qui, par malheur, est promis à la riche et belle Mariella von Brahmberg. Et son ennemie jurée, Sabrina la méchante, secrétaire peroxydée de son état, qui la surnomme « l’épouvantail », n’a de cesse de lui mettre des bâtons dans les roues. Le vilain petit canard épousera-t-il le prince charmant ? La beauté intérieure triomphera-t-elle dans un monde superficiel, où tout est basé sur l’apparence ? Peut-être, mais pas avant 375 épisodes de rivalités, trahisons et rebondissements infinis.
Clichés, manichéisme et forte audience à la clé : Le destin de Lisa respecte parfaitement le cahier des charges du soap fleur bleue. TF1 diffuse la série depuis le 8 janvier, du lundi au vendredi, à raison de deux épisodes chaque jour. D’abord programmée de 16h35 à 17h25, elle attirait début février 2 millions de téléspectateurs en moyenne, soit 27% de parts de marché. Devant ce joli succès, elle est décalée depuis le 5 mars de 17h25 à 18h20, à l’heure où les collégiennes rentrent chez elles : face à Urgences, Lisa séduit désormais 2.5 millions de passionnés (30% du public). A partir du lundi 23, France 2 misera sur Newport Beach pour contrer la binoclarde préférée des ados. La chaîne publique a bien du souci à se faire, car ce 17 avril seront diffusés les épisodes 143 et 144 (sur 375). A noter, près d’un million de téléspectateurs suivent la rediffusion des épisodes de la veille le matin à 11h10.
En Allemagne, Verliebt in Berlin fait les beaux jours de SAT1 depuis février 2005. La série est suivie par 4 millions de fidèles, tous les jours à 19h15. Le dernier épisode de la saison 1, diffusé en prime time, a même été suivi par 7.35 millions de passionnés, et plus de 50% des moins de 20 ans. Si Lisa, une fois son « destin » scellé, disparaît, la série se poursuit sans elle : les saisons 2 et 3 sont centrées sur Bruno, son demi-frère, apparu opportunément.
Mais Lisa ne serait rien sans sa cousine colombienne Betty. En effet, à l’origine de la série allemande, il y a la telenovela Yo soy Betty la fea. Née en 1999, elle a été diffusée dans 70 pays et a connu dix adaptations dans le monde (jusqu’en Inde et en Turquie). La version américaine produite par Salma Hayek Ugly Betty, à l’antenne d’ABC depuis septembre, a reçu 2 Golden Globes : « meilleure série comique » et « meilleure actrice dans une série comique ». Elle sera bientôt à l’antenne sur TF1, qui préparerait même une version française. La revanche des moches ?