Laure Guibert (Bénédicte, Les mystères de l’amour) : « Jean-Luc Azoulay a besoin de créer des ruptures pour redynamiser la série »

Emmanuel Lassabe : Dans cette saison 33 de la série Les mystères de l’amour, Bénédicte a eu plusieurs moments d’égarements avec Christian. Avec le temps, Bénédicte et Christian pourraient-ils véritablement former un couple selon vous ?

Laure Guibert : On n’en est plus du tout là, puisqu’à ce stade de l’histoire, tous les deux vont mal. Bénédicte, par amitié pour son pote Christian, va en Belgique dans le but de le soigner. Ils sont rattrapés par les souvenirs et ils tombent dans les bras l’un de l’autre. Bénédicte est néanmoins quelqu’un de droit et loyal. Quand j’ai lu l’histoire, je n’ai pas trouvé ça très cohérent au vu de l’amitié qu’elle a envers Fanny.

Est-ce à dire que Bénédicte et Christian ne termineront pas ensemble ?

C’est juste un moment nostalgique. Bénédicte réalise très vite que passé ce tourbillon émotionnel, l’amitié qu’elle a envers la chanteuse est primordiale. Elle va mal et elle ne s’autorise pas cette relation avec Christian. Elle est très claire sur son amitié avec Fanny et sur sa volonté de ressouder son couple avec Christian. Elle est honnête avec son ami en disant que tant que la chanteuse n’a pas accepté le divorce, il n’y aura rien d’autre que de l’amitié.

Bénédicte, en allant en Belgique pour ramener Christian à la raison, en dit plus sur sa vie sentimentale. Christian est-il finalement, pour Bénédicte, la solution pour guérir la trahison de Jean et Luc ?

Je ne pense pas qu’elle ait envie de former un couple. Je pense qu’elle a souffert et a besoin de se reconstruire, comme le veut le personnage. Elle a besoin de temps, en étant seule, et de poser la situation quand ça ne va pas. Elle ne cherche pas un pansement en Christian tout comme avec Brad. Elle se dit que tant qu’elle va mal, elle prendra du temps pour se reconstruire.

« Bénédicte pourrait éventuellement être artiste »

Bénédicte s’est éloignée du watersport. À l’instar de Laly qui travaille désormais avec Hélène, peut-on imaginer Bénédicte évoluer dans un autre univers professionnel ?

Je n’en sais rien, puisque je ne suis pas dans la tête de Jean-Luc Azoulay, qui écrit nos textes. J’ai l’impression, que passée cette parenthèse où je suis allée en Belgique pour ramener Christian à la raison, je vais retrouver ma vie d’avant et mes amis au watersport.

Avez-vous des envies en ce sens pour votre personnage ?

C’est toujours sympa de changer de décor, de jouer avec des comédiens avec qui nous ne tournons pas souvent. J’ai eu l’immense plaisir de retrouver Serge Gisquière, qui campe le personnage de Peter Watson. Lui-même était très content de travailler avec nous. Sébastien Roch (Christian, NDLR) était beaucoup avec Fanny. Nous ne tournions presque plus ensemble. C’est donc sympa de changer de partenaire, puisque nous changeons d’onde de comédiens. Ça redynamise le quotidien d’acteur.

Vous êtes une artiste aux multiples talents. Outre la comédie, vous êtes également créatrice d’art. Avez-vous déjà envisagé d’intégrer ce talent à la série ?

Quand nous tournions Le miracle de l’amour au début de la série, Jean-Luc Azoulay avait mis certaines de mes toiles en arrière-plan. Il m’avait signifié que ce serait drôle, comme j’ai fait les Beaux-Arts dans l’histoire et dans la vie, qu’il y ait mes œuvres dans le décor. C’était un petit clin d’œil à ce moment précis. Maintenant, je ne sais pas comment il pourrait intégrer ça. Si je sors du watersport, je pourrais éventuellement devenir artiste, pourquoi pas.

« Bénédicte a toujours su encaisser les coups durs »

Pourquoi Bénédicte n’est-elle jamais devenue peintre ou sculptrice ?

Je ne sais pas. Les choses sont inventées comme dans toute fiction. C’est sympa d’imaginer des vies, et de se retrouver dans des univers différents. Je l’aime bien mon watersport, et les comédiens avec qui je tourne, c’est toujours un moment de plaisir.

Pour revenir sur la trahison des jumeaux, Bénédicte avoue dans une scène forte en émotion qu’elle a ressenti cette trahison comme un viol. À l’inverse de Cathy, Bénédicte aborde avec profondeur la fin de cette intrigue. Elle s’éloigne ainsi de la légèreté du watersport ces dernières saisons. Comment avez-vous abordé ce revirement vers le registre plus sombre ?

Bénédicte a toujours su encaisser les coups durs. Quand ils frappent à la porte, on doit les assumer, parce qu’il n’y a pas d’autres choix. On prend le temps de se remettre sur pied. Je trouve ça intéressant de jouer des situations qui sortent du long fleuve tranquille de la vie. C’est toujours agréable de jouer des choses dramatiques, ça remet du piment et ça varie. Je pense que Bénédicte assume et elle se dit que le temps fera son travail.

Bénédicte semble avoir fait le point sur ses relations avec José, Jimmy. Outre l’aspect amoureux, quel univers aimeriez-vous aborder avec Bénédicte ?

J’adore jouer des situations de la vie qui font que l’on ressent quelque chose. Je n’ai pas un chapeau de magicien où je me dis que j’aimerais être psychologue par exemple. À chaque fois que Bénédicte subit une situation de la vie, qu’elle soit heureuse ou non, j’aime les jouer. On est là pour recadrer les histoires des uns et des autres. Maintenant, savoir dans quel nouvel univers évoluer, je ne sais pas puisqu’il y en a tellement.

« On est parfois surpris du destin de nos personnages »

Comment analysez-vous le virage inédit de cette saison 33 avec les séparations presque inattendues de Fanny et Christian, Hélène prête à quitter Nicolas, ainsi que le recentrage encore plus intense sur les personnages historiques ?

Jean-Luc Azoulay est obligé d’écrire des histoires pour éviter de tomber dans une espèce de routine. Je sais qu’il envisageait une rupture entre Christian et Fanny (Elsa Esnoult). Il a besoin de créer des ruptures pour redynamiser la série. Ce n’est que mon ressenti. Nous ne recevons que les textes, et on est parfois surpris du destin de nos personnages !

Ressentez-vous des changements concernant le nouveau rythme de diffusion ?

Il y a du changement puisque l’on travaille moins (rires). Le rythme de tournage est moins soutenu. Je n’ai pas l’impression que cela change quelque chose sur l’histoire ou sur le plan scénaristique. Je pense que lorsqu’il y avait deux volets par semaine, ça donnait peut-être plus de rythme.