L’enfer (Arte) : comment Emmanuelle Béart et Claude Chabrol ont vaincu la malédiction de Clouzot
L’enfer, ni fait ni à faire. Après la tentative avortée de Clouzot, Claude Chabrol a concrétisé trente ans plus tard un drame paranoïaque à suivre à 20h50 ce 3 juin sur Arte.
L’enfer de Claude Chabrol est à retrouver à 20h50 ce mercredi 3 juin sur Arte. Le film, qui aurait dû se présenter à la France trente ans plus tôt, traîne encore aujourd’hui une réputation maudite, à l’instar d’un Poltergeist dans un registre horrifique qui s’est avéré toutefois bien plus dévoré par le malheur.
Le malheur, il n’est est pas question tout de suite pour Paul Prieur. Acquéreur tout récent de l’auberge « Hôtel du Lac », il a de quoi couler des jours heureux auprès de son épouse Nelly, ainsi que leur fils. La vie de famille semble idyllique et les réservations ne manquent pas.
Pourtant, quelque chose ne va pas pour Paul. Pourquoi ses nuits sont tant tourmentées ? Pourquoi se sent-il stressé, oppressé ? Une idée se développe dans l’esprit du père de famille : sa femme le trompe avec Martineau, le fils du garagiste. Rongé par la jalousie, il porte un regard bien plus malsain à l’égard de Nelly, qu’il se met à suivre sans discontinu.
De multiples complications pour Clouzot
Avec une mise en scène rigoureuse qui définit son cinéma, Claude Chabrol reprend ici le long-métrage tourné partiellement par Henri-Georges Clouzot trente ans plus tôt. Ce dernier, victime d’un infarctus, a été contraint de renoncer à son film après seulement trois semaines de présence au Viaduc de Gabarit. Auparavant, le créateur de Vera Films avait déjà connu des complications avec deux de ses collaborateurs qu’il a remplacé à la hâte.
Quand ce ne sont pas les techniciens, c’est Serge Reggiani, son acteur principal, qui ralentit le travail du cinéaste des suites d’une dépression. Les rapports entre les deux hommes sont devenus conflictuels. Les assurances, saignées par les différentes contraintes, ont finalement lâché Henri-Georges Clouzot qui n’aura pas l’occasion d’exposer une Romy Schneider qui s’annonçait envoûtante comme jamais à en croire les quinze heures d’images muettes nourrissant les archives du mythe.
Emmanuel Béart, heureuse héritière
Pour Emmanuelle Béart, successeuse de l’icône, elle n’a connu en revanche point de malédiction puisqu’elle a tourné dix ans plus tard dans un drame portant exactement le même nom, aux côtés de Karin Viard et Marie Gillain. Dans le cas de l’interprète inoubliable, huit ans plus tôt, de Manon des sources, L’enfer, ce fut (pour) les autres.