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L’amour encore plus vache > Delphine Chanéac

Emilie Lopez
Publié le 04/01/2011 à 18:58

De prime abord, Delphine Chanéac semble être le parfaite stéréotype de la femme parisienne, comme l’imaginent nombre d’Américains. Pourtant, lorsque cette dernière raconte son passé et sa vision de l’avenir, les a priori tombent. Après avoir grandi dans une cité HLM, et connu les difficultés de cette situation, cette dernière a creusé son trou en débutant sa carrière dans des sitcoms. Et si beaucoup, en France, la voient comme « une actrice de téléfilm », outre-Atlantique, les casteurs ont été séduits par son coté « femme forte », exécutant elle-même ses cascades. Une double carrière pour une actrice aux multiples facettes, à qui l’expression « poigne de fer, dans un gant de velours » sied à merveille. Toutelatele.com est parti à sa rencontre, pour une interview sans langue de bois.

Emilie Lopez : Après le succès de L’amour vache, vous voilà de retour pour la suite, L’amour encore plus vache. Êtes-vous consciente que certains vous attendront au tournant ?

Delphine Chanéac On avait tous très peur de repartir dans un second épisode. Nous ne voulions pas faire une suite juste pour faire une suite, et simplement parce que le premier avait bien marché. L’enjeu était de refaire un scénario qui soit aussi riche, et au moins à la hauteur du premier, si ce n’est mieux. Un pari très bien réussi selon moi.

Avez-vous attendu d’avoir le pitch en main avant d’accepter de signer pour ce second épisode ?

Bien sûr ! Et à sa lecture, j’ai été très surprise. Je ne m’attendais pas à ce que l’on aborde ces sujets-là. Je l’ai trouvé tellement touchant ! Cela aurait été facile de faire un scénario où Lily était enceinte, où elle s’en inquiétait... J’étais persuadée qu’on partirait là-dessus. Je ne m’attendais pas à ça, vraiment ! Pour moi, ce n’est pas vraiment une suite, car il y a une vraie histoire, ça pourrait très bien être un téléfilm à part entière.

A quoi peut-on, au final, s’attendre ?

Les téléspectateurs retrouveront Lili et Luc, toujours aussi amoureux. Ils ont envie de vivre ensemble. Mais Lili ne sait pas comment le dire à Luc, comment l’aimer, voire même comment aimer tout court. Elle garde son côté girouette, mais c’est ce qui fait qu’on l’aime : elle est touchante, maladroite, gauche, un peu peste. Elle a tous les défauts et à la fois toutes les qualités. C’est un joli personnage, haut en couleur, formidable à interpréter, et dans cet épisode, elle est, selon moi, plus touchante, plus mature. En tous cas elle essaye de l’être...

Vous avez, depuis le premier épisode, vécu énormément de choses, sur le plan professionnel, dont des tournages aux États-Unis. Comment se sont passées vos retrouvailles avec Lili, après tout ce temps ?

Un an après c’est compliqué de retomber dans les pompes de Lili, car entre temps j’ai joué pas mal de personnages, certains très proches d‘elle, d’autres très éloignés. J’avais très peur de décevoir ceux qui avaient aimé le premier téléfilm, dans lequel elle était pétillante, pleine de vie, un peu légère. Dans ce second scénario, j’avais l’inquiétude qu’on ne retrouve pas ce côté-là de son caractère. Du coup, je me suis mis pas mal de pression sur les épaules, et ça a été beaucoup mieux quand j’ai commencé à me lâcher.

Diriez-vous que Lili vous ressemble ?

Elle est très proche de moi dans tout ce qu’elle est. Je suis un peu tête en l’air, je dis oui puis non, je dis blanc et son contraire, je peux très bien dire quelque chose, et l’inverse 5 minutes après. Je peux être girouette aussi. J’ai ce côté bouleversante et bouleversée...

Pensez-vous, comme elle, qu’il faudrait un « mode d’emploi » pour la vie à deux ?

Vivre en couple n’est pas chose facile. C’est un travail chaque jour, comme le dit Lily. Elle veut garder l’étincelle. C’est là que nos points de vue diffèrent : à l’inverse de Lily, moi j’aime le quotidien, la routine, car c’est justement ce qui fait qu’on est un couple ! Elle en a très peur, comme moi à une époque...


Entre ces deux épisodes, vous avez tourné aux États-Unis. Pouvez-vous nous parler de cette expérience ?

J’y allais pour un film, et en tout, j’ai passé quatre castings, dont un pour pub, et j’ai décroché deux rôles. Pas mal non ? (rires)

Quelle vision les Américains ont-ils de vous ?

Comme la fille qui a joué dans Splice (avec Adrian Brody, ndlr), capable de faire des cascades, d’avoir un côté dur... Je ne ressemble pas aux cascadeuses de là-bas et ce paramètre rentre en compte. J’ai l’impression qu’ils me voient comme quelqu’un de « plus simple », plus spontanée, c’est peut-être ce côté un peu frais qu’ils aiment. Rien que de me voir débarquer aux castings avec ma trottinette amusait tout le monde...

Vous commencez à être connue outre-Atlantique. Imaginez-vous une carrière « à la Marion Cotillard » ?

Je ne cherche pas à avoir une carrière « comme », c’est déjà assez difficile d’avoir sa propre carrière, ce n’est pas pour essayer de copier celle d’une autre ! Aujourd’hui, je trouve qu’il y a des injustices en France. J’ai fait un film aux États-Unis où j’estime avoir prouvé des choses, mais n’en avoir tiré « aucun profit ». À aucun moment, en France, on est venu me voir en me disant « Tu as fait un super boulot, et tu peux être considéré comme une actrice ». Ici, je reste celle qui a fait des sitcoms, des téléfilms, et à tous ceux qui pensent cela, j’ai envie de dire « Je vous emmerde ! » Je fais mon boulot, je prends les projets qui me plaisent, m’intéressent, me touchent... Je fais mon travail. Si on me propose un projet, qu’il soit pour la télévision ou le cinéma, peu importe !

Il est vrai qu’encore aujourd’hui, en France, le passage de la télévision au cinéma demeure parfois difficile...

Oui, mais regardez Audrey Tautou : elle a fait Cordier Juge et Flic, elle a joué dans Julie Lescaut, alors pourquoi moi, on me met dans une case ? Aujourd’hui, je n’en ai plus rien à foutre, je suis heureuse. J’ai trop essayé, à une époque, d’être aimée, de me plier en fonction de ce qu’on attendait de moi, et au bout d’un moment on se perd. Un jour, on se réveille et on se dit que la vie est courte. Et on arrête d’essayer...

Que recherchez vous au final désormais ?

La reconnaissance du public, je l’ai déjà. Aujourd’hui, j’estime être une comédienne populaire, et je trouve ce terme formidable. Je fais des films pour des gens, pas pour le mec complètement perturbé qui écrit des scénarios au fin fond de sa cave !

Cela signifie-t-il que vous seriez partante pour un troisième épisode de L’amour vache ?

J’aime ce personnage, mais je ne sais pas. Je ne réfléchis pas comme ça : je fais ce qu’il me plait, je ne raisonne pas en terme de prestige...

Le premier épisode avait bien marché, notamment en raison de l’engouement pour L’ amour est dans le pré. Est-ce le genre de programme que vous regardez ?

C’est une question piège ! (rires) On va faire une pirouette : je ne suis pas beaucoup en France donc... (rires)