Kingdom (saison 2) : comment Game of Thrones, The Walking Dead et The Crown ont inspiré la première création sud-coréenne de Netflix
Kingdom jouit d’une belle popularité sur Netflix. La deuxième saison est sortie récemment, respectant le sel d’un succès aussi fulgurent que les nombreuses têtes tranchées au cœur des combats.
Le 25 janvier 2019, Netflix mettait à la disposition de ses abonnés les six épisodes de la saison 1 de Kingdom, première production originale sud-coréenne de la plateforme, en collaboration avec les Américains. Le 13 mars dernier, la mise en ligne de la deuxième saison, d’une durée égale, a servi les mêmes ingrédients de cette frasque coréenne se déroulant au XVIIe siècle. Avec un surplus de piment.
Une Reine sans pitié
Les premières minutes de Kingdom ne laissaient aucun doute quant aux divers enjeux qui remueraient tout un Royaume. Un secret terrifiant au plus haut sommet du pouvoir dans une époque plutôt lointaine aux yeux de notre société contemporaine et mondialiste, puis, une giclée d’hémoglobine qui allait annoncer la couleur au sens premier du terme.
Le début de la deuxième saison a joué la carte de la continuité, promettant une guerre de grande envergure entre les hommes et des zombies conçus par la famille royale, désireuse d’assurer la pérennité de leur dynastie en maintenant le Roi « en vie » le temps que la future Reine mette au monde l’héritier du trône. Mais ces zombies se sont avérés de plus en plus nombreux et de moins en moins vulnérables puisque les troupes du prince héritier Yi Chang, cherchant à conquérir un trône qui lui revenait de droit, ont réalisé que les zombies ne craignaient pas la lumière, mais la chaleur. Or, à l’aube de cette saison 2, l’hiver achève son hibernation, éveillant en continu les monstres assoiffés de sang. La crainte d’un hiver interminable rappelle une certaine série fantaisiste au succès mondial...
Un gigantisme en confinement
Car la réussite de Kingdom, au-delà de la forme saluée unanimement pour la qualité de sa photo et de ses envoûtants décors, c’est aussi un pêle-mêle astucieux de deux séries parmi les plus convoitées de ces dernières années : Game of Thrones et The Walking Dead. L’univers de George R.R. Martin est bien plus diversifié avec des contrées peuplées à souhait indépendamment du paysage ou du climat de chaque région, mais le sacrifice du peuple par la famille royale, la cruauté de la future Reine et ses rapports conflictuels avec son père, tout aussi sadique, renvoient à la tristement célèbre famille Lannister. La déchéance de Port-Royal lors de la huitième et dernière saison arrive bien plus tôt dans Kingdom puisque le palais royal est pris d’assaut dès la deuxième saison par les hommes de Yi Chang, puis par les zombies, que le courageux prince s’évertue à combattre alors que ses fidèles l’implorent de quitter les lieux pour sa survie.
Mais la similarité entre les deux programmes s’exprime davantage encore à travers la sensation de gigantisme et d’une entité infinie lorsque les hordes de zombies se démultiplient sans relâche alors que les épées tranchantes sont déjà pourries par le sang ayant coulé en abondance. Dans Game of Thrones, les Marcheurs Blancs semblaient constituer une armée invincible, surtout dans la quatrième saison lorsque des Mammouths gargantuesques ont pris d’assaut Châteaunoir.
Kingdom peut aussi renvoyer à The Walking Dead à travers ce terrible constat que les Hommes commettent de pires méfaits que des monstres dénués... d’humanité. Ce ne sont pas tant les zombies qui sont haïs dans ces deux programmes, mais ceux qui se transforment en marionnettistes en exploitant ce mal épidémique à leur profit. Cependant, les moments d’extrême tension créent un autre parallèle, à savoir quand les humains semblent cernés par ces créatures que rien ne semble pouvoir arrêter. À la fin de la deuxième saison de Kingdom, après une bataille qui a démarré dans le précédent épisode, une solution naturelle vient finalement sauver d’une mort certaine l’ensemble des combattants au cœur d’une nuit sombre, simplement égayée par les torches agitées frénétiquement.
Une saison 3 tout aussi mouvementée ?
Enfin, il convient de dresser un parallèle - plus étroit - entre la série américano-sud-coréenne et The Crown , tout en limitant la comparaison avec « Le trône de fer ». Là où la série de HBO a pu tirer sur l’élastique en se fendant de dialogues parfois interminables, Kingdom aspire à aller droit au but. Les flashbacks, relatifs à l’origine du poison, sont succincts. Au-delà des combats qui occupent au moins la moitié des épisodes dans leur intégralité, les temps de repos se veulent bien souvent ludiques, voire protocolaires. Le biopic The Crown expose les relations parfois conflictuelles au sein de la famille royale, et plus principalement à l’intérieur du couple, tout en relatant l’éducation du Prince Charles. Le prince héritier Yi Chang, un héros de fiction à l’ancienne, dont l’âme pure est toutefois assombrie par son désir de vengeance, regroupe toutes les qualités nécessaires d’un digne représentant d’une Nation, d’un Royaume.
Au terme de la deuxième salve, Yi Chang renonce au pouvoir, au bénéfice du bébé enlevé par la Reine qui était dans l’incapacité de tomber enceinte. L’éducation de cet héritier illégitime parachève cette deuxième saison qui le met en scène à ses sept ans. S’en suivent plusieurs rebondissements qui découleront sur une troisième saison, laquelle à priori, ne dépaysera pas les aficionados d’un Royaume abritant encore un mystère de la plus haute importante à propos de ce virus dont la rédemption promet de nouvelles bouchères batailles.