Julien Pasquet (Intégrale week-end, CNews) : « Je suis affublé de toutes les insultes et de tous les bords »
Depuis la rentrée, Julien Pasquet est aux commandes de Intégrale week-end sur CNews. Le journaliste, qui a permis à la propriété de Canal+ de sensiblement dynamiser son audience de 16% et 19% le samedi et dimanche soir, se confie sur son basculement vers l’information générale. Parallèlement à un attachement gardé à l’actualité sportive, il évoque les conséquences de l’émergence des réseaux sociaux dans le débat.
Benoît Mandin : Comment êtes-vous arrivé sur CNews ?
Julien Pasquet : Cela fait un peu plus de dix ans que j’évolue sur cette chaîne. Lors de mon arrivée, elle était dirigée par Pierre Fraidenraich (directeur général de l’antenne d’iTele en 2009, ndlr). Je l’ai rencontré au tout début de ma carrière puisqu’il a créé Info Sport (Julien Pasquet y a été journaliste sportif, ndlr). Au moment où il a souhaité refonder la matinale d’iTele (ancien nom de CNews, ndlr), il cherchait un chroniqueur sportif. Il m’a contacté alors que j’étais journaliste pour Orange afin d’incarner les sports aux côtés de Thomas Thouroude.
Comment avez-vous décroché l’animation du magazine 13h foot ?
Je collabore avec Pascal Praud de plus ou moins près depuis longtemps. Il est arrivé dans la chaîne une année après moi. Au départ, j’étais plutôt l’homme de terrain et j’avais une relation à distance avec lui. En parallèle, j’avais une place de chroniqueur en plateau. J’incarnais les journaux des sports lorsqu’il n’y avait pas forcément d’événements sur le terrain. Pascal Praud était accompagné de François Pinet dans 20h foot. On a décliné cette émission aux samedi et dimanche 13h. Dès qu’elle a été mise en place, je l’ai incarné avec Pascal Praud.
Comment avez-vous abordé ce passage à l’animation ?
J’étais ravi, car le sport est ma formation de base. Quand je suis arrivé à CNews en jeune rédacteur, j’ai très vite eu l’opportunité de me diversifier et de grandir au sein de cette chaîne. Pour moi, c’est arrivé comme une conséquence logique de ma progression. Je me sentais à l’aise avec Pascal Praud. Un côté « vieux couple » s’est créé entre nous deux à l’antenne. Vu qu’ils sont présents de manière régulière, des automatismes se sont installés avec les chroniqueurs. J’étais très content de voir la confiance que m’accordait CNews.
« Le ’news’ a un côté excitant, car tout peut arriver à tout moment »
Ces derniers mois, vous avez peu à peu basculé vers l’information générale. Quel a été l’élément déclencheur ?
Lorsque je suis arrivé à CNews, j’étais 100% journaliste de sport. Au fur et à mesure des années que j’ai passées au sein de la rédaction, je me suis rendu compte que les champs des possibles étaient variés. On croise des collègues qui reviennent de zones de conflit ou traite de l’international. Ça crée une forme d’émulation. Bien que je suis heureux de traiter l’actualité sportive comme je le fais encore aujourd’hui avec 20h foot, j’ai ressenti le besoin de me diversifier. Quand on évolue dans une rédaction comme celle de CNews, on est parfois amené à être en renfort sur certaines opérations. Cela m’est arrivé tristement même si c’était une opportunité pour moi lors des attentats de 2015. Je me suis retrouvé par hasard à Nice le 14 juillet 2016 et par la force des choses j’ai été amené à couvrir en direct l’attentat. Après ces expériences, l’idée de passer en information générale a été renforcée. Et l’autre élément déclencheur a été la crise des gilets jaunes. On a été face à un phénomène qui prenait plus d’ampleur. Dans certaines tranches où j’aurai dû incarner du sport, on m’a demandé de prendre en main des spéciales gilets jaunes. Pour moi comme la chaîne, il y a eu une forme de révélation. J’ai réussi à gérer le direct et à faire vivre l’événement. Cela m’a permis de me rendre compte que j’en étais capable.
Avez-vous songé à vous consacrer pleinement à l’information générale ?
La direction de CNews a choisi de me faire basculer vers l’information générale en me confiant la tranche du week-end. C’était un challenge que je souhaitais absolument relever. 20h foot est une marque que l’on voulait vraiment garder. Le magazine se maintient le vendredi. C’est un plaisir de se dire que mes premiers amours sont toujours accessibles. Quand on m’a confié Intégrale week-end, j’ai tout de suite demandé à remettre les intégrales sports que l’on distille avec Frédéric Brindelle le samedi et le dimanche. C’est presque un magazine où on passe en revue toute l’actualité sportive.
Comment avez-vous imaginé Intégrale week-end ?
C’est une chance, car on m’a donné une feuille quasiment blanche sur laquelle je pouvais écrire à peu près ce que je veux. Je me suis dit qu’il y avait plein de choses à faire. L’idée était d’apporter un regard et une approche différente de l’actualité en insérant des chroniques comme c’est le cas le samedi avec une petite bande de copains. On l’a voulu dans l’esprit d’une matinale du soir afin de donner du rythme et non un côté rébarbatif. Le tout en gardant la promesse de CNews : informer les gens et décrypter l’info. On pouvait envisager de la voir sur un autre prisme à travers des portraits et des personnalités un peu différentes en plateau.
« Les audiences sont bonnes et les téléspectateurs nous font confiance »
Comment gère-t-on l’adrénaline que procure une chaîne info ?
C’est le charme de nos chaînes ! À ce titre, c’est difficile de sortir du « news ». Il y a ce côté excitant, car tout peut arriver à tout moment. On travaille une manière brute qui peut nous tomber « sur le coin de la figure » d’une minute à l’autre. Je pense que c’est une question d’expérience. Ma chance est d’être passée par le sport. Quoi qu’on en dise, c’est le domaine de l’improvisation et de la rigueur. Il faut être capable de garder son sang-froid, de poser les bonnes questions et de prendre le temps de donner les informations dont on dispose. On se doit également de ne pas trop spéculer sur ce qui peut se passer ou ce qu’on voudrait anticiper. Il faut être extrêmement prudent tout en ayant une forme d’intuition.
Depuis quelques semaines, nous assistons à des polémiques autour de débats organisés sur les chaînes info. Comment se préserve-t-on quand tout peut basculer d’un moment à l’autre ?
Je regarde un minimum les réseaux sociaux. Je suis uniquement abonné à Twitter, outil très important pour nous. Quand je sors d’un débat le dimanche soir où on est très axé politique, je m’aperçois que cela suscite le plus de réactions. D’un jour à l’autre, je peux être traité d’islamo-gauchiste, d’extrémiste de droite, de caniche de l’exécutif ou du Président de la République. Je suis affublé de toutes les insultes et de tous les bords. Cela me pousse à donner peu d’intérêt à ce que je lis. 80% de ce que je vois au sujet de mes émissions ou débats est issu d’un déversement de haine. Parfois c’est totalement infondé où on me prend des bouts d’interviews ou débats pour dire ce qu’on veut, et ce alors que les personnes n’ont a priori pas regardé entièrement le sujet. Quand c’est constructif, je suis bien évidemment ouvert à la critique.
Lancé à la rentrée, Intégrale week-end voit tous ses indicateurs être au vert en audience. Quel premier bilan en tirez-vous ?
La direction de CNews m’a vraiment laissé le champ libre sur les choix de chroniqueurs, la place que je souhaitais donner au sport et à la politique, et au nom des intervenants. La progression est régulière et mes choix et thématiques abordées sont validés par les audiences. Je reste tout à fait conscient que je suis un jeune journaliste en information générale, anchorman et animateur de débat politique. J’ai l’impression de progresser chaque week-end. Je suis très content des résultats. Les audiences sont bonnes et les téléspectateurs nous font confiance. Ces dernières années, les tranches du week-end étaient peu incarnées. On changeait beaucoup de présentateurs. Cette année, la direction de CNews a voulu redonner une vraie place aux week-ends. On m’a mis en avant et je suis très content de voir que ça fonctionne vraiment.
« J’étais vraiment trop jeune pour être l’un des cadres de Balance ton post »
En 2016, vous avez rejoint C8 pour être l’un des visages de Touche pas à mon sport. Comment est née votre collaboration avec Cyril Hanouna ?
Elle est née par l’intermédiaire d’Estelle Denis. Elle souhaitait que j’intègre la bande. Au fur et à mesure des négociations, j’ai rencontré Cyril Hanouna. Je l’ai beaucoup apprécié et je le trouve brillant. On est parti sur la première saison de Touche pas à mon sport. On avait créé une petite équipe très agréable. J’étais heureux, car la direction de CNews me permettait de diviser mon temps entre les deux chaînes. Après, Camille Combal est arrivé. Il m’a contacté pour intégrer Il en pense quoi Camille. Bien que ça se soit bien passé humainement, je n’avais pas un rôle proche de ma formation initiale. Là, on était plus sûr du talk-show et divertissement. J’avais un côté un peu schizophrène en me disant que je faisais une émission où je parlais du dernier concert de Justin Bieber et de la robe de Kim Kardashian, le tout en étant le lendemain en plateau sur une chaîne sérieuse, CNews. J’avais l’impression de brouiller les pistes en termes d’image donc on a finalement décidé d’arrêter.
À la rentrée 2018, vous avez été annoncé comme recrue de Balance ton post, émission où vous n’avez fait qu’une seule apparition...
Il y avait de la place pour être débatteur autour de la table, mais je sais rester à ma place... Je n’ai pas la notoriété et la crédibilité de Christine Kelly, Eric Naulleau ou Eric Revel. Quand je regarde Balance ton post, je préfère les voir donner leurs avis. Avec Cyril Hanouna, on a imaginé l’idée d’une chronique qui ne s’est finalement pas faite. Il y avait aussi des contraintes au niveau de mes activités sur CNews. J’ai beaucoup de respect pour lui et je suis reconnaissant de tout ce qu’il a pu me proposer ces dernières années. Si à l’avenir, il y a d’autres opportunités de travailler ensemble, j’imagine que ça se fera. Je pense que j’étais vraiment trop jeune pour être l’un des cadres de Balance ton post.