Jean-Pierre Castaldi (Mieux vaut tard que jamais) avec Laffont, Lavil, Drevet : « Au début, nos relations ont été compliquées... »
Aux côtés de Philippe Lavil, Patrice Laffont et Patrice Drevet, Jean-Pierre Castaldi s’est aventuré deux semaines en Thaïlande, puis deux semaines au Japon pour la série documentaire de France 3 « Mieux vaut tard que jamais ». En marge de la diffusion du deuxième des quatre numéros, l’acteur a clairement affiché sa préférence entre les deux destinations asiatiques. Il s’est aussi montré taquin à l’encontre de Patrice Laffont, tout en revenant sur sa fin de parcours douloureuse à Fort Boyard, ainsi que son expérience dans le James Bond « Moonraker ».
Joshua Daguenet : Comment Patrice Laffont vous a convaincu de partir quatre semaines à l’aventure en Thaïlande et au Japon ?
Jean-Pierre Castaldi : Je rêvais de partir au Japon. J’ai beaucoup voyagé grâce au métier d’acteur, j’ai tourné au Burkina Faso, au Zimbabwe, en Allemagne, en Finlande et j’ai grandi en Amérique du Sud. Mais il y a un pays qui me fascine depuis des années : c’est le Japon. Non seulement j’y suis allé, mais on m’a payé pour le visiter.
Que retenez-vous du Japon qui sera, à travers Tokyo et Kyoto, au menu des deux dernières semaines de l’émission ?
C’est un pays surprenant. Vous avez un modernisme absolu, ils sont tournés vers l’avenir. En même temps, tout le passé est présent. Tout est propre, nickel. Les gens ne traversent pas quand ils n’en ont pas le droit. Il existe des espaces fumeurs partout pour ne pas jeter les cigarettes. Dans le métro est inscrit « renseignement » : on pense alors qu’une machine va nous répondre et une porte s’ouvre avec la tête d’un monsieur qui apparaît et nous répond physiquement (rires). Et puis alors, on a vu des Geishas… On passe du passé au futur, c’est extraordinaire !
Aviez-vous des attentes ou quelques craintes au moment de débarquer en Asie ?
Non, car j’ai beaucoup voyagé. Je suis d’une curiosité absolue et j’ai une faculté d’adaptation qui est toujours là. Comme chaque acteur. J’ai peut-être été un peu déçu par Bangkok. La Thaïlande s’est révélée moins magique que je ne le pensais. Le Japon a été un choc.
Quels liens avez-vous tissés avec vos compagnons de route ?
Laffont est un vieux copain. Lavil aussi, je l’ai connu bien avant qu’il ne fasse les bambous [« Il tape sur des bambous » le tube de Philippe Lavil, ndlr]. À l’époque, il galérait un peu, on jouait au tennis ensemble. Par contre, je connaissais moins Patrice Drevet, le journaliste.
« La Thaïlande s’est révélée moins magique que je ne le pensais... Le Japon a été un choc »
Comment Jean-Pierre Castaldi, qui a affronté James Bond, Astérix et Obélix, peut-il détester la boxe, comme on peut le constater lors d’une soirée ?
(Rires). Je n’aime pas la boxe. Cela fait très mal de base, mais la boxe thaï est très violente. J’ai connu une révolution en Argentine, j’ai vu des morts donc non. Quand un mec prend un coup dans la gueule, j’ai l’impression de le prendre avec lui. Ils se font très très mal, encaissent des mauvais coups. La preuve, ils sortent sur des civières. Je préfère le rugby.
Pourriez-vous décrire le goût du rat des champs que vous avez dégustés en première semaine ?
Le marché là-bas est un autre monde. Les insectes ne sont pas aussi mauvais que ça et sont bourrés de protéines. C’est craquant même si je n’en mangerais pas tous les matins. Pour le rat, c’est plutôt bon si on ne sait pas ce que c’est.
Seriez-vous capable de reproduire la préparation de la soupe yom yam kung pour laquelle vous avez impressionné une chef locale ?
Ah non ! On s’attendait tous à ce que ce soit Patrice Drevet qui gagne mais j’ai mieux dosé que lui, et je me suis situé plus près du goût.
On vous sent particulièrement sensibilisé par la bonne cuisine. Vous avez étreint une cuisinière en quittant l’un des restaurants…
C’était extraordinaire ! En partant pour le restaurant « Le Macaron », on s’attendait à manger sur des nappes blanches avec des verres en cristal. Nous avions enfilé nos vestes. En arrivant, on est sur le trottoir, on pensait à une blague. Quand je suis reçu dans des grands restaurants, je viens toujours saluer les équipes en cuisine. Et là, quand j’ai vu l’autre avec son chalumeau, je me suis dit « Mais qu’est-ce qu’on va bouffer ? ». On a appris que le Prince, leur demi-Dieu, est venu manger là, et sincèrement, c’était exceptionnel. L’omelette était à tomber et c’est pour cette raison que je me suis écrié « Laffont mange ! », car on ne le voit pas dans l’émission mais on allait dans un restaurant italien le soir à l’hôtel pour qu’il mange car il a détesté cette nourriture.
Pourtant, Patrice Laffont a initié ce voyage…
C’est le synopsis qui dit ça, mais en réalité, ce n’est pas lui. Il a été choisi, mais ce n’était pas le casting idéal. Il n’est pas très voyageur et il s’est adapté moins vite que nous.
« Patrice Laffont n’est pas très voyageur et s’est adapté moins vite que nous »
Philippe Lavil s’est agacé à plusieurs reprises de l’attitude de votre groupe lors d’interventions face caméra. S’en est-il ouvertement ému auprès de vous ?
Oui, tout le temps. Nous avons tous nos caractères. Lui avait un côté sérieux, pondéré, très à l’écoute. Un peu en retrait même par rapport à nous. Au début, nos relations étaient compliquées à cause des problèmes d’image et d’égo. Nous ne décidions de rien. Quand nous partons faire du yoga avec le maître qui nous distribuait des cours de cravache, rien n’était prévu. On s’attendait tous à ce que je m’en prenne le plus mais je n’en ai pas reçu. J’ai joué l’acteur et je me suis mis en « situation de… ». Le mec était très fort car il lisait dans notre œil si l’on se foutait de sa gueule. Ce n’était pas mon cas, donc je n’ai pris de coup de bâton. Par contre, Laffont qui riait, il en a pris (rires).
Dans une séquence à Hua Hin, la bande a été prise de court lorsque le temps s’est arrêté pendant l’hymne. Aviez-vous néanmoins étudié quelques coutumes avant de vous lancer à l’aventure ?
Pas du tout. Nous avons été cueillis en permanence et avons tout découvert en même temps que les téléspectateurs. Ce sont des pays fascinants car ils ont des codes. Au Japon, des gens marchent en kimono, ils respectent ces rituels. La séquence du panda était drôle aussi…
Patrice Laffont a évoqué son enterrement et son âge avancé. Avez-vous aussi eu cette impression, comme l’indique le nom de cette aventure, qu’il s’agissait-là de l’une des dernières occasions d’accomplir un tel parcours ?
Même si je vais avoir 75 ans, je reste en tournée toute l’année avec des pièces de théâtre. J’ai joué une pièce 170 fois en Belgique pendant deux ans. J’ai parcouru plein d’endroits avec ce spectacle. En tournée, j’adore aller de ville en ville et découvrir la France. Tant que la machine marche, « why not ? ». Si on me propose demain un film en Australie pour quatre mois, j’y vais. Tous les gens reviennent emballés de l’Australie.
Vous avez succédé à Patrice Laffont à la présentation de Fort Boyard entre 2000 et 2002. Le jeu est-il intervenu dans vos récentes discussions ?
Nous n’en avons pas parlé. Quelque part, Patrice Laffont a présenté le jeu pendant vingt ans et nous aurions été obligés d’évoquer le Fort Boyard de maintenant, or, j’ai été complètement rayé des cadrans de cette émission. Ils ne m’ont même pas invité pour les 30 ans de l’émission.
« J’ai appris mon remplacement de Fort Boyard car des copains passaient des auditions »
Auriez-vous souhaité participer à cet anniversaire ?
Non, ce n’était pas un souhait. Je trouve juste que ce n’est pas sympa alors que j’ai été très correct avec eux.
Votre départ forcé de la présentation a-t-il été l’un des moments les plus douloureux de votre carrière ?
Oui, ça m’a fait de la peine. J’ai appris qu’ils allaient me remplacer parce que des copains ont passé des auditions. À partir du moment où la directrice de France Télévisions partait, je savais que j’allais aussi m’en aller parce que c’est elle qui m’avait placé.
Quand vous avez passé le relais en 2002, imaginiez-vous que le jeu fêterait ses 30 ans en 2019 ?
Non. Ils ont inventé plein de personnages et plein de sketchs. Si vous regardez mes émissions, c’est Marie-France Brière [ex-productrice de Fort Boyard, ndlr] et moi qui avons mis ça à la mode et on nous l’a reprochés. Aujourd’hui, ils reproduisent ce que nous faisions à l’époque. C’est moi le premier qui engueulait les maîtres du temps quand ils perdaient une épreuve. Ils n’avaient pas apprécié mes sketchs alors qu’ils courent après ça maintenant.
Votre expérience s’est mal terminée, avec cette interview de « La Boule » très dure à votre égard…
Qu’on ne me parle pas des audiences. J’avais laissé l’antenne à 29% et ils en sont loin aujourd’hui. Nous faisions le buzz sur internet avec les jeunes et ils ont décidé de supprimer tout ça après mon départ. Quand ils ont programmé des épisodes avec moi sur Gulli, les gens se demandaient pourquoi ce n’est plus « lui », et ils ont arrêté de me diffuser sur Gulli. Ils ne veulent plus parler de cette période là.
Votre fils Benjamin Castaldi vous a récemment invité dans Touche pas à mon poste. Pourrait-il y avoir une nouvelle réunion familiale sur le petit écran ?
Je ne pense pas parce que j’ai fait deux sketchs avec lui. Un ça va, deux ça va, trois ça fait trop. Les deux sketchs étaient sympas. Je connais Hanouna depuis très longtemps et je ne peux pas dire non à mon fils tout le temps. Ça lui fait plaisir, donc je lui fais plaisir. Maintenant, je ne suis pas libre avant 2022. Je pars en tournée à partir du 9 septembre au théâtre du Trianon et après j’ai des dates dans 34 villes.
Est-ce un choix de vous tenir loin de la télévision ?
Ce n’est pas un choix. Nous dépendons de la demande et je n’ai pas de demande. Le théâtre est aussi très contraignant, j’ai déjà signé la pièce d’après. Il faudrait trouver des créneaux entre les dates qui m’occupent. Depuis 20 ans, le théâtre me fait vivre et ça marche, on cartonne. Je n’ai aucune aigreur. Je souhaite à tout le monde de faire ma carrière. À Londres encore, j’ai signé des autographes à l’occasion de la London Film Fair. Quand on m’avait contacté une première fois, je répondais « Qui allait venir voir Castaldi pour lui demander un autographe parce qu’il avait joué dans un James Bond ? » [Moonraker, ndlr] Et bien, j’ai reçu un contrat, on m’a payé le train et l’hôtel, et chaque fois que je signais une photo, une affiche… on me demandait de réécrire la réplique que j’avais avec James Bond : « Mister Bond ». Les gens payaient 20 livres [22 euros, ndlr] !
« James Bond ? Une mission extraordinaire »
Pourtant, on peine à vous reconnaître…
J’ai des lunettes et des moustaches, mais pour les fans, ça reste un pré-générique de James Bond. Cette mission était extraordinaire. Je venais de tourner dans deux, trois films américains quand on m’a proposé le rôle. Dans cette scène, avec le géant aux dents d’acier, nous devions être tous les deux dans la cabine mais il n’y avait pas assez de place pour nous deux donc la séquence a été coupée.
Vous avez tourné avec Richard Kiel, bien que vous n’apparaissiez pas ensemble à l’écran...
Oui, nous avons même sympathisé puisqu’on a joué un match de football entre les Anglais et les Français. J’ai quand même tourné cinq jours, en étant payé très très cher. Deux jours pour la bagarre, car elle est réglée comme une chorégraphie où chaque coup porté est répété avec les cascadeurs. J’ai ensuite effectué les raccords avec Roger Moore, puis toute une journée, les transparences avec les équipements afin que j’ai l’air de flotter dans le parachute. Et une semaine avant le tournage, on m’a montré la séquence, et c’est là que j’ai compris que j’avais un chapeau, des lunettes et une moustache (rires).
Vous souvenez-vous bien de cette scène ?
Au début du plan, on voit le géant et moi dans le poste de pilotage. À l’intérieur, on voit James Bond boire du champagne avec une gonzesse. Pendant qu’il boit, je rentre, j’exécute ma réplique et là... bagarre !