Jack Bender, producteur de Lost
C’est en direct de Monaco - à l’occasion du Festival de Télévision - que Jack Bender, producteur exécutif et réalisateur sur Lost, enchaîne les interviews avec les journalistes. Pour Toutelatele.com, il revient sur la troisième saison de Lost actuellement diffusée sur TF1 et fait le bilan de cette série déjà culte.
Katia Blétry : Comment pouvez-vous définir cette troisième saison de Lost ?
Jack Bender : Ce troisième volet traite principalement de la confrontation entre les rescapés de l’île et « les Autres ». Il tente également de répondre à de nombreuses questions : Qui sont ces gens ? Que veulent-ils ? Pourquoi sont-ils là ? Locke est également au centre des attentions et peu à peu, on en sait plus sur ce personnage si mystérieux...
Quelles sont les raisons qui ont poussé l’arrêt de la série en 2010 ?
C’est la première fois que des studios annoncent de cette façon la fin d’une série à succès. Le fait d’évoquer précisément une date était important pour les scénaristes de Lost afin de répondre à toutes les énigmes.
Les trois dernières saisons répondront donc à toutes les questions restées en suspend ?
C’est une des grandes préoccupations des fans de la série. Il ne faut pas s’inquiéter pour ça. Toutes les interrogations trouveront leurs réponses au fil des saisons.
Les acteurs de Lost peuvent-ils avoir une influence dans l’élaboration des scripts de la série ?
Nous écoutons évidemment les recommandations des acteurs. Tout le monde peut s’exprimer et donner son avis mais les comédiens de la série sont des personnes d’une incroyable délicatesse et très respectueuses des scripts.
Selon vous, pourquoi Lost a brisé de nombreuses règles dans l’élaboration et la réalisation d’une série ?
Avant Lost, on pensait que les flash-back ne marchaient pas au sein même d’une série. Ils sont devenus un élément central du show et d’une certaine façon une marque de fabrique. Ils sont vraiment importants pour notre histoire car ils permettent de mieux comprendre la personnalité des personnages, ce qu’ils étaient avant le crash de l’avion. Je ne voulais pas que les flash-back soient totalement différents du reste du programme. On a donc essayé de garder le bleu et le vert se référant au bleu de l’océan et au vert de la végétation luxuriante.
Lost est perçue comme une représentation de l’Amérique post-11 septembre avec cette peur des étrangers représentés ici par « les Autres ». De nombreuses valeurs sont également véhiculées au fil des épisodes. Est-ce une implication volontaire de la part des scénaristes ?
Toutes les idées sont discutables mais je ne pense pas que Lost fasse la propagande des valeures républicaines. La série s’attache au fait de savoir comment peut-on arriver à vivre en communauté. La fin de la saison 2 s’intitule d’ailleurs « Vivre ensemble », c’est ce point-là qui nous intéresse particulièrement. Il ne faut pas croire que nous cherchons à prêcher quoique ce soit. Si vous trouvez certaines idées se rapprochant de l’idéologie de l’administration Bush, je ne crois absolument pas que les scénaristes aient voulu intentionnellement le faire. Nous ne ciblons personne.
Pensez-vous que Lost est d’ores et déjà devenue une série culte ?
Oui. Internet a joué à cet égard un rôle déterminant. Après chaque épisode, les fans de la série se connectent entre eux et discutent sur ce qu’ils viennent de regarder et s’interrogent sur les nombreuses questions en suspend.
Vous avez plusieurs cordes à votre arc. Vous avez été, en autres, acteur dans les années 70. Pouvez-vous revenir sur cette expérience ?
Je suis également peintre. J’ai cette passion depuis l’âge de 14 ans. Pour moi, il est plus intéressant de décrire une image que d’être à l’intérieure de celle-ci. Je préfère observer que d’être regardé. Diriger des acteurs et écrire des scénarios reflètent plus ma personnalité que le métier d’acteur.
Vous avez beaucoup travaillé à la conception de séries. D’où vient cette passion ?
J’adore la réalisation. J’ai fait quelques long-métrages mais je me suis tourné peu à peu vers la télévision. C’est un média extrêmement important avec un très grand pouvoir d’attraction. Il est excitant en tant que réalisateur de pouvoir concevoir un show regardé et suivi par des millions de fans. Je suis heureux d’avoir pu travailler sur Alias, Les Sopranos et maintenant Lost. Aujourd’hui, de nombreuses séries sont de telle qualité qu’elles surpassent beaucoup de films. Elles sont même plus difficiles à élaborer car chaque épisode est un nouveau défi.
Avez-vous des projets à venir ?
Pour le moment, je travaille sur Lost et j’en suis comblé. Je vais continuer de collaborer jusqu’à la fin de la série. Bien entendu, je pense aussi à ce que je vais faire après. Je continuerai certainement à peindre et surtout j’aimerais à nouveau réaliser et produire de la bonne télévision.