Ingrid Chauvin (Demain nous appartient) : « Dolmen restera une expérience dont je me souviendrais toute ma vie »
Pour les 20 ans de Toutelatele, l’actrice Ingrid Chauvin est revenue sur le triomphe de Dolmen, saga de 2005, ainsi que le feuilleton quotidien, Demain nous appartient.
Toutelatele : Par quoi avez-vous été séduit dans le projet de Demain nous appartient ?
Ingrid Chauvin : Il y avait une qualité d’écriture qui a attisé ma curiosité et cela m’a donné envie de participer au projet. Je me souviens, j’étais en tournée théâtre à ce moment-là et mon agent m’a envoyé les dix premiers épisodes. Je les ai avalés d’une traite et je n’avais qu’une envie à l’issue de ce dixième épisode, c’était de connaître la suite.
TF1 avait déjà lancé par le passé des feuilletons dans la case stratégique de l’access, comme Seconde chance, sans succès. Avez-vous eu des craintes juste avant la diffusion de Demain nous appartient ?
La crainte était la qualité. Le texte était là. L’histoire était prenante et donnait envie d’y participer, mais j’avais peur de l’image et du résultat. En access, on a moins de moyens et on travaille plus vite. Je ne connaissais pas du tout donc mon angoisse était là. Dans notre métier, il faut faire des choix à un moment donné. De temps et temps, on se doit de sauter dans le vide et faire confiance à son agent. Au début, Demain nous appartient était prévu pour être une saga d’été. Le risque n’était pas colossal et après tout dépend des rencontres que l’on peut faire. On ne savait pas si le succès allait être au rendez-vous, mais tout est perfectible. Avec du temps, on s’améliore, on arrange et on trouve des solutions.
La série a été lancée mi-juillet 2017 et a été rapidement un succès. À quel moment avez-vous compris que Demain nous appartient pourrait s’installer dans le temps ?
Au bout de six mois, il y avait une fidélité. On sentait que le public arrivait chaque jour plus nombreux. On s’est dit : « Peut-être que c’est une bonne recette ». Cela a motivé toutes les équipes, on n’est pas loin de 250 à travailler dans la série. Chaque corps de métier a eu envie de donner le meilleur de lui pour faire encore mieux. Depuis, la série marche très bien. Malgré tout, je reste toujours sur un fil en me disant que tout peut tomber demain. Il faut sans cesse rester vigilant.
« Au début, Demain nous appartient était prévu pour être une saga d’été »
Comment analysez-vous ce succès ?
Le fait d’être dans une série chorale avec des familles très identifiables y contribue. Le public s’y reconnaît, on lui égaye son quotidien et en même temps, il se sent proche de nous parce qu’on parle parfois de problèmes auxquels il est aussi confronté. On a la chance d’être multigénérationnel. Je le vois quand on fait des séances de dédicace. Il y a les petits à partir de quatre, cinq ans qui sont vraiment fans comme les parents et les grands-parents. Trois générations adhèrent à la série. Vu que l’on tourne dans le sud, les paysages sont bien mis en valeur et agréables à remarquer. La vie quotidienne de la majorité des gens n’est pas simple et parfois difficile. De voir une image avec des extérieurs qui font rêver, cela peut faire du bien.
La série fonctionne également très bien en replay. Pensez-vous que Demain nous appartient a su évoluer avec les habitudes des téléspectateurs ?
C’est vraiment la nouvelle consommation de la télévision. Malgré tout, le créneau horaire est difficile. Quand j’ai su que cela passait à 19h20, j’étais très inquiète. Les mamans qui sont à la maison s’occupent de faire à manger et il y a celles qui sont sur le retour du travail. J’avais dû mal à imaginer qu’il y ait beaucoup de monde devant la télévision à ce moment-là. Aujourd’hui, on consomme la télé totalement différemment et les replays cartonnent. Cela veut dire que la série plaît beaucoup parce que c’est une vraie démarche d’aller chercher l’épisode du soir ou de la semaine qu’on n’a pas pu voir.
« Dolmen ? On ne peut pas refuser ce genre de projet »
En 2005, vous avez évolué dans Dolmen, succès colossal sur TF1. Comment êtes-vous arrivée sur cette saga estivale ?
J’ai toujours eu beaucoup de chances. J’ai fait très peu de castings. Comme d’autres chaînes auparavant, TF1 me proposait directement d’interpréter un personnage ou d’incarner une série. Dolmen est une vraie proposition qui m’a été offerte. Il s’agissait d’un sujet incroyable, d’un tournage d’une centaine de jours avec sept mois d’affilée. C’était une très grosse aventure ! On ne peut pas refuser ce genre de projet. Il faut être de bons petits soldats parce que ce ne sont pas des tournages faciles, mais j’adore les challenges. Dolmen restera une expérience dont je me souviendrais toute ma vie. Cela a été un succès colossal, on a explosé les records d’audience. Cela ne serait plus possible aujourd’hui, car cela n’existe plus du tout (rires). J’ai eu la chance de le faire une fois dans ma vie et cela reste un très beau souvenir.
Ce succès colossal est d’autant plus fort, car à l’époque il n’y avait pas de replay. Quel est votre ressenti sur cet aspect ?
Il n’y avait pas de replay effectivement. Je me souviens d’une anecdote révélée par la presse. Comme c’était l’été, beaucoup de Français étaient dans des campings et les magasins ont été dévalisés au niveau des télés. Tout le monde en achetait pour suivre les aventures de Marie Kermeur. C’était incroyable !
Il n’y a jamais eu de suite à Dolmen. Était-ce une frustration pour vous ?
Je me suis longtemps posé la question. Parfois, il est bien de rester sur un magnifique succès. Faire une suite aurait pu gâcher l’ensemble de ce qu’on avait déjà vécu. Je n’aime pas l’idée d’avoir des regrets donc je me dis que c’est mieux ainsi. Mais en même temps, c’est aussi dommage de ne pas avoir réussi à surfer sur ce succès-là et d’en avoir fait une suite. Pour cela, il aurait fallu l’anticiper. C’est un travail d’écriture colossal et le faire au bout de trois ou quatre ans après, cela aurait été dommage. Il ne faut pas le regretter !