Igor Bogdanoff
Lundi 26 mars dès 20h50, soirée spéciale sur Sci-Fi, à l’occasion du lancement de la série inédite en France Century City. Los Angeles, 2032 : un cabinet d’avocats est confronté aux problèmes juridiques et éthiques que créent les avancées scientifiques. A bord de leur vaisseau virtuel, Igor et Grichka Bogdanoff accompagneront les téléspectateurs dans ce voyage vers le futur. Pour l’occasion, les 2 frères réendossent leurs combinaisons de Temps X, l’émission mythique consacrée à la science et à la science-fiction, qu’ils ont animée de 1979 à 1989 sur TF1. Entretien cosmique avec Igor Bogdanoff, non pas au volant d’une soucoupe volante, mais d’une simple voiture.
Anne-Sophie Hojlo : Décor, costumes... Cette soirée a un air de famille avec « Temps X ». Avez-vous cloné l’émission ?
Igor Bogdanoff : Non, ce n’est pas un clone de « Temps X ». C’est un nouveau rendez-vous, qui en effet s’inspire de notre passion pour l’avenir, pour l’espace, pour des thèmes que l’on va retrouver dans la série. Il est vrai que c’est aussi le retour des mythiques combinaisons d’argent, que l’on avait plongées dans l’azote liquide pendant des années. Cette retrouvaille compte beaucoup pour nous, et nous a rappelé d’excellents souvenirs. C’était un véritable voyage dans le temps, à la fois vers le passé et vers l’avenir...
Qu’avez-vous apporté à la soirée ?
Nous serons en quelque sorte les guides du téléspectateur. Notre rôle, c’est d’exposer le contenu des épisodes de Century City, et d’en tirer, au-delà du contenu littéral, l’essentiel sur le plan scientifique. En conclusion d’un épisode, nous nous interrogeons sur telle ou telle découverte mise en scène dans la série. Nous réfléchissons aux répercussions de ces technologies nouvelles dans l’organisation d’une société future, et la série est un point d’appui à cette réflexion.
Comment vous êtes vous retrouvés sur le projet, avec Grichka ?
Nous avons longuement travaillé avec l’équipe qui est aujourd’hui à la tête de Sci Fi, quand nous animions « Projet X13 », une émission hebdomadaire sur la science et la science-fiction, de 1999 à 2002 sur 13ème Rue. Ils ont pensé à nous pour cette soirée, et nous l’ont proposée.
En quoi Century City est-elle différente des autres séries de science-fiction ?
Elle est centrée sur des avocats qui ont pour clients des citoyens du futur, oppressés par une technologie omniprésente. C’est une série de science-fiction au sens strict : il n’y a pas d’effets spéciaux comme dans « Star Trek » ou autre, mais « Century City » repose sur une mise en abyme de la science sur le décor de la vie quotidienne. Les héros sont perdus dans un monde qu’ils ne comprennent pas. Or les avocats sont des médiateurs entre la vie des simples humains et un au-delà de l’humanité auquel on n’a pas accès : le monde de la technologie et de la science.
Au-delà de Century City, appréciez-vous les séries de science-fiction ?
J’aime les séries de science-fiction en général, mais il ne faut pas qu’elles soient trop naïves. Je considère par exemple que « Lost » est une bonne série de science-fiction. Ce n’est pas une science-fiction spectaculaire, avec des effets spéciaux, mais c’est un univers tout à fait étrange. D’ailleurs l’argument est le même que celui du roman de science-fiction « L’île des morts », de Roger Zelazni. On sent que cette île n’a rien de naturel, on voit que dans ce bunker, il se passe des choses très bizarres. Tout ça nous entraîne dans un univers qui n’est pas celui de la vie quotidienne, un univers déréglé.
Sur France 2, vous êtes aux commandes du programme court Rayons X depuis 2002. De nouveaux numéros sont-ils prévus ?
Nous tournons actuellement des épisodes pour la rentrée 2007. Nous sommes également en train de réfléchir avec la direction de France 2 à un nouveau format d’émission : une hebdomadaire de 52 minutes centrée à chaque fois sur un thème et sur l’actualité de la science dans toute sa richesse. Ce sera un magazine, un peu comme « Temps X » autrefois, qui va mêler des sujets avec des plateaux, des chroniqueurs et des scientifiques qui viendront nourrir le débat et apporter leur point de vue.
Et France 2 vous a laissé collaborer avec Sci-Fi sans problème ? Il y a eu des précédents...
Nous avons bien entendu posé la question : la chaîne est parfaitement informée. Comme il s’agit d’un one-shot, d’une soirée événementielle, ça ne présente pas de problème...
Votre émission la plus mémorable reste Temps X, qui a marqué toute une génération. Est-ce que l’on vous en parle encore aujourd’hui ?
On nous en parle tout le temps. Temps X est une espèce de mythe. La disparition de l’émission est chaque fois commentée, regrettée. Elle est peut-être encore plus grande maintenant qu’elle est morte ! Il n’y a pas une seule journée au cours de laquelle on ne m’en parle pas. C’est un vrai sujet de regrets, de commentaires et d’espoir aussi... !
Les inventions du futur que vous présentiez à l’époque ont-elles rejoint notre vie quotidienne ?
Oui, par exemple Internet, d’une manière très claire. Au début des années 1980, nous avions baptisé ce nouveau réseau d’ordinateurs interconnectés entre eux Interconnex, puis Internex. On est passés très très près ! Nous avions prévu également le téléphone portable. Nous avions dit : ce sera fait avant la fin de la décennie 90, nous auront tous un téléphone portable. A l’époque c’était complètement impensable parce qu’il n’y avait pas encore l’infrastructure au sol. Mais dans les années 1990, les premiers portables sont apparus. Idem pour Internet.
Mais nous n’avons pas encore tous notre vaisseau spatial...
Ils ne font pas encore partie de notre vie quotidienne. Mais c’est très drôle, hier j’ai retrouvé un « Journal de Mickey » de 1981 dans lequel nous parlions de l’ascenseur spatial, que nous avions décrit dans une émission de Temps X. C’était une utopie complète à l’époque, mais qui est aujourd’hui très sérieusement à l’étude dans les grandes agences spatiales. C’est très étonnant !