Franck Adrien (Un si grand soleil / Coups de sang) : « Bernier utilise Eliott mais il lui montre qui sont les vrais méchants »
Dans le rôle de l’intransigeant procureur Bernier dans Un si grand soleil, Franck Adrien est au casting de la fiction policière Coups de sang, en prime ce vendredi 3 décembre 2021 sur France 2.
Joshua Daguenet : Qui est Michel Saulnier, que vous incarnez dans Coups de sang ce 3 décembre à 21h05 sur France 2 ?
Franck Adrien : C’est un flic commissaire principal à la tête d’un commissariat. Il essaie de gérer ce qui s’est passé avec une enquête délicate et contradictoire. Il aime l’ordre. C’est un commissaire parmi tant d’autres. Il est droit et fait le job. Avec Christian Bonnet, le réalisateur, nous ne nous étions pas vus depuis des années - [Premier suspect, en 2006, ndlr] - et il fait partie des gars que j’aime beaucoup. Sur un plateau, il arrive avec une énergie et une passion très importante.
L’atmosphère de cette fiction est pesante. Le tournage a-t-il été particulièrement studieux pour aboutir à ce résultat ?
Oui, tout à fait. Il sait travailler, mais aussi détendre l’atmosphère. Un metteur en scène est un chef d’orchestre. Il donne la note. Grâce à lui, l’atmosphère est retranscrite.
Récemment, les téléspectateurs vous ont remarqué dans le téléfilm consacré à Laval. À travers les préparatifs de cette expérience, qu’avez-vous appris de nouveau sur à la fois cette période de l’histoire, Pierre Laval et Henry du Moulin de Labarthète à qui vous avez prêté vos traits ?
Je vais paraître prétentieux, mais tourner ce mini-rôle dans un grand film ne m’a pas appris grand-chose, car j’ai une compagnie de théâtre, la compagnie Novecento, spécialisée sur le devoir de mémoire. Mon quotidien est de travailler au théâtre avec le Musée de la résistance et nous allons monter un spectacle sur le drame des enfants d’Izieu. Je suis un passionné de la Seconde Guerre Mondiale étant Lyonnais d’origine, la ville de Jean Moulin et du procès de Klaus Barbie. Ce téléfilm devrait être diffusé après chaque intervention d’Éric Zemmour, car ce que dit ce Monsieur est faux.
« La loi au-dessus de tout est la finalité du Procureur Bernier »
Vous avez multiplié les formats téléfilms ces derniers temps. Est-ce le rythme de travail idéal à vos yeux ?
L’un n’empêche pas l’autre. J’adore les feuilletons, car c’est un rendez-vous quotidien avec un rôle comme au théâtre. Vous pouvez peaufiner et creuser petit à petit comme un peintre. C’est un travail différent de celui de l’immersion. Cet été, j’ai eu un rôle important dans le deuxième épisode de la série Le doc et le Véto. Je campe un agriculteur éleveur de chèvres avec une barbe de dix jours, une façon d’interpréter, de bouger, de parler qui n’ont rien à voir avec un travail comme je fais avec le Procureur Bernier que j’espère de longue haleine.
Le procureur Bernier que vous défendez dans Un si grand soleil est-il si différent du sulfureux Maître Léoni que vous avez endossé dans plusieurs intrigues de Plus belle la vie ?
Oui, ils n’ont rien à voir. Maître Léoni dans Plus belle la vie était un homme sans scrupule. À partir du moment où il gagnait, il pouvait blanchir de l’argent et faire évader des escrocs. Le personnage est un sale type, un malhonnête en col blanc. De son côté, le procureur Bernier n’aime pas la délinquance qu’elle soit en col blanc ou en basket. Cette probité m’intéresse en tant qu’acteur et dans la vie. La loi au-dessous de tout est sa finalité. Parmi ses répliques, il a notamment dit : « Moi je n’ai rien contre les gens qui gagnent beaucoup d’argent, mais s’ils le gagnent au détriment de l’intérêt public, ça me gêne ».
Comment expliquer le traitement qu’inflige le procureur à Eliott ?
Il utilise Eliott, certes, mais parfois il le fait sourire. Il le met sur le grill, il le taquine, il est paternaliste et il peut ensuite être cassant. Pour Bernier, Eliott est un délinquant, mais le fait de le prendre sous sa coupe c’est aussi lui permettre de passer du côté de l’ordre. S’il l’avait laissé aller en prison, il sait que ce petit jeune serait devenu un grand délinquant. Il lui montre donc qui sont les vrais méchants.
« Ma technique de travail est d’écrire une histoire sur mes personnages »
À l’instar de Serge Levars (Laurent Frattale) récemment, souhaiteriez-vous que l’on explore le cadre familial et intime de votre personnage ?
Bien sûr, j’adorerais, mais ce n’est pas ma décision. Il y a beaucoup de personnages dans Un si grand soleil. Les auteurs décident de développer qui ils souhaitent. Cependant, cela permettrait de donner des facettes à mon personnage. Lui qui est toujours rapide, nerveux... le voir doux comme un agneau avec son épouse serait amusant.
Avez-vous déjà imaginé Bernier dans ce cadre privé ?
Ma technique de travail sur un personnage est de tout imaginer. Sincèrement, je peux tenir quarante-cinq minutes en vous parlant de Bernier. Je m’écris une histoire sur mes personnages.
Vous avez exploré de nombreuses séries à travers plusieurs rôles, dont Joséphine, ange gardien pour laquelle vous totalisez quatre apparitions. Quel regard portez-vous sur ce programme ?
Des Joséphine, ange gardien, j’en ai fait véritablement qu’un parce que j’ai eu un rôle très important et j’ai été baigné avec Mimie Mathy dans cette atmosphère. Quand vous avez une scène, une journée de travail, vous arrivez dans une équipe que vous ne connaissez pas. C’est compliqué d’avoir une perception. Dans l’épisode numéro 84 « Tu es qui toi ? », j’ai eu quinze jours de travail, j’incarnais le mari de Sophie Duez. Vous avez alors l’impression de participer à la création d’un film, alors qu’avec un seul jour de travail on vous demande de jouer juste cette scène et c’est « merci, bonsoir ».