Estelle Denis : « L’Equipe d’Estelle est une belle réussite. On est au-delà de nos espérances »
Ce mardi 14 novembre, la spéciale Allemagne/France de L’Equipe d’Estelle a été couronnée de succès. Estelle Denis se confie sur son arrivée à L’Equipe et tire un premier bilan de son nouveau pari quotidien.
Benoit Mandin : Quel premier bilan tirez-vous de cette rentrée aux commandes de L’Equipe d’Estelle ?
Estelle Denis : Excellent ! On ne s’était pas vraiment fixé de chiffres pour L’Équipe d’Estelle, mais je me disais que si on arrivait à 180.000 téléspectateurs, ce serait bien. En ce moment, on tourne plus vers les 250.000 pour une émission qui dure deux heures, le tout avec des pointes régulières au-dessus des 350.000. C’est une belle réussite parce que nous sommes un rendez-vous ciblé sur le sport, qui ne touche pas tous les publics. On est au-delà de nos espérances et on s’amuse beaucoup. Je fais une émission qui me ressemble et me plaît. Certes, on y parle sport de manière pointu, mais on y rigole, on se chambre et on ne se prend pas au sérieux.
L’Équipe d’Estelle a doublé l’audience de L’Équipe. Quel objectif vous étiez-vous donné ?
Je n’avais aucune idée, car L’Équipe n’est pas comparable à la quotidienne sur le sport que j’ai fait sur C8 (Touche pas à mon sport). On visait un public plus pointu, la première semaine a été hallucinante puisque l’on était à plus de 300.000 téléspectateurs. La concurrence est très forte à cet horaire-là. On continue à construire l’émission à travers de nouvelles chroniques, tout en essayant de coller le plus possible à l’actualité.
Pensez-vous avoir été porté par l’actualité riche du football depuis l’incroyable mercato du Paris Saint-Germain cet été ?
Effectivement, nous avons eu une actualité très riche depuis le début de la saison. L’arrivée de Neymar est extraordinaire pour le championnat, les téléspectateurs et le PSG. C’est le type de joueur qui fait aller les gens dans les stades. Concernant les polémiques sur son salaire, je pense que ce n’est pas notre problème, mais uniquement celui du Paris Saint-Germain. Neymar, Mbappé et Fekir sont des aubaines pour le Championnat de France. Fekir a marqué plus de dix buts et il explose, c’est génial et réjouissant d’avoir des talents comme ça.
Comment s’est passée votre arrivée sur L’Équipe ?
Ils m’ont appelé le jour où Touche pas à mon sport s’arrêtait sur C8. On a beaucoup discuté et je me suis très vite rendue compte que c’était le projet qui me correspondait le plus. Je n’aime pas être juste cantatrice d’une émission, j’ai besoin de mettre mon grain de sel et d’être rédactrice en chef. L’Équipe me le proposait, c’était important pour moi de pouvoir construire mon émission et de ne pas me contenter d’en être l’animatrice. J’avais aussi envie d’une ambiance familiale et je l’ai parfaitement trouvée. Je n’ai pas l’impression d’aller au boulot quand je vais à L’Équipe (rires).
« Neymar, Mbappé et Fekir sont des aubaines pour le Championnat de France »
Aviez-vous eu des appréhensions ?
Non car je savais que L’Équipe me laisserait le temps de m’installer, de construire quelque chose, et ne pas me demander des comptes au bout d’une semaine. L’aventure L’Équipe est sur la durée et non sur un ou deux mois. Mais la pression d’audience existe, et je me la mets tous les matins.
Comment avez-vous fait pour vous différencier de L’Équipe du soir ?
Au début, on s’est dit qu’il allait falloir se différencier et puis Olivier Ménard a son ton et moi le mien. L’Équipe du soir est plus pointue dans l’analyse et vient, contrairement à nous, après les matchs. Vu que l’on est programmé avant, on est dans une analyse différente avec des débats plus grands publics.
Quel invité aimeriez-vous avoir dans L’Équipe d’Estelle ?
J’adorerais avoir les deux anciens présidents de la République, Nicolas Sarkozy et François Hollande. On n’a pas forcément l’habitude de les entendre parler de sport, pourtant ce sont des grands passionnés, et j’aimerais bien les voir différemment de la politique. J’avais reçu François Hollande sur M6 et il avait été excellent. J’adorerais aussi recevoir Emmanuel Macron, fan de l’Olympique de Marseille, mais je doute qu’il vienne (rires).
« Si L’Équipe a un jour les droits de la natation, j’aimerais beaucoup le commenter »
Après avoir présenté 100% foot sur M6, vous signez finalement un retour à vos premiers amours…
L’amour du football ne m’a jamais quitté. Quand j’ai fait d’autres choses sur M6 et TF1, je continuais de lire L’Équipe tous les matins. J’ai eu besoin de changer parce que je voulais tester d’autres horizons, comme le divertissement, et je ne pas dis que je n’y reviendrais pas plus tard. J’ai eu envie de retrouver le sport parce que je me suis rendu compte que ça me manquait. Je pensais notamment à la Coupe du Monde en Russie à la fin de la saison et puis à L’Équipe j’ai retrouvé des journalistes que je connais depuis plus de vingt ans.
Certains observateurs affirment qu’il existe un manque de parité dans le milieu sportif à la télévision. Qu’en pensez-vous ?
Je suis un contre-exemple et je m’en fous complètement. Le sujet ne m’intéresse pas que ça soit un homme ou une femme qui présente une émission. Je n’ai jamais eu à me plaindre de quoi que ce soit, j’ai animé un talk-show de foot sur M6 alors qu’il n’y en avait pas ailleurs. C’était le premier talk de foot hebdomadaire sur une grande chaîne et on m’a donné ma chance. J’ai ensuite fait une émission de sport sur C8 qui n’avait jamais traité le sujet avant. Mes patrons m’ont toujours fait confiance, je ne me pose en aucun cas la question de la parité, ce n’est pas intéressant comme débat.
À l’image de ce que fait déjà Yoann Riou, Candice Rolland et Raphaël Sebaoun, aimeriez-vous commenté un match sur L’Équipe ?
Non, ce n’est pas mon créneau. Commenter un match est un autre métier, le faire une fois pour m’amuser avec Raphaël, Candice et Yoann, ça pourrait me faire marrer, mais ce n’est pas ma spécialité. Je les trouve géniaux, mais moi je serais beaucoup plus mauvaise qu’eux là dedans.
Quid du cyclisme et de la pétanque ?
La pétanque, je ne m’y connais pas assez à part lorsqu’on fait des apéros avec mes copains en Bretagne (rires). Pour le vélo, j’adorerais commenter une étape du Tour de France depuis une moto à l’arrière de la course. Je suis fascinée par les histoires du Tour et notamment par celles autour de la souffrance des coureurs. Après, si L’Équipe a un jour les droits de la natation, ça, j’aimerais beaucoup le commenter.
« J’ai regretté l’arrêt de Touche pas à mon sport à l’époque, mais aujourd’hui je vis autre chose »
Comment avez-vous vécu l’arrêt de Touche pas à mon sport sur C8 ?
On a beaucoup parlé avec Cyril Hanouna et il avait besoin d’avoir, avant Touche pas à mon poste, une émission avec la même structure d’audience. TPMS n’était pas très ménagère, mais fort en hommes et en individus. Etre fort sur les ménagères, avec une émission sur le sport, c’est totalement impossible. Cyril a eu l’idée de passer l’émission en hebdo et j’ai parfaitement compris son choix même si j’en ai été peinée. J’ai trouvé que l’on s’est arrêté trop tôt, car j’aurais aimé que l’on termine la saison. J’en garde de bons souvenirs et je suis toujours en contact avec Cyril qui est un féru de sport.
Cyril Hanouna a fait part de ses regrets d’avoir retiré l’émission d’un rythme quotidien…
J’ai regretté l’arrêt de Touche pas à mon sport à l’époque, mais aujourd’hui je vis autre chose. J’en ai été triste à l’époque, Cyril aussi, et c’est la loi de la télé. En hebdo, on n’a pas réussi à trouver notre public, j’aurais juste aimé que l’on aille au moins jusqu’en décembre pour tirer un vrai bilan. Je ne reviens jamais vers le passé, je n’ai aucune rancœur contre qui que ce soit et je me dis que c’était un mal pour un bien.
Vous êtes régulièrement apparue autour de la table de Touche pas à mon poste. Quel regard avez-vous porté sur les polémiques qui ont secoué l’émission ?
Je pense que les critiques ont été extrêmement violentes, je n’ai pas le souvenir qu’une émission ait subi cela. TPMP est une émission potache à la base et tout d’un coup on en a fait un phénomène de société. Cela arrive d’avoir un gag raté, mais je pense que ça ne valait pas toutes ces proportions. Cyril a fait 100.000 sketchs, un a été raté, il s’en est excusé cinq fois. Les sanctions et les articles de presse m’ont paru disproportionnés.