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Enora Malagré (Touche pas à mon poste) : « Je ne suis pas que la fille qui tape sur tout ce qui bouge »

Tony Cotte
Publié le 28/03/2013 à 18:10 Mis à jour le 30/08/2013 à 00:33

Tony Cotte : Entre Nova et NRJ en radio et Arte et RTL9 (voix-off) en télévision, comment expliquez-vous de tels grands écarts dans votre carrière ?

Enora Malagré : Pour RTL9, il ne s’agissait que d’une voix-off sur un jeu, on peut difficilement parler d’émission. En radio, en revanche, ça a été un vrai grand écart, obligatoire à mon sens, pour avoir une certaine visibilité. Je ne cache pas qu’au début, j’ai eu l’impression de passer du côté obscur de la force en travaillant sur cette grande radio commerciale avec quelqu’un comme Cauet. Finalement, je ne regrette rien. En matière de libre antenne, c’est le meilleur et j’ai beaucoup appris à ses côtés. J’ai dû populariser mon discours, ça a été très instructif. Un an m’a suffi et je suis retournée à quelque chose qui me ressemblait davantage, à savoir la matinale de Virgin Radio avec Cyril (Hanouna, ndlr).

Vous êtes un pilier de Touche pas à mon poste. Comment vous êtes-vous retrouvée en premier lieu aux côtés de Cyril Hanouna sur France 4 ?

Je le connais depuis 10 ans. Tout le monde commence à le savoir, mais il est mon meilleur pote, mon BFF (Best Friend Forever en anglais, ndlr). On a commencé presque en même temps à l’antenne de France 4. Pour ma part, je faisais Et toi, est-ce que tu buzz ? et des programmes avec Louise Ekland. Il m’a alors proposé de participer à une « émission super » pour laquelle il avait besoin de quelqu’un de « jeune » et de « grande gueule » face à des profils de journalistes plus confirmés. Ça s’est vraiment fait comme deux potes qui attendaient de bosser ensemble depuis longtemps.

« Cyril morfle quand l’un de ses chroniqueurs va trop loin »

Quel souvenir gardez-vous des premiers numéros de l’émission ?

Les mêmes qu’aujourd’hui : une liberté de ton incroyable, une bande qui a « matché » tout de suite et qui a donné naissance à des amitiés très fortes, je dirais même une fratrie. Je me suis sentie de suite à l’aise. On m’a dit « Ici tu es chez toi, tu dis ce que tu veux, sans filtre ». Il ne fallait pas me pousser ! (rires) Parfois ça manque un peu de forme, car je suis jeune et un peu maladroite, mais j’espère que le fond y est. C’est incroyable d’avoir une liberté telle en 2013, à l’heure où la censure fait rage. On le doit aux dirigeants des deux chaînes sur lesquelles nous avons été. On a des patrons plutôt cools et aux dos larges, sans compter un producteur (Cyril Hanouna, ndlr) qui morfle quand l’un de ses chroniqueurs va trop loin. Il nous protège et nous pousse à dire ce qu’on a envie...

Ne vous met-il jamais en garde suite à certains de vos propos ?

Je pense qu’il nous cache 90% des retours qu’il peut avoir. Je sais qu’il me le dit quand vraiment ça gueule. Aujourd’hui par exemple (14.03.2013, ndlr), ça a gueulé avec Patrick Sabatier car je l’ai taclé il y a deux jours. Je vais devoir m’excuser à l’antenne et je le fais avec grand plaisir quand j’ai blessé ou que je dis une contre-vérité.

Partie 2 > Le passage de France 4 au groupe Canal +


En 2011, il y a eu Ça va mieux en le disant, une émission de coaching avec Élodie Gossuin. Vous aviez réussi à faire de belles parts d’audience auprès des 15/34 ans, les autres cibles ont, elles, été moins présentes. Ce cas n’est-il pas représentatif du souci majeur qu’est France 4, à savoir ne pas parvenir à séduire au-delà de son cœur de cible ?

oui, c’est vrai, ils ont toujours du mal ! (rires). Mais qui n’en a pas aujourd’hui ? Il y a tellement de chaînes. Je trouve ça chouette que France 4 soit une chaîne appréciée par la jeunesse. Je ne crois pas qu’elle avait le désir d’élargir son public, sinon ils auraient fait des émissions différentes, plus adaptées aux ménagères ou aux CSP+. Évidemment, le rêve de chacun est de toucher tout le monde, mais la concurrence est féroce. Nous ne sommes plus dans les années 90.

Si la liberté de ton est la même, quelles comparaisons peut-on faire entre le Touche pas à mon poste de France 4 et celui de D8 ?

C’est très compliqué de comparer les deux. Mais il est important d’insister sur cette liberté. Je crois qu’il y a eu des craintes du fait du passage en access et au quotidien. C’est plus facile de faire les fous en deuxième partie de soirée en hebdomadaire. On a eu du bol, mais quand on y réfléchit bien, ce n’est pas si surprenant avec l’école Canal.

En venant dans le groupe Canal+, l’accord a-t-il porté sur d’autres émissions en parallèle ou uniquement Touche pas à mon poste ?

Je suis en contrat avec H2O Productions, et non avec D8, même si ce serait malvenu de ma part de me pointer sur une chaîne d’un autre groupe. En revanche, il y a eu un vrai coup de foudre avec les dirigeants. On a de plus en plus d’envies ensemble. Franck Appietto, Xavier Gandon et Ara Aprikian (à la direction de D8, ndlr) m’ont proposé Nouvelle Star, ça continue et c’est la production qui a ensuite gentiment accepté ma petite personne. Je les bénie. J’ai de la chance pour l’instant, et j’ai l’impression qu’ils ont de plus en plus envie de me confier des choses.

« La direction a de plus en plus envie de me confier des choses »

Aviez-vous hésité avant d’accepter l’after de Nouvelle Star ?

Pas un instant ! J’ai toujours aimé cette émission, qui, à l’inverse de Star Academy, n’a pas le côté télé-réalité que je déteste. Je fais partie des gens qui adorent la programmation musicale de ce télé-crochet depuis sa création. C’est un joli label. Quand j’ai appris ça, j’étais dans la loge maquillage et il y a eu un cri strident... C’était moi, je criais de bonheur ! J’ai fait un gros câlin à Franck Appietto. C’était d’autant plus agréable que j’avais hâte d’être vue pour autre chose que « la fille qui tape sur tout ce qui bouge ».

L’exercice de cet after semble difficile : il faut combler et donc improviser tout en marchant dans les coulisses. Remercie-t-on à ce moment-là ses expériences en radio ?

C’est tout à fait ça ! Grâce à la radio, je sais comment combler du vide. Pour l’émission, je n’avais pas de conducteur, mais je pouvais compter sur Renaud Rahard, un super producteur qui me guidait à l’oreille quand j’étais en panique. Construire 52 minutes d’émission sur la traversée d’un couloir n’est pas évident. Sans compter que j’interviewais des jeunes paralysés par le post-stress et tristes de se séparer d’un camarade. Ils avaient clairement autre chose à faire que répondre à mes questions, mais ont tous joué le jeu. Je les remercie pour ça. Maintenant, j’ai l’impression d’être capable d’animer ce que je veux.

Si on vous propose à nouveau Nouvelle Star, ça continue pour la saison prochaine, accepteriez-vous ?

J’ai vraiment adoré le faire et j’espère pouvoir être de l’aventure l’année prochaine. À ce jour, on ne me l’a pas encore proposé. J’en profite d’ailleurs dire à mes supérieurs que je suis là... « Coucou ! » (rires)

Partie 3 > Pourquoi déteste-t-elle tant la télé-réalité ?


On vous sait franche et directe. Est-ce que ce caractère vous a joué des tours, notamment dans votre vie professionnelle ?

Au contraire et j’en suis la première étonnée. Je suis rarement méchante, ce que je dis est peut-être gênant, mais pas méchant...

... Même quand il s’agit du commentaire sur Ayem Nour et sa relation supposée avec Chris Brown ?

Elle se tape des mecs maqués ! À ce que je sache, Chris Brown était avec quelqu’un. C’est donc un fait. Après, il parait que c’était un mensonge, mais ce n’est pas grave. Je ne la juge pas. Contrairement à ce qu’on peut lire dans la presse, j’ai beaucoup de respect pour Ayem. La meuf sort de télé-réalité et est devenue animatrice sur NRJ12. En plus, elle n’est pas mauvaise. Ce qu’elle a dit sur moi sur Twitter n’est pas méchant non plus. En plus, elle l’a retiré. Si on se croise en soirée, je lui offre une coupe directe. Évidemment, nous n’avons pas le même parcours et je ne ferais pas ce qu’elle a fait.

Vous condamnez donc le genre, mais pas ses participants ?

Je déteste la télé-réalité, mais je ne jetterai pas la pierre à quelqu’un pour y avoir participé. Tant que les candidats peuvent profiter de ce système pernicieux, qu’ils le fassent. Ce que je ne peux tolérer, ce sont les productions qui engendrent ce type de programmes, mais on ne peut pas incriminer des gamins qui ont envie de se faire un peu de blé en passant à la télé.

« Finalement, ce n’est que de la télé, ce n’est pas très grave non plus »

Avec Touche pas à mon poste, ces émissions ont finalement la meilleure plateforme promotionnelle possible entre vos coups de gueule les concernant et la diffusion de leurs images au quotidien...

Je suis la première à gueuler pour qu’on arrête de servir la soupe. Après, en tant qu’émission sur les médias, nous nous devons de parler de tout ce qui se fait dans le paysage audiovisuel. En plus, ça fait un carton. La démarche est plus de connaître les raisons du succès. Moi j’ai le droit de dire que je n’aime pas. Thierry Moreau, lui, adore. On s’embrouille et on se fait un bisou après. Finalement, ce n’est que de la télé, ce n’est pas très grave non plus. Je regrette juste que le message véhiculé par ces émissions ne soit pas le bon pour les jeunes. Mais les gens qui y participent en ont conscience... Après tout, si on ne sert rien d’autre aux jeunes, ils ne vont pas regarder autre chose. Je donne souvent en exemple C dans l’air.

Pensez-vous réellement qu’un programme comme C dans l’air soit adapté au public des Anges de la télé-réalité ?

C’est élitiste, intelligent, ça parle de politique et de société et ça cartonne. C’est typiquement le genre de programmes à mettre en avant auprès des jeunes, à un horaire plus adapté. Moi je suis complètement débile, je n’ai pas inventé l’eau chaude et j’arrive à comprendre ce qui se dit. Je vis un peu dans le fantasme, c’est très probable, mais je suis sûre qu’il y a des programmes très didactiques que tu peux insuffler aux jeunes. Si tu leur sers de la merde, ils vont manger de la merde. [Elle marque un temps d’arrêt] J’ai l’impression d’être Jean-Pierre Coffe là ! (rires)

Partie 4 > Le départ d’Élise Chassaing / Son éviction de Virgin Radio


On vous sait franche et directe. Une question taraude de nombreux téléspectateurs de l’émission sur les réseaux sociaux : que s’est-il réellement passé avec Élise Chassaing ?

Ce que je vais dire risque d’être détourné, on sait comment cela fonctionne. Le mieux est de lui poser la question à elle, mais il n’y a pas d’histoire. Je le jure. Je ne sais pas d’où ça est parti, car il ne s’est tout simplement rien passé. Élise s’est, à un moment, moins amusée et est donc partie. Point. Je la vois souvent et on boit des cafés. Quand je lis que c’est à cause de moi, c’est une grosse blague. Elise, c’est ma pote. Avec Cyril, ils s’adorent. Valou (Valérie Benaïm, ndlr) est arrivée et s’éclate dans l’émission. Vraiment, tout va bien.

Une autre rumeur revient, celle de Virgin Radio. Vous auriez appris en direct à l’antenne avoir été écartée. Pouvez-vous confirmer ou infirmer ?

(Rires) Pas du tout. Les gens partent en vrille. Mais j’ai lu pire : j’aurais été en larmes. On ne va pas oublier deux secondes que Cyril Hanouna est mon meilleur ami, qu’on se voit quotidiennement, qu’on s’appelle sept fois par jour et qu’on part en vacances ensemble. À la fin de la saison, on a eu une discussion. Il m’a présenté un emploi du temps potentiel et ça ne me correspondait pas. Je n’ai pas honte de le dire : je ne me voyais pas faire ces horaires. Ma famille compte beaucoup pour moi, je m’occupe énormément de ma maman. Ça me semblait incompatible de faire tous les jours Touche pas à mon poste, d’avancer dans mes projets personnels d’écriture, d’avoir d’autres émissions télé, de passer du temps avec les miens et en plus d’avoir une matinale. Je ne pouvais pas combiner tout ça, du moins pas cette année. Cyril a été bien aimable de comprendre.

« On retient de moi ce côté gueulard, mais 80% du temps je ne crie pas »

Vos propos sont fréquemment repris dans les médias. Avez-vous conscience de la portée qu’ils peuvent avoir ?

Non. Je vois en revanche quand je dis quelque chose que le lendemain c’est repris. Je suis flattée et étonnée. Quand je scud Sabatier ou Dechavanne, qu’ils appellent direct et qu’ils sont en panique, je m’interroge. Je ne suis rien, quoi. Du coup, j’ai une pression pour ne pas dire trop de conneries. Après, je suis moi. J’essaye de ne pas trop calculer pour rester moi-même, la petite Enora qui aime les gens. On retient de moi ce côté gueulard, mais 80% du temps je ne crie pas. Je comprends, ça fait le buzz et on retient que mes éclats. Il y a vachement de trucs que j’aime et on n’en parle jamais. L’important pour moi est juste de ne pas trop perturber mon petit papa et ma petite maman. Tout ce qui compte, c’est qu’ils soient fiers de moi. Le reste, je n’en ai rien à foutre.

Sur les réseaux sociaux, Twitter notamment, il y a deux camps distincts les pro et les anti-Enora Malagré. Vous laissez peu de gens indifférents et suscitez un...

[Elle coupe] Je tiens à signaler que je ne serai jamais sur Twitter. Jamais, jamais, jamais, jamais. Même pas dans 20 ans. Je ne peux pas : ça ne m’intéresse pas et je n’ai pas le temps. Je n’y suis pas, donc les comptes à mon nom ne sont pas moi. En revanche, j’ai un compte Facebook sur lequel j’interviens quand j’ai le temps. Sur Twitter, les gens flashent trop.

Que pouvez-vous nous dire sur vos projets ?

Il va y avoir encore de la télé, mais je n’ai rien de signé. Ça parle beaucoup à ce stade, mais ça se profile bien. Tout ce que je peux dire, c’est que je vais faire de la radio à la rentrée et ça ne sera pas le matin : Enora débarque à la radio toute seule et ça va envoyer du steak à mort !