Elodie Varlet (Meurtres à La Ciotat) : « Ça m’a beaucoup changé de mon personnage de Plus belle la vie »

Benjamin Lopes : Comment avez-vous intégré le casting de cet unitaire de la collection Meurtres à… sur France 3 ?

Élodie Varlet : L’idée était de me faire confiance sur cet unitaire, plusieurs acteurs de Plus belle la vie ayant déjà joué dans Meurtres à…. J’étais ravie que ce soit mon tour. J’ai été très enthousiasmée par le scénario et par mon partenaire, même si je ne connaissais absolument pas Philippe Bas. On a été très content de travailler ensemble. Ça m’a beaucoup changé de mon personnage de Plus belle la vie.

Le changement de registre vous a-t-il particulièrement plu ?

Totalement, car je ne retrouvais aucune similitude avec le personnage que je défends dans Plus belle la vie. Ça m’a permis de travailler ce registre très particulier de la police où je suis commissaire. J’incarne une femme très sérieuse. J’ai aimé avoir cette autorité naturelle et une posture face aux autres. Elle est très jeune et il faut qu’elle en impose directement. Elle sait qu’on l’attend au tournant. Elle a une froideur qui dénote et montre sa ténacité.

Avez-vous eu des inspirations pour ce rôle bien loin d’Estelle l’esthéticienne dans Plus belle la vie ?

C’est plutôt une série française qui m’a inspirée pour ce rôle, Engrenages. Ça n’a rien à voir avec le personnage de Laure (jouée par Caroline Proust, ndlr), mais je trouve cette comédienne fantastique. Il y a une humanité qui se dégage dans ce qu’elle fait et c’est ce que je trouve très intéressant. J’ai voulu jouer sur cette fragilité, cette faille. C’est intéressant de camper une flic, certes, mais avec une histoire.

« La série Engrenages m’a inspiré pour ce rôle »

Comment s’est déroulée la rencontre avec Philippe Bas ?

On n’a malheureusement pas pu se voir avant le début des tournages, car il avait un emploi du temps très chargé et je tournais dans le sud. De plus, je n’avais jamais vu Profilage. On s’est donc découvert pour Meurtres à La Ciotat. On avait chacun envie de faire quelque chose de bien, c’est ce qui nous a réunis. On a tourné la fiction pendant la période de Noël donc c’était un peu compliqué, car chacun avait des obligations familiales. Mais dès qu’on était sur le plateau, tout s’est bien déroulé.

Comment décririez-vous votre duo dans la fiction où les deux personnages sont chien et chat ?
Je pense qu’Anne Sauvaire (son personnage, ndlr) est sur la défensive. Elle se méfie de ce journaliste et se demande ce qu’il vient faire dans sa sécurité publique. Elle est étonnée et elle soupçonne quelque chose chez lui, d’entrée de jeu. Elle décide donc d’être désagréable. Mais avec sa détente naturelle, il l’a fait rire. Il l’aide énormément dans son enquête. Et ce duo est intéressant, car Philippe ne joue plus un policier, mais un journaliste qui enquête. Il représente tout ce qu’elle déteste des sudistes et ça apporte une fraîcheur au duo. Ils sont diamétralement opposés, mais pas si éloignés que ça…

Les scénaristes ont choisi de lier Anne à un homme qu’on ne voit pas durant le téléfilm, ce qui enlève partiellement la possibilité d’une tension amoureuse entre elle et ce journaliste incarné par Philippe Bas. Trouvez-vous ce choix judicieux ?

Anne est très amoureuse, mais on voit qu’elle ne lui parle pas non plus très bien quand même. On sent que ça ne se passe pas très bien entre eux. Il lui fait des reproches et elle ne cède pas. Au-delà de sa carrière, elle veut rendre justice à son père. Elle veut connaître son passé et son passé ne le comprend pas. C’est un moment charnière de leur couple. Les scénaristes ont joué sur cette tension, car on voit bien qu’Anne est attendrie par ce journaliste. On ne sait pas réellement ce qui l’attire chez lui. Je trouve de toute façon que le personnage d’Anne n’est pas très sexuel. C’est aussi des choses qui se jouent sur le tournage, car je ne pense pas que les scénaristes ont en fait imaginé une potentielle séduction entre ces deux personnages.

« Le personnage d’Anne n’est pas très sexuel »

Dans Meurtres à La Ciotat vous jouez avec Julie Boulanger qui est également présente au casting de Cut dont vous avez intégré la 4e saison. Comment s’est déroulée la rencontre ?

On savait qu’on allait jouer ensemble ensuite. La rencontre s’est super bien passée. Elle a pu me débriefer sur ce qui allait m’attendre sur le tournage à la Réunion. C’était intéressant de jouer ensemble, car je trouve que c’est une très bonne comédienne. On s’entend bien et ça a lié des choses pour la suite

Comment s’opère votre retour dans Plus belle la vie après ces moments loin du Mistral ?

Ce n’est pas frustrant, car cette série est géniale puisqu’on nous offre des scènes à jouer très fortes en condensé. Il y a toujours des périodes où je fais des choses moins intéressantes dans le feuilleton, mais j’ai régulièrement des arches intenses. Il faut savoir les défendre.

N’aspirez-vous à plus à plus de légèreté pour Estelle ?

L’histoire avec Djawad n’est pas totalement finie, il y a des choses qui vont rattraper Estelle, encore et toujours. C’est un véritable couple. J’adore néanmoins la légèreté, car je trouve que c’est ce que l’on fait de mieux dans Plus belle la vie. C’est aussi très important d’avoir du suspense. Une fois que l’arche est lancée, il faut se plonger dedans. Le côté instinctif marche très bien pour le côté comédie, mais il faut un peu plus de travail pour les intrigues plus noires.

« L’histoire avec Djawad n’est pas totalement finie, il y a des choses qui vont rattraper Estelle, encore et toujours »

Quelle intrigue aimeriez-vous pour Estelle dans Plus belle la vie ?

J’en ai déjà parlé aux scénaristes et j’aimerai qu’on parle du passé d’Estelle. On ne sait pas qui est son père. Je pense qu’il faudrait véritablement creuser de ce côté, car ça explique pourquoi elle est autant attachée aux hommes. Elle a assurément besoin d’une figure paternelle et je me demande encore pourquoi ça n’a toujours pas été évoqué.

L’étiquette Plus belle la vie ne fait-elle plus barrage aujourd’hui à la collaboration avec d’autres producteurs ?

Cela a évolué au fil du temps. Maintenant on donne à des comédiens de la série des rôles principaux sur d’autres productions. Après je pense que c’est aussi le chemin de chaque comédien. Aujourd’hui, je trouve qu’on veut bien nous voir, il y a moins l’étiquette.

Devenir comédienne était-il un rêve pour vous ?

J’ai un chemin un peu particulier. Vers 14 ans, j’ai dit à mes parents que je voulais passer des castings, je fais du théâtre depuis l’âge de 11 ans. Mes parents n’étant pas du tout dans le milieu, ils m’ont conseillé de faire quelque chose de plus technique. Ils n’avaient pas de relation dans le milieu et ont donc estimé qu’ils ne pourraient pas me soutenir à ce niveau là. J’ai fait des études en audiovisuel. J’ai été régisseuse, assistante de mise en scène, j’ai également fait du montage. En parallèle, je faisais toujours du théâtre. C’est un ami, qui est devenu assistant de la directrice de casting de Plus belle la vie, qui a voulu me voir pour un rôle. Je devais mourir au bout de deux mois, et finalement je suis revenue. Je ne pensais plus en faire mon métier et c’est revenu à moi avec Plus belle la vie.

Gardez-vous un œil sur la technique durant les tournages ?

J’avoue que je ne peux pas m’empêcher un peu de dire des choses techniques et je pense que c’est insupportable (rires). À la fois, c’est sympa, car je peux mieux comprendre leur position et je sais à quel point c’est difficile. J’ai été en régie entre mes 18 et 21 ans et je sais que c’est un métier ingrat. Donc, je ne crie pas non plus sur les équipes (rires), mais j’ai dû mal à m’empêcher de commenter.