Delphine Chaneac (Plus belle belle la vie) : « Cécilia est-elle tombée de la falaise ? J’adore renaître de mes cendres »

Benjamin Lopes : Cécilia atteint un point de rupture avec Maxime alors qu’ils étaient alliés. Comment avez-vous abordé ce virage dans Plus belle la vie, encore plus belle ?

Delphine Chaneac : Je pense qu’on savait dès le départ d’une certaine manière que Cécilia menait Maxime. Elle était fragilisée dans le domaine des sentiments à son égard. On sentait une brèche, elle était toujours sur le qui-vive. Je ne vois donc pas ça comme un revirement, mais plutôt comme une suite. Plus Maxime s’attache à Luna, plus elle se sent dénigrée, éloignée, et plus elle vrille.

Cécilia semble machiavélique par tous les aspects. Peut-on tout de même dire qu’elle est sous l’emprise de Maxime ?

Je ne sais pas si Cécilia est sous emprise. J’ai joué une certaine bipolarité. J’ai trouvé ça très intéressant. Pour moi, Cécilia est bipolaire avec des moments où elle vrille, et d’autres où elle aime Maxime. C’est une femme fragile et hypersensible. J’ai plutôt joué cette corde-là. J’ai trouvé que c’était plus intéressant personnellement d’aller sur un personnage plus dense psychologiquement.

Dès le départ, l’avenir de Cécilia et Maxime semble condamné avec l’assassinat de Martine Maillet. Saviez-vous donc qu’il n’y aurait aucune échappatoire pour eux dès le départ ?

Les histoires d’amour finissent mal. Je ne sais pas si c’était sciemment, mais la production ne nous a rien dit. Je trouve qu’on le sentait bien déjà à la lecture, dès les premiers épisodes, qu’il y avait quelque chose de dramatique qui se dessinait. A priori, les méchants ne peuvent pas s’en sortir. J’ai essayé de jouer la sincérité avec Maxime, de faire en sorte que Cécilia soit très sincèrement amoureuse de lui. Ça donne encore plus de sens à sa bascule.

« En tant que comédienne, j’ai lu cette scène et je me suis dit que c’était génial »

Cécilia veut tuer Luna. Aucune alternative ne semble possible pour elle. N’a-t-elle jamais envisagé tout simplement de fuir ?

Cécilia ne peut pas se résigner. C’est pour cela que j’ai joué la carte de la sincérité à fond. Elle ne peut pas concevoir sa vie sans Maxime, c’est son pilier. Sans lui, elle est perdue. Elle est tellement fragile au niveau de ses sentiments pour Maxime qu’elle bascule.

La seule zone d’ombre qui n’est pas éclairée est le cheminement de Cécilia vers cette folie. Est-ce un regret ?

Non, je ne pense pas. Cécilia n’est pas maîtresse des sentiments de Maxime. Si on part du principe que Cécilia est un peu bipolaire, qu’elle est fragile et très amoureuse, pour moi tout est logique. Je me suis raconté que Cécilia n’avait pas forcément eu une enfance très heureuse où Maxime aurait été la personne qui lui aurait vraiment tendu la main, qui ne l’aurait jamais trahie. De fait, si ça s’arrête, il faut qu’elle parte avec. Elle ne peut pas le laisser tomber amoureux de quelqu’un d’autre. C’est un abandon.

Dans l’épisode diffusé ce lundi 18 mars 2024 sur TF1, tout laisse à penser que Maxime a jeté Cécilia de la falaise après une rupture dramatique. Quelle a été votre réaction à la découverte de cette scène ?

En tant que comédienne, j’ai lu cette scène et je me suis dit que c’était génial. J’adore quand c’est fou. Encore une fois, Cécilia est un personnage haut en couleur et c’est intéressant à jouer. Après, en tant que personnage, c’est la trahison ultime, qu’elle soit jetée par inadvertance ou par volonté.

« Souvent, les auteurs poussent les curseurs quand ils voient que le comédien est enclin à jouer le méchant »

Vous avez également incarné Lili dans Demain nous appartient il y a quelques années et elle mourrait en se jetant d’une falaise. Y avez-vous vu un clin d’œil des scénaristes ?

Pour Lili, c’était différent, car elle se jetait elle-même d’une falaise. Elle avait fini un cheminement, elle avait tué assez de gens. Quand j’ai vu cette chute pour Cécilia, ça m’a plutôt fait sourire. On en avait parlé avec les auteurs, ils m’ont dit qu’ils étaient bien au courant, mais que ça faisait partie de l’historique de Cécilia de tomber de cette falaise, ou pas. J’adore renaître de mes cendres (rires).

Vous avez incarné des personnages machiavéliques dans les feuilletons de TF1. Est-ce finalement ce type de rôle qui vous convient le mieux ?

J’ai un physique sur lequel on aime me confier des rôles comme ça. Je suis brune et j’ai une peau très blanche, et c’est vrai que c’est souvent l’incarnation des méchants. Si on prend les stéréotypes du cinéma, les blondes étaient les gentilles par exemple chez Hitchcock et les brunes étaient les machiavéliques. On reste toujours sur ces mêmes clivages du cinéma.

J’aime jouer ces rôles-là même si ça ne m’empêche pas de prendre autant de plaisir à jouer la comédie. Malgré tout, quand on joue les méchants, on est beaucoup moins cadré, on peut se permettre plus de choses. Souvent, les auteurs poussent les curseurs quand ils voient que le comédien est enclin à jouer le méchant. C’est là où, eux aussi, s’amusent en termes d’écriture.

Comment êtes-vous arrivée dans Plus belle la vie, encore plus belle ?

J’ai eu la chance de tomber sur ce rôle dans Plus belle la vie, encore plus belle pour mon retour à la télévision. J’ai été surprise de voir à quel point la production a été douce, bienveillante et ouverte. De fait, c’était hyper agréable d’être sur ce projet. Malgré le fait que ça soit une quotidienne, on a quand même le temps de jouer, on nous donne un peu de latitude. Je me suis beaucoup amusée.

Comment s’est déroulé le tournage de votre arche ?

Nous avons tourné au moment des fêtes de fin d’année, donc c’était un peu le bazar au niveau personnel. J’avais mon petit garçon et ce n’était pas du tout un problème pour la production. C’est assez rare pour le souligner. Ils ont permis à mon fils de venir sur les tournages et il était plus que ravi. La production m’a ainsi fait un énorme cadeau pendant ces fêtes de Noël. C’était très chouette.