Décès de Hervé Bourges, Président de TF1 « populaire » et « père fondateur » de France Télévisions
Avec la disparition de Hervé Bourges, la télévision perd un de ses Présidents qui a marqué à tout jamais sa mémoire en misant sur les grands divertissements populaires sans oublier la culture.
Figure incontournable de l’audiovisuel des années 80 et 90, Hervé Bourges s’est éteint ce dimanche 23 février à l’âge de 86 ans.
Président d’un TF1 populaire avec l’éclosion d’animateurs stars en prime
Journaliste de profession, il va gravir les échelons jusqu’à devenir directeur de l’École Supérieure de Journalisme de Lille en 1976. Ce proche de François Mitterrand, alors au pouvoir depuis 1981, est nommé directeur de RFI par Michèle Cotta, présidente de Radio France, avant de prendre la relève d’un Michel May démissionnaire à la tête de TF1 publique. Dès 1983, sa mission est alors de redresser la Une qui a perdu son leadership face à Antenne 2. Et d’emblée, Hervé Bourges veut redonner toute sa puissance à TF1. À partir de cet instant, la télévision marquera à vie sa carrière. L’homme dynamise la chaine en misant sur les divertissements. Aidé par Marie-France Brière, il propulse alors en prime time des jeunes animateurs qui vont devenir de véritables stars, à savoir Patrick Sabatier ou encore Patrick Sébastien. Le premier lance Porte Bonheur puis Le Jeu de la vérité, le second Carnaval. Ils atteignent alors des sommets d’audience et redonnent à TF1 toutes ses lettres de noblesse.
Alors que la privatisation s’annonce, il est demandé en off à Hervé Bourges de valoriser encore plus la future chaine privée. Toujours avec sa complice Marie-France Brière, il va alors miser sur des formats américains qui vont révolutionner le petit écran de l’époque. En 1985, il met à l’antenne le soap Santa Barbara en access prime time. Un véritable plébiscite. Et à quelques mois de la privatisation, il va dégainer La roue de la fortune. Ce duo de programmes d’access va exploser toutes les audiences (entre 8 et 12 millions de fidèles) et terrasser Antenne 2, qui va mettre des années à s’en relever.
Président d’un France Télévisions alliant divertissement et culture
La privatisation finalisée, en 1987, Hervé Bourges repasse rapidement par la radio en prenant la direction de RMC, avant de se voir propulser Président d’Antenne 2 et de France 3 en décembre 1990, à la suite de la démission de Philippe Guilhaume, l’homme qui a viré Michel Drucker du service public. Il reste à ses fonctions jusqu’à la nomination du nouveau président du CSA, trois ans plus tard. Sous sa houlette, les chaines publiques basculent sous l’entité France Télévisions, et deviennent France 2 et France 3. Il fait naître alors avec ses équipes de nombreux formats tant en divertissements qu’en magazines culturels comme Pyramide, La nuit des héros, Les minikeums, C’est pas sorcier, Bas les masques, Frou-Frou, Bouillon de culture, Le cercle de minuit, Taratata, Un livre un jour, La marche du siècle… et fait arriver de TF1, La chance aux chansons ou encore Surprise sur prise !
En décembre 1995, François Mitterrand nomme Hervé Bourges, président du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA). Il y effectuera son mandat de six ans et signera là sa véritable dernière fonction au sein d’un organisme ayant un rôle direct avec la télévision. Il a cependant été président du Comité permanent de la diversité de France Télévisions en 2009.
En parallèle à ses activités, Hervé Bourges a écrit une dizaine d’ouvrages dont Une chaine sur les bras, après son passage à TF1, La télévision du public après celui à France Télévisions et Sur la télé : mes 4 vérités où il dresse son bilan après avoir dirigé le CSA.
Dans un communiqué, Delphine Ernotte Cunci, Présidente de France Télévisions, a rendu hommage à Hervé Bourges : « Humaniste résolu, défenseur de valeurs indissociables de la télévision publique, militant passionné de la francophonie, c’est plus qu’un ancien Président que perd aujourd’hui notre entreprise. France Télévisions est en deuil de son ’père fondateur’. »