Daphné Roulier
Elle est la vestale grecque de Canal +. Ses yeux et
son sourire sont érigés en monuments par la chaîne
cryptée. Daphnée Roulier présente + Clair, un magazine où elle éclaire de son regard un panthéon audiovisuel, bien obscur à certains endroits.
Joseph Agostini : Voila maintenant deux mois que les Dieux de l’Olympe cathodique ont fait leur rentrée. Comment la qualifieriez-vous ?
Daphné Roulier : Une rentrée de plus... (Rires) Je n’ai pas ressenti beaucoup de changement. C’est une rentrée assez calme. Trop calme ? Un seul événement peut être : la refonte du Journal de 13 heures de France 2...
Joseph Agostini : Etes-vous séduite par ce nouveau journal ?
Daphné Roulier : Il ne m’appartient pas de juger. Je m’abstiendrai de commentaires.
Joseph Agostini : Parlons de Canal +. Michel Denisot sait-il vous conquérir avec son Grand Journal ?
Daphné Roulier : J’aime son émission. Dans ce type de programme, il n’y a pas de refonte majeure possible. Tout est dans l’agencement et dans l’originalité du contenu. Cela
reste une table, des invités et des chroniqueurs, mais le tout est très piquant, très pertinent. Michel Denisot a une patte extrêmement identifiable. Mademoiselle Agnès est absolument formidable...
Joseph Agostini : Bruno Gaccio a récemment affirmé qu’il pouvait difficilement taper sur la maison Canal + avec Les
Guignols. Vous sentez-vous également censurée dans
vos propos ?
Daphné Roulier : Je n’ai jamais eu le sentiment d’être brimée. Cela dit, il est vrai qu’une forme d’autocensure existe pour des « sujets maison ». Disons que nous mettons moins d’humour et de mordant à traiter de certains sujets qui peuvent nuire à Canal. Mais tout le monde fait la même chose, dans la presse écrite, dans la radio ou dans la télévision. C’est très compréhensible. Néanmoins, je n’accepterais jamais de consignes strictes émanant de mes dirigeants.
Joseph Agostini : Dans + Clair, comment choisissez-vous vos sujets ?
Daphné Roulier : Il y a deux types de sujets : les thèmes d’actualité qui s’imposent et les sujets qu’on a envie de faire... Prenez Pink tv par exemple, sa création nécessite inévitablement un reportage. A l’inverse, un sujet sur la mode de l’école « à l’ancienne » est une idée de la rédaction, après le succès du Pensionnat de Chavagnes. Quant aux invités, nous les choisissons toujours en fonction de leur propre actualité.
Joseph Agostini : Les gros plans sur vos yeux, votre sourire, votre visage font partie du concept de + Clair. Comment vit-on d’avoir un physique considéré comme un argument marketing ?
Daphné Roulier : Serge Khalfon, qui réalise l’émission, a un regard très affectueux sur moi, et il le montre. Ce n’est pas la chaîne qui lui demande de me filmer en gros plan ! Je ne veux pas tomber là-dedans. Je n’ai pas l’impression d’être un argument marketing mais une journaliste qui essaie de poser les bonnes questions. Voilà mon vrai rôle dans l’émission.
Joseph Agostini : Quand vous avez commencé dans ce métier d’images, avez-vous immédiatement su jouer de votre charme ?
Daphné Roulier : J’ai fait des études de lettres et
d’ethnométhodologie. Je ne me destinais absolument pas
à la télévision ! Tout cela est venu à moi un peu par
hasard. Dans ce métier, il faut être ambitieux et je
ne le suis justement pas ! Je n’ai pas une envie
suffisante pour me battre, pour y arriver ! A vrai
dire, je ne suis pas obsédée du tout par la réussite.
Etre un porte-manteau à fantasmes ? Cela me fait peur.
Je me sens bien plus à l’aise en Grèce, avec ma
famille, dans l’anonymat. Ma mission à + Clair est de
décrypter l’actualité, voilà tout. Je veux donner à
entendre, à comprendre. Le reste est accessoire.
Joseph Agostini : Vous imaginez-vous ailleurs que sur l’écran ?
Daphné Roulier : Je suis très bien dans + Clair. J’adore mon métier. Cela dit, une révolution copernicienne peut arriver un matin et me faire bifurquer vers d’autres horizons. Je n’ai pas de plan de carrière. L’idée de me retrouver au milieu d’une vaste autoroute et de devoir marcher droit à tout prix m’effraie ! J’aime les chemins de traverse...
Joseph Agostini : Avec votre aura et votre physique, on vous imagine aussi au cinéma...
Daphné Roulier : (Rires) Cela me flatte beaucoup. Il n’y a pas de journalistes qui jouent au cinéma en France. Je suis assez contre cette orthodoxie. Je crois en l’individu pluriel, qui peut tourner dans des films, écrire des romans, présenter des émissions de télévision... Mais cela n’est pas encore admissible en France. J’espère que ça viendra un jour. Je ne suis absolument pas
réfractaire à de nouvelles expériences.
Joseph Agostini : Avez-vous un modèle féminin dans ce métier ?
Daphné Roulier : Je ne me suis jamais construite sur un modèle. J’ai voulu trouver un style personnel à l’antenne. Se référencer à quelqu’un d’autre est enfermant à mon
avis. En revanche, j’apprécie beaucoup Marie Drucker,
une excellente professionnelle.
Joseph Agostini : Est venu le temps des « Plutôt ». Vous êtes plutôt Jean-Pierre Pernaut ou Christophe Hondelatte (ndlr : les présentateurs des Jounaux de 13 heures) ?
Daphné Roulier : Christophe Hondelatte. Sans aucune hésitation.
Joseph Agostini : Mots croisés ou Y’a que la vérité qui compte ?
Daphné Roulier : Mots croisés, bien sûr. Mais il m’est arrivé de jeter un coup d’oeil sur TF1 à la même heure...
Joseph Agostini : Star Academy ou Le plus grand cabaret du monde ?
Daphné Roulier : La Star Academy. Je la regardais à un moment donné de façon régulière. Et puis, j’aime beaucoup Nikos Aliagas, un compatriote !