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Dans la peau de... Zita Lotis-Faure

Claire Varin
Publié le 29/02/2012 à 12:14 Mis à jour le 29/02/2012 à 21:20

Journaliste adepte de l’immersion, Zita Lotis-Faure arrive sur M6 avec une nouvelle émission Zita dans la peau de..., diffusée mercredi 29 février. L’ex-présentatrice de Bien dans ma vie évoque ici la naissance du projet, d’abord, proposé à TF1. Zita Lotis-Faure revient également plus en longuement sur son expérience dans la peau d’une obèse...

Claire Varin : Pouvez-vous évoquer la naissance du projet ?

Zita Lotis-Faure : Je faisais des immersions. Maria Roche, la productrice, voulait créer un programme d’immersion et M6 également. Et en fait, on s’est rencontré autour de ça. C’est un désir commun, qui est arrivé à un moment donné.

C’est un projet qui avait été annoncé sur TF1, il y a deux ans. Pouvez-vous expliquer ce qui s’est passé ?

On a commencé par travailler avec eux sur ce programme et en cours de développement, on s’est rendu compte qu’on n’avait plus les mêmes envies. Ca ne collait plus du tout du point de vue éditorial. TF1 voulait une émission plus axée sur le divertissement, Maria Roche et moi-même, voulions quelque chose de plus journaliste. Donc, on s’est séparé.

Aviez-vous tourné un pilote pour TF1 ?

J’ai fait le sujet sur l’obésité avec eux. Mais, comme dans tous les montages, il y a des centaines heures de rush. On ne fait pas le même film selon le montage. On a remonté intégralement le sujet pour M6.

Par quels aspects cet exercice de l’immersion vous attire ?

J’aime le terrain et comprendre les choses en les vivant de l’intérieur pour donner une information plus accessible, plus subjective. Ça donne une autre perception des choses. On ne reste pas sur des aprioris. On est au cœur du sujet. J’aime ce côté « je me perds dans les expériences ». Au fur et à mesure, je découvre des choses que je n’aurais pas imaginé possibles. C’est très enrichissant, mais aussi très difficile d’en sortir.

Vous avez commencé par des immersions pour la presse écrite. Cette transposition pour la télévision vous semble-t-elle plus riche ?

On a une liberté à l’écrit, qui n’est pas la même qu’à l’écran. Il y a des choses que l’on va pouvoir montrer grâce à l’image et d’autres moins. C’est un autre exercice. Je trouve les deux très intéressants.

Vous venez de la presse féminine. Zita, dans la peau de... s’adresse-t-elle d’abord aux femmes ?

Non, je ne pense pas que ce soit une émission plus féminine qu’une autre. Mais, c’est le public qui nous le dira.

Comment choisissez-vous vos sujets ?

Les choix de sujet se font en collaboration entre M6, la productrice et moi. Il faut que je croie beaucoup au sujet pour pouvoir le vivre. Je ne peux pas m’engager dans une investigation en laquelle je ne crois pas. On trouve une idée, un problème de société... Il faut que le sujet nous concerne tous. Ce sont donc des choses qui touchent au corps, à l’intime, à l’émotion et au vivant. L’émission s’appelle Zita dans la peau de... mais je suis juste un fil conducteur. Ce qui est intéressant dans ce programme, c’est la parole et les témoignages des gens que j’interviewe. On ne s’axe pas uniquement sur mon expérience, sinon ce serait réducteur.

La dépression est au cœur du sujet de Dans la peau d’une obèse. Quel était votre état d’esprit durant l’expérience ?

La première semaine, mon corps refusait d’ingérer la nourriture. La deuxième semaine, j’ai vraiment fait une dépression et la troisième semaine, je suis rentrée dans une vitesse de croisière. C’est comme si mon corps s’était acclimaté à cet excès de nourriture. Et à la quatrième semaine, je mangeais comme quatre. J’étais dans une espèce jubilation et de jouissance alimentaire.


N’avez-vous pas eu envie d’arrêter l’expérience ?

La dépression était, pour moi, une réaction normale à une épreuve. Alors j’ai trouvé ça plutôt sain de ma part. Ce qui m’a effrayé, c’est la phase de jubilation. Là, je me suis dit, Mon Dieu, comment vais-je faire pour arrêter ?

On voit votre obsession naissante pour la nourriture. Comment s’est passée l’après expérience ?

Il m’a fallu un an et demi pour retrouver mon poids normal. J’ai eu de grosses répercussions sur mes habitudes alimentaires. Là, je suis redevenue comme avant. Je ne me réveille plus la nuit avec des désirs irrésistibles de bouffer. Je mange, je ne bouffe plus. Ce qui n’est pas du tout la même chose.

Avez-vous tenté de faire des régimes ?

Non, car ce que j’ai compris en rencontrant ces personnes en surpoids, c’est qu’elles avaient fait des régimes et qu’en faisant un régime, on reprend souvent deux fois plus de kilos après. La leçon, c’est surtout pas de régime. Je pense qu’il faut juste retrouver son corps en faisant du sport, en ayant une hygiène de vie correcte et des habitudes alimentaires saines et équilibrées.

Véronique, dont vous avez adopté les habitudes alimentaires, a-t-elle vu l’émission ?

Véronique est une bonne vivante, qui n’a aucune envie de faire des régimes. Elle a vu l’émission. Elle a été choquée par le terme « obèse ». Elle m’a dit que c’était un mot un peu fort et en même temps, oui, elle est effectivement en obésité morbide. C’est une maladie. Elle peut en mourir. Son espérance de vie est réduite. Elle sait tout ça, donc c’est difficile. Aujourd’hui, on sait que fumer tue et l’alcoolisme tue, mais l’addiction à la nourriture, on n’en parle pas forcément. Alors que le taux de décès en France va bientôt dépasser celui dû aux effets du tabagisme.

En plus de celui-ci et Dans la peau d’une femme de ménage. Avez-vous tourné d’autres sujets ?

Nous en avons tourné deux autres pour l’instant. Dans la peau d’une assistante vétérinaire et d’une naturiste.

Vous aviez déjà fait une immersion auprès de naturistes pour le magazine Marie-Claire. Votre regard a-t-il évolué ?

Oui vraiment. Lors du premier papier, je n’étais pas rentrée dans leur philosophie. Alors qu’au bout d’un mois, j’avais du mal à m’habiller. Au début, je me disais « ils sont complètement dingues, c’est des exhibitionnistes, des obsédés sexuels », j’avais tous les aprioris possibles et imaginables. Puis, au fur et à mesure de l’expérience, je me suis rendue compte que ce n’était pas du tout ça. Ce sont des gens qui sont proches de la nature et qui ont des valeurs qu’on a presque oubliées aujourd’hui.

Quelles sont les prochaines immersions au programme ?

On réfléchit aux prochaines. Je n’en dirais pas plus. L’immersion est un peu à la mode alors je garde jalousement mes sujets. (Rire) Mais, j’ai plein d’envies. Ce qui m’intéresse est ce qui est le plus proche de nous et qu’on connait le moins bien.

Avez-vous d’autres projets ?

Pour l’instant, je m’occupe de mon chien. La dernière expérience était assistante vétérinaire et depuis, j’ai un chien. Comme quoi, on en sort pas indemne (rires).