Christophe Hondelatte
Il est désormais bel et bien révolu le temps où Christophe Hondelatte présentait le Journal de 13 heures de France 2. Un an presque jour pour jour après avoir quitté ce fauteuil tant convoité, le journaliste prend les commandes d’une nouvelle émission de prime time, Au-delà du crime. Faites entrer l’accusé sur France 2, Journal de la mi-journée et Les auditeurs ont la parole sur RTL, et maintenant Au-delà du crime, Christophe Hondelatte a pris le temps de répondre, sans états d’âme, aux questions de Toutelatele.com.
Mélanie Perrot : Pourquoi avoir choisi l’affaire Pierre Chanal pour ce premier numéro d’Au-delà du crime ?
Christophe Hondelatte : Il y a énormément d’enseignements judiciaires à tirer. Il y a une histoire humaine qui est bouleversante. L’accusé est d’une immense complexité psychologique. C’est de ce type d’affaire que traitera Au-delà du crime. L’émission se découpe en deux parties : la première est le récit de 23 ans d’enquête sous forme d’un téléfilm et dans la deuxième partie, les vrais acteurs de l’affaire qui eux ont vraiment participé à ce drame judiciaire débattent en plateau. La fiction résume l’histoire et donne les clés aux téléspectateurs pour comprendre la deuxième partie.
Mélanie Perrot : Certains taxeront ce concept de voyeuriste. Que leur répondez-vous ?
Christophe Hondelatte : L’émission est prudente, précise et pas du tout voyeuriste. Je pense que quand les gens l’auront vue, c’est un procès que l’on ne pourra pas nous faire. Au-delà du crime est à la fois très émouvant et très explicatif.
Mélanie Perrot : A raison de trois ou quatre numéros par an ?
Christophe Hondelatte : Tout à fait. La fiction de 52 minutes est tournée spécialement avec des comédiens. Ce n’est pas une émission qui se fabrique sur un coin de table, ça nécessite du temps. France 2 nous a assuré, quelque soit le résultat de l’émission du 6 février, qu’il y aura une suite et probablement une émission pour cet été.
Mélanie Perrot : La société des journalistes (SDJ) qualifie de « provocation » le fait que France 2 vous confie cette nouvelle émission. Comment réagissez-vous par rapport à cela ?
Christophe Hondelatte : L’émission est déjà enregistrée et la gravité du sujet traité dans cette émission ne permet pas de perdre son temps en petits règlements de comptes internes.
Mélanie Perrot : Faites entrer l’accusé entame sa sixième saison. Comment expliquez-vous un tel succès ?
Christophe Hondelatte : Je crois qu’il y a une relation de confiance qui nous lie aux téléspectateurs. On est sérieux et objectif sur le fond. En 6 ans et même sur des histoires controversées, on a su tenir le sens. Les téléspectateurs nous rendent ça et nous suivent quelle que soit l’histoire.
Mélanie Perrot : Vous évoquez parfois cette part d’humanité qu’ont les tueurs en série. Sont-ils finalement des hommes ordinaires, comme vous et moi ?
Christophe Hondelatte : Ce ne sont pas des gens comme vous et moi parce que nous n’avons jamais tué mais ce sont des gens qui, jusqu’à ce qu’ils tuent, étaient comme vous et moi. Ils ont une faille ou une cassure en plus qui est parfois indétectable. Pierre Chanal était un militaire modèle, sa famille croit toujours aujourd’hui à son innocence. C’est bien la preuve qu’il y a des gens qui ont un double visage. Mais ce n’est pas parce qu’ils ont un visage de tueur qu’ils n’ont pas aussi un visage qui offre une belle humanité aux êtres qui les entourent.
Mélanie Perrot : Votre truc à vous, c’est le magazine polémique et vous aimez vous faire l’avocat du diable. Pourquoi cet exercice vous plaît-il tout particulièrement ?
Christophe Hondelatte : C’est bien que vous le disiez parce que d’habitude on me dit que je suis identifié en tant que présentateur de faits divers. Sur RTL, je présente une émission, Les auditeurs ont la parole, où je parle de tout. Il se trouve que tout m’intéresse. A la télévision, on m’a proposé des émissions de faits divers sur France 2, France 5 et 13ème Rue. Ca m’intéresse aussi mais c’est vrai que j’aime la polémique, le débat d’idées.
Mélanie Perrot : La façon dont vous exercez votre métier de journaliste laisse une grande place à l’interactivité, à l’image de votre émission sur RTL, Les auditeurs ont la parole. Selon vous, c’est un des secrets de votre succès ?
Christophe Hondelatte : Je me fiche de mon succès comme de ma première chemise. C’est une de mes particularités. D’ailleurs, ne plus faire le journal télévisé ne m’a pas rendu fou.
Mélanie Perrot : Cependant, avez-vous des regrets par rapport à cette période, l’impression de ne pas avoir mené à bien la mission qui vous avez été confiée ?
Christophe Hondelatte : Pas une seule seconde ! D’autant que j’ai réussi parfaitement à faire de nouveau mon métier, en étant plus éloigné des objectifs et de l’attention générale. Je suis redevenu journaliste, je ne suis plus une star et ça me plaît bien.
Mélanie Perrot : Vous présentez aux côtés d’Isabelle Millet le Journal de 12h30 sur RTL. Si l’on vous proposait à nouveau de présenter un journal télévisé, quelle serait votre réaction ?
Christophe Hondelatte : Il m’étonnerait que quelqu’un ait cette idée saugrenue mais il ne faut jamais dire jamais. Peut-être plus tard, dans un autre contexte, les aigreurs étant retombées. Je ne peux pas dire non mais ce n’est pas ce dont j’ai envie prioritairement. Mais je n’avais pas très envie de le présenter avant non plus. C’est parce qu’Arlette Chabot m’avait enthousiasmé que j’avais accepté. Si quelqu’un est capable de m’enthousiasmer comme l’avait fait Arlette, je suis capable de franchir à nouveau le pas.
Mélanie Perrot : Regrettez-vous que le projet d’On ne va pas être d’accord, une émission de débats quotidienne sur i-télé, n’ait pas abouti ?
Christophe Hondelatte : Oui j’ai des regrets vis-à-vis d’i-Télé, vis-à vis du producteur Alexandre Amiel, parce que c’est un projet qu’on avait conçu ensemble. Mais il faut comprendre que je suis salarié et rédacteur en chef à RTL. La radio souhaitait que je présente le journal à partir du 2 janvier et voulait rester ma base professionnelle. Si RTL a besoin de moi, je suis à sa disposition. J’ai choisi d’honorer ma maison plutôt que de partir ailleurs.
Mélanie Perrot : Si une chaîne vous laissait entièrement carte blanche pour faire ce dont vous avez envie. A quoi ressemblerait votre émission ?
Christophe Hondelatte : J’aimerais en être le patron. (Rires). Ca irait évidemment vers le débat, évidemment vers la polémique et vers l’irruption, parce que c’est possible aujourd’hui, de la vox populi, c’est-à-dire des téléspectateurs. On peut maintenant parfaitement s’exprimer en direct grâce aux téléphones 3G, aux webcams. Je crois que demain sera interactif et que c’est ça dont j’ai envie même si c’est programmé la nuit à 5 heures du matin, ce n’est pas grave...