Bataille & Fontaine livrent leurs secrets sur la télé
Raillés pendant de nombreuses années, trainés dans la boue par d’anciens collaborateurs, présentés comme les deux animateurs les moins crédibles du PAF, Laurent Fontaine et Pascal Bataille sont bien loin de la perception que se fait d’eux le commun des mortels. Véritables connaisseurs du monde très fermé du petit écran français, les deux hommes, après de nombreuses années passées sur TF1, ne sont en réalité jamais partis bien loin de la haute sphère des chaînes françaises, grâce à leur société de production, Loribel... Mieux, ils se sont même permis un retour le 2 octobre dernier, sur celle les ayant propulsés sur le devant de la scène, via le plateau de La méthode Cauet, qu’ils ont longtemps produite, et à laquelle ils étaient cette fois invités...
Et si le duo continue son bonhomme de chemin à la télévision, présentant C’est Off sur Jimmy, il n’a pas su résister à l’envie de suivre l’exemple de nombreux de leurs collègues : se lancer dans la publication. Ainsi, depuis le 25 septembre dernier, leur nouvel opus est disponible : Les secrets (étonnants et drôles) de la télé. Mais que les lecteurs ne s’y méprennent pas : ce livre n’est pas « une longue suite de secrets inavouables et inavoués, de perfidies et d’infos servant à régler, ici ou là, quelques comptes mal soldés ». Bien au contraire, ces quelque 248 pages ressemblent à s’y méprendre, lorsque le lecteur les prend littéralement au premier degré, à une accumulation de flatterie et étalage des « amis » des deux hommes dans ce « monde bien particulier qu’est la télévision ».
Première « ami » brossé dans le sens du poil : l’inénarrable Guy Carlier, leur « ex-meilleur ennemi », selon leurs propres termes. Pendant longtemps, les trois hommes sont restés « fâchés », en cause, notamment, les critiques virulentes du chroniqueur à l’égard de Y a que la vérité qui compte. Depuis lors, une trêve est intervenue, si bien que pour plusieurs émissions spéciales, produites par Loribel pour Jimmy, Bataille et Fontaine n’ont pas hésité à faire appel à... Guy Carlier ! (8 ans de Busheries, Politiquement cultes). Il n’y avait donc qu’un pas à franchir pour faire de cet ouvrage une preuve tangible de leur réconciliation : « Il n’a pas abandonné un gramme d’agressivité ni une once d’humour, pas même une livre d’esprit... C’est sans doute pour ça que, s’il est parfois méchant, l’ami Guy est rarement “lourd“ dans ses chroniques. ». Notons également l’exposé de l’anecdote du stylo Mont-Blanc offert par Guy à Laurent Ruquier (« Un cadeau pour remercier “le boss“ de l’avoir engagé ») ou de l’écriture de quelques « tubes » de la chanson française (« Un fait d’armes vécu comme une consécration pour notre copain Guy »)...
Mais malgré tous ces compliments « subtilement » déguisés, le lecteur ne pourra s’empêcher de penser que peut-être, de cette période « douloureuse », reste quelques séquelles, notamment en lisant, à propos de Y a que la vérité qui compte, « cette émission, souvent critiquée par des personnes qui n’en connaissaient pas le fonctionnement réel », ou encore, toujours en parlant du chroniqueur, « Y a que la vérité qui compte, une émission qu’il aimait tant »... Sans oublier que, quelques pages plus tard, parlant de leur nouvel « ami », les deux hommes précisent « avant de devenir la plume la plus cruelle du PAF (et nous en avons souvent fait les frais...) »... Relents de rancœur ou simple moquerie ? Au lecteur de se faire sa petite idée.
Pour les autres, à en croire Bataille et Fontaine, « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil », et surtout « tout le monde il est notre ami » ! Des sœurs Laborde (« on les aime toutes les deux ») à Nelson Montfort (« La terre entière nous l’envie ») en passant par Laurent Boyer (« un garçon étonnant ») ou Denis Brogniart (« c’est notre pote, et un mec en or ! »), nombre de personnalités du petit écran se voient caressées dans le sens du poil, et complimentées à foison. Même si sous cette couche de flatterie se cache quelques jolies remarques acides : « Ce livre n’est pas une suite de (...) perfidies et d’infos servant à régler, ici ou là, quelques comptes mal soldés (...), nous ne tenons pas un “fonds de commerce“ comme notre ex-meilleur ennemi Jean-Marc Morandini », ou encore « Contrairement à une idée répandue, les vedettes de télévision ne sont pas totalement décérébrées ! ».
Sam Richez, pour sa part, est totalement épargné, et ce, malgré son livre « révélation » sur les coulisses de l’émission phare des deux hommes, et dans lequel il a « épinglé » ses anciens patrons, La vérité est au bout du couloir. Un état de fait qu’ils expliquent sur le plateau de la Méthode : « Il n’y a pas grand-chose à en dire, et tout ce qu’on peut dire sur lui, c’est ce qu’il recherche, en bien ou en mal, il a envie qu’on parle de lui ». Pas de publicité pour l’homme du couloir donc, ni pour 20 minutes de bonheur, documentaire tourné dans les coulisses de l’émission, et sensé montrer « la face cachée » des deux hommes...
Pour le reste, ce recueil d’infos parfois rigolotes, mais souvent inutiles peut s’avérer un cadeau sympathique à faire à tout fan de télévision qui se respecte. Au milieu des anciens métiers des stars du petit écran, quelques passages intéressants, tels que la meilleure audience du football à la télévision (qui n’est pas la finale de la Coupe du Monde 1998) ou celle de l’émission ayant battu tous les records en France... Le tout agrémenté de quelques remarques des deux hommes prêtant à sourire, comme lorsque le lecteur découvre que PPDA ne se déplace qu’en scooter : « On se doutait qu’il n’aimait pas les Ferrari ! »