Baby TV : un nouveau né chez TPS
Pari ambitieux pour TPS que de se lancer dans l’aventure Baby TV, première chaîne consacrée spécifiquement aux enfants de moins de trois ans. À l’antenne depuis le 12 octobre, ce projet peut laisser perplexe et plutôt sceptique : est-ce vraiment raisonnable de mettre délibérément des enfants en très bas âge devant le petit écran, sachant qu’ils savent de plus en plus jeunes manipuler une télécommande... Liran Talit, directeur général de Baby Network en est convaincu : en Israël le concept a séduit 70 000 foyers sur 450 000 souscriptions au bouquet YES. Objectif pour TPS : faire encore mieux.
Se clamant d’être « un service pour les parents et les grands parents », Baby TV se défend de ne pas être un « robinet à dessins animés ». Afin d’être créditée de la confiance des géniteurs, la chaîne encourage des activités variées autour de la découverte et de l’apprentissage des sons (Le petit orchestre), de la musique (Mes premières chansons), des formes (Dessine-moi le monde, Quoi ? Qui ?, Les puzzles malins...), des couleurs (Couleurs et Formes, Baby Art), de la nature (Premières sensations, Bim et Bam découvrent les animaux) et même aux prémices de la science physique (Les balles bondissantes) ! Les mangas et autres dessins animés agressifs cèdent la place aux marionnettes et à Tulli le petit ver, membres d’un environnement adapté à la sensibilité et aux facultés d’un enfant de moins de 3 ans.
La musique occupe une place non négligeable dans la mesure où les très jeunes enfants sont particulièrement réceptifs à ce qu’ils entendent. Et comme bébé a besoin de se familiariser à tout ce qu’il peut voir sur Baby TV, les différents programmes reviennent à plusieurs reprises dans la journée. Mais même si la chaîne est accessible 24 heures sur 24, la pédopsychiatre Claude Boukobza affirme que bébé doit dormir la nuit. Les musiques très douces et formes apaisantes diffusées sur les créneaux nocturnes ont pour dessein de calmer les mauvais rêves ou maux de dents. Confession intime : il ne s’agit pas là de la solution optimale...
Les bébés d’aujourd’hui ne sont plus les mêmes que ceux d’hier : « Les parents mettent leurs enfants devant la télé de toutes façons » dixit Claude Boukobza, et comme ils sont davantage captivés par tout ce qui est jingle et publicité, il est préférable de leur proposer un programme adapté. D’où l’ambition de TPS de créer un service qui soit l’alternative la plus sécurisée. Ainsi, rien n’est laissé au hasard : un travail de fond avec des experts de la petite enfance a été réalisé en amont pour ne pas choquer bébé. L’habillage, la durée des programmes (5 minutes en général), les dessins animés, la musique, tout est passé en revue dans le but non pas de rendre les ex-nourrissons accros à la télé mais bien de les acclimater à leur environnement futur. Ils seraient même encouragés à poursuivre des activités poste éteint.
Baby TV complète l’offre jeunesse du bouquet TPS qui aligne pas moins de 12 chaînes destinées à son jeune public. Option payante pour les abonnés, ceux-ci sont gratifiés d’un mois de gratuité pour découvrir la chaîne promise à l’éveil et la stimulation de bébé. Liran Talit n’omet pas de souligner l’un des billets flatteurs de Baby TV : l’antenne n’est constituée que de « purs programmes », dénués de tout spot publicitaire et autre offres promotionnelles. Baby TV ne veut pas encourager ses tout jeunes téléspectateurs à devenir consommateurs de sodas quand ils seront en âge de s’en procurer seuls. Ipso facto, la chaîne vit du seul revenu des abonnements.
Fraîchement débarquée d’Israël, Baby TV s’implante donc en Europe. Le programme demeure identique dans tous les pays mais dans des versions respectivement déclinées en anglais, français et hollandais. Ceci ne rassasie pourtant pas Liran Talit. Il fait montre de son ambition de poursuivre cette apogée outre-Atlantique et espère exporter son concept dès 2006 aux Etats-Unis.
Que les bébés le tiennent pour acquis : ils ont dorénavant leur chaîne à eux et n’auront qu’à zapper sur le canal 59, pour s’adonner à leur tour aux plaisirs de la télé. Mais pourvu que Papa et Maman aient pensé à prendre l’abonnement Baby TV...