Anne-Laure Bonnet (Coupe du Monde 2018, beIN Sports) : « La France est la bête noire des Brésiliens »
Anne-Laure Bonnet est en Russie pour couvrir la Coupe du Monde de football. La journaliste s’est entretenue avec Toutelatele pour évoquer les nations favorites, dont son Brésil de cœur. Connue pour sa large polyglossie, Anne-Laure Bonnet a expliqué ses motivations pour toujours vouloir en apprendre plus.
Joshua Daguenet : Cette Coupe du Monde 2018 est votre quatrième compétition internationale. Qu’a-t-elle de particulier pour vous, parmi les autres ?
Anne-Laure Bonnet : Il y a eu une compétition en France, mon pays, et une autre au Brésil, où j’ai vécu. Et l’autre, en Allemagne, j’y ai des origines du côté de mon papa. Pour la Russie, j’attends une découverte culturelle en plus de l’enjeu et l’enthousiasme sportif. J’espère utiliser le russe.
Avez-vous des notions dans cette langue ?
Cela fait un an et demi que je prends des cours. Cela commence à bien marcher. Mais le russe est ma septième langue et j’y inclus le français que je parle à peu près correctement.
L’écriture est différente, est-ce plus compliqué de la pratiquer ?
Le problème avec le russe n’est pas le cyrillique car il s’apprend très vite. Par contre, le plus dérangeant, est l’écriture en cursive, très différente des lettres capitales. Mais, ce n’est pas grave, les panneaux en Russie sont en lettres capitales donc je n’aurai pas de problème. J’ai aussi rencontré un problème de vocabulaire mais les saisons sont chargées et je n’ai pas pu trouver plus de temps.
Dans quatre ans, la Coupe du Monde se déroulera au Qatar. Allez-vous travailler la langue ?
Au mois de septembre, après des vacances au mois d’août ! Je ne sais pas si je vais y arriver car c’est très difficile. Il me faudra beaucoup de temps pour apprivoiser l’arabe.
« Ce Brésil n’offre aucune surprise, tout repose sur son génie, les accélérations de Willian... »
Avez-vous défini un objectif quantitatif ?
Non, je le fais au plaisir et à l’envie. Si le russe ne m’avait pas plu, je ne l’aurais pas travaillé, même pour une Coupe du Monde. Je pense encore me renforcer mais tout cela dépendra de mon emploi du temps. Mon déclic dans les langues est intervenu en seconde grâce à une prof d’allemand extraordinaire.
Comment se définit votre rôle dans le dispositif mis en place par beIN Sports ?
Je souhaite découvrir le pays. Je suis en binôme avec Renan Chedotal pour le Brésil. Il est journaliste-reporter d’images et a un œil artistique que je n’ai pas. Le but est de montrer un suivi quotidien du Brésil à Sotchi, une ville ayant accueilli les Jeux Olympiques et étant plus ouverte sur l’étranger. Nous montrons comment la vraie Russie vit la Coupe du Monde.
Et la Russie, d’un point de vue sportif...
C’est un pays très fier et qui aime gagner. Si les reporters en Russie rentrant en disant du bien de leur pays, ils auront gagné. Je pense que la Russie mérite d’être connue de par sa richesse culturelle.
Qu’espérez-vous, maintenant, de la compétition ?
Je ne veux pas revivre le 7-1 entre l’Allemagne et le Brésil. J’espère que ces derniers iront loin et qu’il y aura de la joie et un esprit festif.
« La Russie mérite d’être connue de par sa richesse culturelle »
Le travail des Brésiliens a-t-il été plus mental que sportif, après l’humiliation de 2014 ?
Tite est un entraîneur très particulier. Il a une culture très dure et est très organisé techniquement, même si cela ne paraît pas très brésilien. Même Neymar a des consignes. Ce Brésil n’offre aucune surprise, tout repose sur son génie, les accélérations de Willian...
Une finale France / Brésil serait idéale à vos yeux...
J’aimerais mais je pense pleurer une semaine dernière, car dans tous les cas, il y aurait une de mes équipes de cœur perdante et l’autre gagnante. Mais France / Brésil paraît compliqué en terme de tirage au sort. Cela devrait être en demi-finale si tout se passe bien. La France est la bête noire des Brésiliens.
Beaucoup d’incertitudes planent encore sur l’équipe de France...
Didier Deschamps exige la concentration de ses joueurs et les joueurs n’arrivent pas dans l’euphorie de 1998 par rapport à l’Euro 2016. Cette équipe a beaucoup d’humilité et je ne vois pas Griezmann se laisser « griser ». Nous sommes l’équipe de France mais c’est bien de considérer tous les matchs comme difficiles.
L’Espagne est également l’une des favorites. Comment expliquer l’ultradomination de ses clubs au niveau des compétitions européennes ?
Actuellement, les deux meilleurs joueurs du Monde, Ronaldo et Messi, y jouent. Déjà, ils tirent tout le monde vers le haut. L’Espagne est un pays de football mais les périodes de domination sont cycliques. Dans la mentalité, la victoire amène la victoire.