Toutelatele

André Dussollier (Zorro) : « J’étais content de faire cette farce à Jean Dujardin »

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Rédacteur - Expert TV & Audiences
Publié le 30/12/2024 à 20:03 Mis à jour le 31/12/2024 à 12:27

André Dussollier incarne le père de Zorro dans la deuxième partie de la série à succès, diffusée ce lundi 30 décembre 2024 sur l’antenne de France 2. Pour Toutelatele, le comédien est revenu sur les coulisses de ce tournage et la drôle de farce qu’il a réservée à Jean Dujardin au cours d’une scène clé.

Emmanuel Lassabe : Vous incarnez Don Alejandro De la Vega, le père de Zorro dans la série éponyme sur France 2 ! Mais pauvre de lui, il meurt tout de suite. Comment avez-vous pris cette nouvelle ?

André Dussollier : Je savais quand même qu’il allait ressusciter, et c’est même ça qui m’intéressait ! Ce qui était amusant et astucieux de la part des scénaristes, c’est de le faire apparaître comme un fantôme. Dans la vie réelle, nos parents sont toujours présents dans nos têtes. Ce qui était clair, c’est qu’il allait dire à Zorro, le héros à qui tout réussit, que ses actes sont nuls. Il va même dans les scènes intimes, en lui affirmant : «  C’est comme ça que tu fais ? ». Je trouve cela très réjouissant. La marque des parents est bien imprégnée, et elle ressurgit à tout moment dans notre vie. Je trouvais ça chouette que Zorro voie ressurgir son père dans toutes les circonstances de la vie. Le pauvre Zorro est obligé de gober tout ça.

Il y a un passage de relais assez brutal. Don Alejandro a-t-il vraiment confiance en son fils ?

Don Alejandro est l’alcade de la ville, il a toute son expérience. Il voudrait l’aider à prendre sa succession, mais en même temps, dès la première scène, il le voit dans ce discours, dans lequel il s’enferre, qui est catastrophique. Il n’a qu’une envie, comme tous les gens de pouvoir : celle d’y retourner, de garder son trône.

Est-ce une vraie manière de revisiter Zorro et cette relation entre Don Alejandro et Don Diego ?

C’est ça qui est bien dans cette série, c’est la manière de revisiter Zorro, avec l’humour et la distance qui se crée entre tous les personnages qu’il croise, que ce soit le sergent Garcia (Gregory Gadebois) ou Gabriella, par exemple. On mélange un peu les choses, on se sert de l’actualité aussi, tout en revisitant Zorro, même avec ces règles habituelles. Cette astuce, c’est d’avoir aussi ce mari qui est également l’amant. Il y a des doubles jeux, des doubles fonds, des tiroirs qui suscitent le rire et l’ironie. D’ailleurs, il y avait deux metteurs en scène qui ont beaucoup apporté à l’humour souhaité dans cette série.

« Don Alejandro est l’opposé de Zorro, qui est là pour faire le bien »

Le personnage du père n’est-il pas un peu trop absent ?

Je ne vous cache pas, j’aurais bien voulu que ce père resurgisse dans d’autres circonstances de la vie. Mais ce n’était pas l’objet. C’était Zorro d’abord, et il fallait bien que les gens retrouvent le héros tel qu’ils le connaissent.

Peut-on identifier le fantôme du père à un rôle de juge ?

C’est l’homme de maturité, et à l’inverse de Zorro, il n’a pas beaucoup de scrupules. C’est une addition de tous les oligarques qui s’arrangent avec ceux qui ont de l’importance dans la ville pour se partager le gâteau. Don Alejandro est donc l’opposé de Zorro, qui est là pour faire le bien. Le père est comme ça, c’est une image prévue et prévisible. En même temps, il y a le côté intime où Don Diego aura du mal à s’imposer face à son père.

Vous avez joué des rôles de père différents. En quoi celui-ci vous a-t-il inspiré ?

L’humour et l’ironie m’ont amusé. L’écriture est assez rapide. On passe d’un sentiment à l’autre, et il y a de l’esprit qui jalonne tous les épisodes. J’ai pris beaucoup de plaisir à échanger avec Jean Dujardin, parce que je n’avais jamais travaillé avec lui. Et pour le coup, je n’avais que des scènes avec lui, même si Audrey Dana et Éric Elmosnino étaient dans les parages. Il avait toujours l’œil qui frise. C’était agréable de se retrouver dans des scènes ludiques et drôles.

« J’étais heureux et complètement dépaysé dans ces décors de western »

Comment s’est déroulé le tournage dans le sud de l’Espagne ?

C’était très agréable. J’avais l’impression d’être dans l’ancien Los Angeles en Amérique, avec des décors que je ne connaissais pas : de vrais décors de cinéma, dans lesquels des westerns ont été tournés. On y visite des reliques ou des lieux sacrés. J’étais heureux et complètement dépaysé.

Si vous deviez retenir un seul moment de ce tournage de Zorro ?

Ce serait mon premier jour de tournage, où j’étais mort et je tenais les clés de la ville. J’étais mort, donc je ne pouvais rien dire, rien faire, rien exprimer, bien sûr. J’ai toujours la photo que je garderai. Il y avait Jean Dujardin au-dessus de mon cercueil, et Éric Elmosnino qui n’était pas loin. Jean devait me reprendre les clés des mains, que je tenais fortement, et j’étais content de lui faire cette farce. Tout était là dans cette première scène et, pourtant, ça ne m’était jamais arrivé de me retrouver dans un cercueil. Il y avait déjà dans cette scène tout notre rapport entre père et fils, et entre acteurs qui s’amusent dans cette série.