Toutelatele

Anaïs Bouton (Zemmour & Naulleau) : « Dans la rue, Zemmour est une star, les gens se jettent sur lui et non pas pour l’injurier »

Joshua Daguenet
Par
Rédacteur TV & Séries
Publié le 10/01/2018 à 18:33 Mis à jour le 27/05/2022 à 00:43

Zemmour et Naulleau est de retour en 2018 ce mercredi 10 janvier sur Paris Première. Brice Hortefeux ou encore Julien Dray sont parmi les premiers invités d’Anaïs Bouton cette année. Toutelatele a rencontré l’animatrice pour revenir sur l’élection d’Emmanuel Macron, les polémiques entourant Éric Zemmour et les enjeux politiques pour l’année 2018.

Joshua Daguenet : Zemmour et Naulleau est de retour pour une huitième année. Quels sont les moments forts que vous retenez de l’année 2017 ?

Anaïs Bouton : Cette année a été exceptionnelle. Tout d’abord, Emmanuel Macron a offert une sacrée dynamique. Et surtout avec Zemmour & Naulleau, mes « papys du Muppet Show ». Ils connaissent bien la musique. Tous les observateurs le disent qu’il s’agit d’une année politique « rocambolesque ».

En 2016, vous arrivez à la présentation de « Z&N » en pleine campagne américaine. Vous avez vécu la surprise Macron en 2017. Comment, en 2018, l’émission va-t-elle combler l’absence d’élection majeure en France ?

En France, les prochaines élections sont les Européennes mais elles n’intéressent pas grand monde. Toutefois, il y a tout à reconstruire, les jeux sont ouverts donc, des personnalités vont émerger. Cela va être aussi passionnant que le feuilleton de 2017, un petit peu comme la suite des Feux de l’amour avec des nouvelles intrigues et de nouvelles « gueules ». Mais tant mieux car on s’est un peu ennuyés ces vingt dernières années.

Lors de chaque présentation, vous affirmez que les deux Eric « ne sont d’accord sur rien ». En les connaissant mieux, qu’ont-ils néanmoins en commun ?

Ils sont d’accord sur le fait qu’il faut débattre de tous les sujets. Éric Zemmour fait peur et angoisse beaucoup de gens. Et quand on est Éric Naulleau, c’est bien qu’il l’affronte s’il est en désaccord avec lui. Mieux vaut le combat que la désertion.

Vous n’approuvez donc pas les propos de Laurent Ruquier qui évoquait ses « regrets » quant au temps d’antenne accordé à Eric Zemmour du temps d’On n’est pas couché ?

C’est un point de vue que je peux comprendre mais je ne pense pas que la présence médiatique forge une opinion politique. C’est de l’état du pays et de l’action des politiques qu’elle résulte. Pour moi, ce serait irresponsable de ne pas accorder de temps d’antenne à Eric Zemmour à partir du moment où il recueille une telle ferveur populaire. Dans la rue, Zemmour est une star, les gens se jettent sur lui et non pas pour l’injurier. Que ceux qui ne sont pas d’accord viennent s’opposer à lui, c’est le fondement d’une démocratie. Museler et ostraciser les gens est absurde. Cette émission est l’une des rares de débat à la télévision où plusieurs points de vue s’opposent. En ce moment, la télévision est un peu lisse.

« Eric Zemmour n’est pas dans la provocation, on n’a jamais eu à le couper sur Paris Première »

Certains invités ont-ils une appréhension de se confronter aux « tontons flingueurs » de la politique ?

Bien sûr ! C’est plus difficile de se confronter à des gens intelligents et cultivés que faire de la promo dans d’autres émissions. Il y a beaucoup de temps pour s’exprimer et les invités savent à quoi s’attendre et il est vrai que certains angoissent mais au final ils s’en sortent bien. Et Éric Zemmour n’est pas dans la provocation, on n’a jamais eu à le couper sur Paris Première.

Éric Zemmour est un représentant de la droite et Éric Naulleau de la gauche. Votre mission principale est-elle de rester au « Centre » sans jamais pencher pour l’un ou l’autre ?

Oui, je dois être maîtresse de cérémonie mais parfois on m’a fait remarquer gentiment sur les réseaux sociaux quelques trépignements, une fois avec Nicolas Dupont-Aignan et l’autre avec Adrien Quatennens. Leur propos était intéressant mais souffrait d’une certaine mauvaise foi et ils utilisaient les vieilles pratiques rhétoriques de la politique. Sinon, je suis assez neutre, je ne suis pas une éditorialiste politique contrairement à Éric Zemmour et Éric Naulleau.

« Zemmour & Naulleau » est-elle l’antithèse du politiquement correct ?

Oui et je pense que c’est la seule émission comme cela du PAF.

Fréquemment, vous reprenez des articles du Gorafi sur Twitter, concernant le plus souvent la politique. Jugez-vous cette dernière trop sérieuse ?

J’adore le Gorafi (rires). Non, je ne trouve pas. Lorsque je reçois les politiciens sur le plateau, s’ils paraissent coincés et sérieux partout ailleurs, ce sont des hommes plein d’esprit et de drôlerie chez nous. Et puis, ils se marrent en compagnie de Zemmour, Naulleau et moi.

Les résultats de l’émission sont nettement gonflés à travers le replay et les nombreuses plateformes de rediffusion. Souhaiteriez-vous une visibilité plus accrue du programme comme un retour sur M6 ?

Je le demande tous les ans ! Mais Paris Première est une chaîne payante et beaucoup d’abonnements sont dus à l’émission Zemmour & Naulleau. Ce contenu ne peut donc pas être en accès gratuit. Pour l’émission, ce serait génial contrairement aux patrons de M6 qui pensent davantage à la chaîne. Zemmour & Naulleau est une marque forte avec de belles audiences.

« Beaucoup d’abonnements à Paris Première sont dus à l’émission Zemmour et Naulleau »

Vous et votre mari, Xavier de Moulins, êtes passionnés par l’information. Quels événements ont particulièrement retenu votre attention ces derniers temps ?

Xavier a récemment effectué un stage pour préparer un reportage au sein d’une brigade fluviale et une jeune femme de cette unité est décédée vendredi. Par ailleurs, l’élection d’Emmanuel Macron a été incroyable mais rien de comparable avec l’élection de François Mitterrand en 1981. J’étais toute petite et je n’ai rien compris car ma mère était enchantée de cette élection et elle nous a emmenés faire la fête. Au contraire, mes grands-parents étaient dévastés et ils pensaient fuir en Suisse ! Je pense que c’est à cause de ce traumatisme que je suis aujourd’hui à la tête de Zemmour et Naulleau (rires).

Vous avez également cofondé Cineinfo.fr, couvert le Festival de Cannes pour Canal+. Quels films ont marqué votre carrière ou votre simple regard de spectatrice ?

Un grand film que j’ai vu récemment : Le Loup de Wall Street, j’ai adoré Autant en emporte le vent qui est un de mes films préférés ainsi que Annie Hall, avec Woody Allen. Il y a également un excellent film libanais Et maintenant, on va où ?, réalisé il y a cinq ans. Et j’aime beaucoup Vincent Lindon qui mêle bien la politique et le cinéma.