Anaïs Bouton (Zemmour et Naulleau) : « Aucun membre de l’équipe n’a envisagé l’arrêt de l’émission sur Paris Première »
Anaïs Bouton, animatrice de Zemmour et Naulleau, se confie sur les conséquences de l’épidémie de Coronavirus sur l’organisation et le tournage de l’émission hebdomadaire de Paris Première.
Benoît Mandin : Comment avez-vous aménagé Zemmour et Naulleau à la suite du confinement instauré par l’épidémie de Coronavirus ?
Anaïs Bouton : À l’image de toutes les émissions, cela amène une nouvelle façon de travailler : télétravail, réunions par le biais des technologies modernes... Il n’est plus possible de tourner au sein des locaux de M6 puisque le groupe protège son navire amiral. On enregistre sur le plateau de Daphné Roulier, dont l’émission Rayon cult est arrêtée pour le moment. Troisième Œil (producteur de Zemmour et Naulleau, ndlr) a proposé ses solutions à M6 avec les règles que tout le monde connaît.
Comment a été revue l’organisation de Zemmour et Naulleau ?
On doit être au maximum trois simultanément en plateau puisqu’il doit y avoir au moins un mètre de distance entre nous. Les chroniqueurs habituels de l’émission interviennent depuis chez eux. Nous travaillons avec une équipe extrêmement restreinte. C’est vraiment un tour de force de réaliser Zemmour et Naulleau. Ces conditions de travail sont très dures particulièrement pour les équipes techniques. Pour ma préparation de l’émission, ça ne change pas grand-chose si ce n’est pas que je ne peux plus voir les équipes. On a toujours le même fonctionnement.
Comment a été choisi le plateau accueillant Zemmour et Naulleau pendant le confinement ?
Troisième Œil continue de tourner C à vous au sein de ses nouveaux locaux dans le 7e arrondissement de Paris. Dans un immeuble abritant habituellement mille personnes, il doit en rester quatre pour C à vous et trois pour Zemmour et Naulleau. Ils ont mis à notre disposition le plateau de Daphné Roulier, ce qui fait qu’on se retrouve dans un décor de supermarché. C’est un peu étrange de voir Zemmour et Naulleau dans des couleurs enfantines. Mais sans ça, on n’aurait pas pu continuer l’émission. M6 est désormais très vigilante et ne veut pas multiplier les prises de contact.
« Avec la crise sanitaire, M6 est désormais très vigilante et ne veut pas multiplier les prises de contact »
La suspension de Zemmour et Naulleau a-t-elle été envisagée ?
Légitiment, la question a dû se poser à la direction de M6. Mais aucun membre de l’équipe de Zemmour et Naulleau n’a envisagé l’arrêt de l’émission. Il n’y a pas eu de débat à ce sujet.
À l’image de Bruno Jeudy le mercredi 25 mars, comment choisissez-vous les invités composant le plateau ?
On choisit un invité fil rouge observateur aguerri de la vie publique et politique : Bruno Jeudy, Christophe Barbier... Ce mercredi 1er avril, nous recevrons Frédéric Dabi de l’IFOP. Ils sont habitués aux plateaux et connaissent les consignes. Ils savent qu’il n’y a pas de danger si on respecte bien les mesures sanitaires. Pour les invités politiques, sociologues ou philosophes, les règles du confinement sont appliquées. Les téléspectateurs viennent chercher dans Zemmour et Naulleau un point de vue et un regard sur la société.
En quoi ce nouveau dispositif a-t-il changé le déroulement de l’émission pour Eric Zemmour et Eric Naulleau ?
Eric Naulleau est assez bon élève. Il attend son tour pour parler sauf quand vous lui agitez Nadine Morano et Adrien Quatennens. Là, il devient ingérable. Eric Zemmour est méditerranéen. Il s’en fout complètement et ne se préoccupe pas du conducteur de l’émission. Le débat est la seule chose qui l’intéresse et peu importe s’il y a des invités qui attendent derrière. Le nouveau dispositif lui impose de la rigueur. Vu qu’il y a un petit délai avec le téléphone ou Skype, il ne peut plus se permettre de couper les gens sinon le débat deviendrait inaudible.
« Eric Zemmour ne se préoccupe pas du conducteur de l’émission »
Toutes les chaînes proposent des éditions spéciales autour de l’épidémie de Coronavirus. Comment Zemmour et Naulleau arrive-t-elle à se démarquer ?
Paris Première a le charme d’avoir son propre « twist » même si elle fait un peu comme tout le monde. Quand elle propose du talk-show, c’est dans la cuisine de Thierry Ardisson avec 93, faubourg Saint-Honoré. Quand elle fait une émission de promo, c’est dans la rue avec Paris dernière. Quand elle fait un rendez-vous politique, c’est avec deux esprits libres qu’on ne voit nulle part ailleurs dans une telle disposition. Cela amène un débat passionnant et justifie les scores d’audience. Les téléspectateurs ont soif de contenu et de sens. Zemmour et Naulleau est une émission d’opinion pour vous aider à faire la vôtre. On prend le temps et on n’est pas à la recherche du buzz.
Quel sera l’angle de la spéciale Coronavirus, diffusée ce mercredi 1er avril à 20h50 sur Paris Première ?
On va s’interroger sur le jour d’après puisqu’Emmanuel Macron en parle de plus en plus. L’idée est de déterminer ce qui va changer de manière positive après le confinement. La société n’avait jamais été autant fracturée. Le Coronavirus met en exergue tout ce qu’elle était devenue à savoir une société inégalitaire où la mondialisation avait pris l’ascendant. On en parlera avec le sociologue Jean Viard, Rudy Reichstadt, fondateur du site Conspiracy Watch, et Frédéric Dabi de l’IFOP. Laurence Haïm interviendra depuis Washington pour évoquer la gestion de la crise du Covid-19 par Donald Trump.